États-Unis : inflation et dépenses ralentissent, bon signe pour les marchés

Agence France Presse
Inflation et dépenses des ménages ont de nouveau marqué le pas au mois de mai, laissant les marchés espérer une trajectoire monétaire moins agressive qu'annoncé par les membres de la banque centrale américaine, la Fed.
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Publié vendredi par le département du Commerce, l'indice PCE, privilégié par la Réserve fédérale (Fed) dans ses décisions, a de nouveau marqué le pas en mai, après une hausse inattendue en avril, pour s'établir à 3,8% sur un an, contre 4,3% un mois plus tôt.
Mieux encore, sur un mois l'inflation tombe à tout juste 0,1%, conformément aux anticipations des analystes, selon le consensus de Briefing.com, un chiffre bien plus faible qu'en avril, là encore (+0,3%).
Sur Twitter, la Maison-Blanche s'est empressée de se féliciter de ces nouvelles données, «nouvelles preuves», selon elle, de l'effet positif des «Bidenomics», surnom donné aux réformes économiques lancées par le président Joe Biden.
«La croissance hier était supérieure aux attentes, les salaires augmentent et désormais l'indice PCE montre les progrès réalisés dans la lutte contre l'inflation, même s'il reste du travail à faire», a commenté l'exécutif.
Une tendance saluée également par les marchés, rassurés par ces données: peu après l'ouverture de Wall Street, l'ensemble des indices majeurs étaient en hausse.
Au-delà de l'inflation, la dépenses des ménages ont également marqué le pas, en légère hausse de 0,1% sur un mois contre 0,6% en avril, et ce malgré une hausse des revenus qui reste solide (+0,4% contre +0,3% en avril).
«Même avec une croissance de 0,2% en juin de la consommation, elle n'atteindrait qu'1% sur le deuxième trimestre, loin de ses performances au premier (+4,2%)», a estimé, de son côté, Ian Shepherdson, chef économiste pour Oxford Economics. «On peut, dès lors, s'attendre à une croissance du PIB nettement plus faible au deuxième trimestre» par rapport au premier.
Les données révisées par le département du Commerce ont fait ressortir jeudi une croissance de 2% au premier trimestre en rythme annuel, bien supérieure aux premières estimations (+1,3%), portée précisément par la consommation et les exportations.
Fin des hausses des taux?
Si le ralentissement, tant de la consommation que de l'inflation, se confirme, cela sera-t-il néanmoins suffisant pour inciter la Fed à poursuivre la pause entamée lors de la dernière réunion, mi-juin, et ne pas annoncer une nouvelle hausse des taux fin juillet?
Pas certain, selon l'avis de Kathy Bostjancic, cheffe économiste de Nationwide, qui estime, au contraire, que «la persistance de l'inflation et la résilience de la consommation devraient maintenir la Fed dans l'idée d'une nouvelle hausse en juillet après sa pause de juin».
D'autant que l'inflation sous-jacente, qui exclut les prix de l'alimentation et de l'énergie et qui est suivie avec plus d'attention par la Fed, reste forte, à 4,6% sur un an, avec une baisse moins marquée que l'indice général.
Une autre mesure de l'inflation existe, l'indice CPI, qui est utilisé notamment pour le calcul des retraites. Pour mai, il avait également ralenti, passant à 4% sur un an et ralentissant sur un mois à 0,1%.
Pour combattre l'inflation, la Fed a fortement durci sa politique monétaire depuis mars 2022, avec dix hausses consécutives pour un total de cinq points de pourcentage, portant désormais son taux directeur dans une fourchette comprise entre 5% et 5,25%.
Mercredi, le président de la Fed, Jerome Powell, a indiqué qu'au moins deux hausses des taux étaient encore à venir, possiblement consécutives, mais que la Réserve fédérale déterminerait ses prochaines hausses en fonction de l'évolution des données macroéconomiques.
Plus encore, il avait estimé que l'inflation aux États-Unis ne rejoindrait pas sa cible de 2% par an avant, potentiellement, en 2025.
La prochaine réunion de la Fed est prévue les 25 et 26 juillet prochains.