Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Culture

Bientôt la retraite pour Sophie Thibault: «Mon départ n’a rien à voir avec le cancer»

Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Partager

Guillaume Picard

2025-05-17T05:00:00Z
2025-05-17T12:04:28Z
Partager

Trente-cinq ans après avoir piloté son premier bulletin de nouvelles en pleine crise d’Oka, à l’été 1990, Sophie Thibault s’apprête à quitter l’antenne.

La cheffe d’antenne que l’on aime pour son calme, son assurance et sa force tranquille sera aux commandes de son dernier TVA Nouvelles de 17h et de 18h, le 19 juin prochain.

Sophie Thibault dans le nouveau studio de TVA d'où elle pilote ce printemps ces derniers bulletins du TVA Nouvelles de 17h et de 18h.
Sophie Thibault dans le nouveau studio de TVA d'où elle pilote ce printemps ces derniers bulletins du TVA Nouvelles de 17h et de 18h. Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Ce jour-là, elle mettra un terme à 37 ans de journalisme au service des téléspectateurs de la chaîne privée la plus regardée au Québec.

«C’est un printemps historique, avec le déménagement de TVA et la fin de ma carrière, c’est une saison d’apprentissage pour moi», a dit Sophie Thibault en entrevue avec l’Agence QMI.

Celle qui a perdu son chien Nano cet hiver après 16 ans de vie au quotidien, anticipe déjà son prochain deuil, quand elle dira au revoir à sa deuxième famille, celle de TVA, qu’elle côtoie depuis près de quatre décennies.

Comment se passent vos dernières semaines avant la retraite?

J’essaie de profiter de chaque moment parce que ça va vite. Il me reste une quinzaine de bulletins...

Publicité
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY
Photo Agence QMI, JOEL LEMAY

Votre retraite est-elle liée au cancer de la peau que l'on vous a diagnostiqué en 2017?

Mon départ n’a rien à voir avec le cancer. Quand j’ai signé mon contrat actuel, il y a trois ans, c’était prévu que j’arrête après cette période. Je viens d’avoir 64 ans et c’est le bon moment. J’ai le goût de me concentrer sur la beauté du monde. De juste respirer, découvrir la joie de flâner, m’asseoir sur une terrasse pour écouter les moineaux et regarder les gens passer.

• À lire aussi: Sophie Thibault pilotera un documentaire sur le cancer de la peau

Vous avez besoin de changer d’air?

C’est un métier que j’aime, mais qui est prenant et exigeant. Je suis multifonction, je fais 15 choses en même temps, je me sens vivante, alors il va falloir que j’apprenne un autre rythme.

Cette force tranquille que vous avez, d’où vient-elle?

Je tiens ça de mon père, qui m’a légué son assurance et ses problèmes de diverticulite (rires). Il était très déposé. Je n’ai pas toujours été en confiance. Il y a 20 ans, j’étais beaucoup plus fébrile et inquiète. Je le suis encore, j’ai toujours eu peur de me tromper, j’ai eu le syndrome de l’imposteur. On dirait que je relâche là-dessus, c’est sans doute le fruit de l’expérience.

Sophie Thibault, en 2012, au moment où l'on célébrait ses 10 ans à la barre du TVA Nouvelles 22h.
Sophie Thibault, en 2012, au moment où l'on célébrait ses 10 ans à la barre du TVA Nouvelles 22h. PHOTO D'ARCHIVES FOURNIE PAR TVA

Vous avez brisé un plafond de verre, en 2002, en devenant la première cheffe d’antenne en Amérique du Nord à piloter en solo un grand bulletin de fin de soirée. Comment avez-vous abordé ce nouveau défi?

Je sentais qu’un tsunami m’arrivait dessus. Je n’ai jamais eu de plan de carrière et je ne suis pas une ambitieuse. À la limite, quand j’approchais les patrons ou qu’on me proposait quelque chose, il y avait tout un côté de moi qui disait: tu n’es pas prête, mais je le faisais pareil. J’étais comme tiraillée.

Publicité

C’est lors de la crise d’Oka que vous êtes devenue lectrice de nouvelles

Lors de mon premier bulletin, mes mains tremblaient, je n’avais plus de salive et je croyais que j'allais faire une crise cardiaque. Au départ, je ne pensais pas pouvoir faire ce métier-là. Finalement, je me suis parlé, j’ai continué et j’ai été encouragée. Je regarde mes archives ces temps-ci, car ils vont préparer un petit quelque chose pour ma dernière, le 19 juin. Je me regarde et ça n’a pas de bon sens qu’ils m’aient laissée aller, j’ai l’air d’une biche apeurée à 3h du matin au beau milieu de l’autoroute (rires). Je crois que c’est mon côté sérieux qui les a convaincus de me laisser aller et j’ai gagné leur confiance.

Sophie Thibault, en 1994, devient cheffe d’antenne de fin de semaine à TVA.
Sophie Thibault, en 1994, devient cheffe d’antenne de fin de semaine à TVA. PHOTO D'ARCHIVES FOURNIE PAR TVA

Êtes-vous consciente qu’aujourd’hui, les femmes brillent dans les salles de nouvelles grâce à vous?

Beaucoup de femmes me disent que je leur ai donné le goût de faire ce métier. Au début de ma carrière, Jean-Marc Léger me disait que les Québécois n’étaient pas prêts pour une femme qui lisait les nouvelles, selon les sondages. Mais Philippe Lapointe m’avait dit: “Je ne suis pas brave de te nommer, tu es au bon endroit, au bon moment, c’est toi que ça nous prend”. Il n’y a donc pas eu de discrimination positive.

Les femmes font encore face à un double standard dans leur parcours. Est-ce que vous en avez fait les frais?

Jamais personne ne m’a passé de commentaires sur mon physique, ne m’a forcée à devenir blonde ou m’a dit que j’avais trop de rides. Je m’assume et je suis bien dans ma peau, mais je sais que des femmes ont souffert du double standard. J’ai déjà eu des patrons et une direction macho, et il faut toujours en faire deux fois plus quand on est une femme. Le fait d’avoir été au TVA Nouvelles de 22h m’a aidée, car j’étais dans une bulle. Toute cette toxicité c’est fini, on a fait le ménage avec beaucoup d’eau, et heureusement.

Publicité

Vous savez que le public est très attaché à vous. Il y a un lien fort qui s'est développé.

C’est probablement un deuil aussi pour eux, oui. J’ai fait plusieurs salons du livre pour mon deuxième livre, Photosensible, et les gens me parlaient de ma retraite et de Trump! Après la diffusion de mon épisode d’En direct de l’univers, les gens me parlaient de ça et de ma retraite, et c'en était fini de Trump! (rires)

Le 5 mai dernier aux côtés de Félix Séguin, Sophie Thibault anime son premier bulletin depuis le nouveau studio de TVA sur le Plateau Mont-Royal.
Le 5 mai dernier aux côtés de Félix Séguin, Sophie Thibault anime son premier bulletin depuis le nouveau studio de TVA sur le Plateau Mont-Royal. Photo Martin Chevalier

On parle d’une retraite active?

C’est une retraite de l’info au quotidien, mais je vais être présente sur les réseaux sociaux. J’ai 180 000 personnes qui me suivent. Je veux devenir productrice de contenu, en misant sur la photographie, la flore et la faune, l’environnement, les oiseaux, bref la beauté. Si j’avais eu à choisir, d'ailleurs, j’aurais aimé être comme Charles Tisseyre et j'aurais animé Découverte, j'aurais adoré ça.

Quel voyage peut-on vous souhaiter?

J’ai un projet de voyage aux îles Galápagos! Je veux voyager, oui, continuer la photographie, les conférences... C’est pour ça que je ne voulais pas partir à 70 ans. Je souhaite continuer de travailler, mais autrement, sans stress et dans le plaisir total.

D’autant plus que la relève est assurée à TVA

Oui, notamment avec Julie Marcoux et Pierre-Olivier Zappa. La nouvelle direction aussi. Anaïs Décarie est formidable. Ma cheffe de pupitre, Catherine Légaré, qui est devenue une amie. Paul, Colette...

C’est tout de même la fin d’une époque...

Je suis en paix avec ma décision, mais c’est sûr qu'il y a de l’émotion et que ça va être difficile le 19 juin.

En août 2017, Sophie Thibault célébrait avec ses collègues le 20e anniversaire de LCN.
En août 2017, Sophie Thibault célébrait avec ses collègues le 20e anniversaire de LCN. JOEL LEMAY/AGENCE QMI

Êtes-vous bien entourée pour cette nouvelle étape de votre vie?

Dominique [Poirier], qui est venue chanter pour moi à En direct de l’univers, on est ensemble depuis 22 ans. On a fait une mini-sortie, c’était naturel, on n’en a pas fait un plat, parce que si on est dans la normalité, pourquoi faire un coming out? Juste faire une sortie avec ma blonde sans que ce soit une déclaration et ce n’est pas un rendez-vous où on a envie de se cacher. Pour ce qui est du reste de l’entourage, j’ai des amis, une famille, c’est formidable.

Publicité
Publicité

Sur le même sujet