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L'article provient de TVA Sports
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Entrevue exclusive avec l’agent de Hutson: «Lane a poussé pour que ça se finisse»

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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2025-10-13T22:30:00Z
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Ce qui a fait débloquer les négociations entre Lane Hutson et le Canadien de Montréal, c’est Lane Hutson lui-même. Parole de son agent, c’est la volonté du jeune homme, au bout du compte, qui nous a menés là où on en est lundi, avec un contrat de huit ans et 70,8 millions$.

«Le souhait de Lane depuis le début était de s’entendre avant le début de la saison, mais ça s’est étiré plus que prévu. On était à Detroit, et c’est Lane qui a poussé pour que ça se finisse», a raconté en exclusivité au TVASports.ca le représentant du jeune défenseur, Sean Coffey, de l’agence Quartexx.

Parce que Hutson ne veut que jouer au hockey et, plus spécifiquement, à Montréal, les négociations étaient d’une nature différente dès qu’elles ont officiellement commencé le 1er juillet.

«Tout ce qui lui importe, c’est le hockey, a confié Coffey au bout du fil. C’est l’athlète le plus affamé que j’ai eu le privilège de connaître. J'ai rigolé avec Lane en lui lançant que j'allais négocier pour qu'on lui donne les clés du Centre Bell.»

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Les deux parties savaient qu’elles en viendraient ultimement à une entente, mais il fallait s’entendre sur la façon dont on s’y prenait, et c’est là que les échanges ont parfois été un peu plus corsés.

«Les deux camps voulaient ardemment clore ce dossier, s'est contenté de répondre Coffey au sujet de la nature présumément émotive des échanges. On savait qu’on allait trouver un accord, on ne savait juste pas comment on allait s’y rendre.»

Montréal a fait la différence

Les multiples variables inconnues dans un marché à redéfinir en pleine explosion du plafond salarial, mais aussi la valeur de jouer dans une ville comme Montréal rendaient les calculs compliqués dans cette négociation.

«On le voit en ce moment, il y a peu de futurs joueurs autonomes avec compensation qui signent des prolongations de contrat, et aucun de ceux qui ont signé jouent dans un marché comme Montréal où les joueurs acceptent d’en prendre moins, a expliqué Coffey. Ça compliquait davantage l’exercice.

«Les joueurs veulent gagner et évoluer sur la plus grande scène. Un match à Montréal un mardi soir aura des airs de finale de la Coupe Stanley. Tout compte ici. Ils veulent prendre part à des matchs importants, et à Montréal, le noyau grandit ensemble.

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«Tous les membres du noyau à Montréal sont sensiblement dans le même groupe d’âge et ils vont croître ensemble. Les joueurs là-bas savent que quelque chose de spécial est en train de se bâtir et ç’a certainement été un facteur. Lane a choisi la paix d’esprit.»

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

On comprend rapidement plusieurs choses: le plan n’a jamais été de laisser ce dossier traîner durant la saison, Hutson n’a jamais priorisé l’argent et, surtout, il voulait jouer à Montréal et nulle part ailleurs. Puis «dans aucun scénario possible, Hutson n’aurait fait la grève l’an prochain» en tant que joueur autonome avec compensation.

«Il n’est pas dupe, il sait où le marché s’en va, a souligné Coffey. Il est bien conscient du type de contrat qu’il aurait pu obtenir s’il avait attendu un an. Mais il n’a jamais voulu pourchasser chaque dollar. Et c’est en partie en raison du marché. Il adore les fans et ses coéquipiers. Il y a beaucoup de bruit dans ce marché et il ne voulait pas devenir une distraction pour l’équipe ou ses camarades.»

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Même si Coffey avait un travail à faire auprès d’un amoureux fou du hockey qui aurait probablement accepté de jouer gratuitement – ce n’est presque pas exagéré –, il devait être sensible à plusieurs impondérables.

«Dans cette business, parfois, on peut tomber dans le piège de tout regarder à travers des feuilles Excel avec des projections et des éléments de comparaison. Mais on oublie finalement qu’il y a un prix à tout.

«Il y a un prix à attendre, il y a un prix à la distraction que cela engendre, à l’incertitude. Et un prix à essayer de trouver le timing parfait du marché.»

Un contrat historique

Bien que le joueur ait accepté de laisser un peu d’argent sur la table, il ne faudrait pas minimiser ce que Coffey et l’autre agent de Hutson, Ryan Barnes, sont parvenus à aller chercher pour leur client.

Hutson se retrouvait dans une situation qui lui offrait un pouvoir de négociation très faible par rapport au Tricolore: en tant que futur joueur autonome avec compensation de type 10.2(c) au sens de la convention collective, il n’aurait eu aucun droit d’arbitrage et n’aurait pu recevoir une offre hostile. En fait, le montant de 70,8 millions $ obtenu par Hutson est le plus important de l’histoire de la Ligue nationale de hockey pour un joueur de ce statut.

Le contrat comprend aussi d’immenses bonis à la signature à la hauteur de 55 millions$. À titre comparatif, les cinq contrats de Quinn Hughes, Owen Power, Brock Faber, Jake Sanderson et Luke Hughes cumulent seulement 4 millions$ en bonis à la signature! Ces cinq joueurs avaient le même statut que Hutson.

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«Ce contrat met 23 millions$ dans ses poches dans la journée suivant la première année de l’entente, a mentionné Coffey. En raison de la valeur temporelle de l’argent et de l’occasion de le faire fructifier, Lane bénéficie de cette structure avec une majeure partie de l’argent versé au début de l’entente. Et les Canadiens, eux, économisent sur la charge salariale.»

La prochaine convention collective ajoutait à l’urgence dans ce dossier du point de vue du camp de Hutson, puisqu’à partir du 16 septembre 2026, les bonis à la signature que le défenseur aurait pu obtenir dans une entente auraient plafonné à 42 millions$.

Nous pouvons également confirmer que Hutson placera de l’argent dans une convention de retraite au Canada afin d’alléger son fardeau fiscal. Contrairement à ce qui a été rapporté, il n’y a jamais eu un désaccord entre le CH et les représentants de Hutson au sujet de l’utilisation de cette disposition fiscale de l’Agence du revenu du Canada.

«Depuis le début, le plan a toujours été d’en tirer avantage, a précisé Coffey. Je pense que dans la sphère publique, la convention de retraite a été confondue avec les contrats à paiements différés [lorsqu’une partie de la compensation est reportée à la fin de l’entente, mais ces types de contrats sont illégaux depuis le 7 octobre]. Nous n’étions pas confortables avec les paiements différés lorsqu’ils étaient encore sur la table.»

Tout compte fait, la structure du contrat avantage Hutson sur le plan financier et c’est un facteur atténuant à considérer quand on mentionne que le jeune homme a renoncé à un peu d'argent.

«Je dois donner du crédit aux Canadiens pour avoir bâti une culture forte et avoir assemblé une équipe qui insuffle autant de confiance aux joueurs vis-à-vis l’avenir du club», a concédé Coffey, bon joueur.

Résultat des courses: un contrat qui fait le bonheur des deux camps. C’est après tout, le plus gros montant en bonis à la signature décerné à un joueur autonome avec compensation depuis Matthew Tkachuk en 2022.

Pas mal du tout pour un joueur avec une seule saison derrière la ceinture. Hutson pourra dormir sur ses deux oreilles, mais ses agents aussi.

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