Retrait du masque en classe: entre espoir et inquiétude dans le réseau scolaire


Daphnée Dion-Viens
Le retrait du port du masque en classe a été accueilli avec soulagement et inquiétude dans le réseau scolaire, alors que des experts appellent à la prudence.
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Québec a confirmé mardi après-midi que le port du masque ne sera plus obligatoire en classe lorsque les élèves seront assis, à partir du 7 mars.
Les enfants devront toutefois le porter lors de leurs déplacements ainsi qu’au service de garde, pendant les cours d’éducation physique et pendant les activités parascolaires.
« C’est une bonne nouvelle, surtout pour nos élèves plus vulnérables et nos plus petits. Pour ceux qui ont des troubles du langage, le masque, ce n’est vraiment pas évident », affirme Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement.
À la Centrale des syndicats du Québec, la réaction est plus « mitigée ». Son président, Éric Gingras, reconnaît qu’il s’agit d’une « excellente nouvelle » pour les élèves, mais plusieurs questions demeurent, selon lui.
Les éclosions sont bien présentes dans plusieurs écoles et la ventilation des classes « n’est pas réglée », affirme-t-il.
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Les manifestations
De son côté, le président de la Fédération autonome de l’enseignement ne peut s’empêcher de se demander à quel point les manifestations de la fin de semaine dernière à Québec ont pesé dans la balance, alors que des parents ont réclamé le retrait du port du masque en classe.
« Est-ce que cette décision, à huit mois des élections, vise à répondre à cette colère ou si elle a vraiment été prise en fonction de la situation pandémique ? » lance Sylvain Mallette.
À la Fédération des comités de parents du Québec, on a préféré ne pas commenter la décision. L’organisation se fie aux recommandations de la Santé publique, indique-t-on.
Selon le dernier bilan qui date du 17 février, 32 006 élèves (2,34 %) et 1583 enseignants (1,16 %) étaient absents en raison du virus, des chiffres qui sont en diminution depuis le début février.
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Pas contre, mais...
De leur côté, les experts interrogés par Le Journal ne s’opposent pas à cette décision, mais lancent tout de même un appel à la prudence.
Benoit Barbeau, professeur en virologie à l’UQAM, rappelle que le masque « a un rôle important à jouer dans la transmission du virus » et que le risque que les assouplissements donnent un nouveau souffle au virus est bien réel.
« On doit s’attendre à une hausse de la transmission au cours des prochaines semaines », affirme-t-il.
Même son de cloche de la part d’Alain Lamarre, spécialiste en immunologie à l’INRS. « Le timing après la relâche pourrait être propice à la propagation. Les jeunes en congé vont probablement avoir plus de contacts pendant la relâche. Le retour à l’école, sans masque, risque de faire réaugmenter les cas. »
De son côté, le pédiatre Olivier Drouin considère qu’il n’y avait pas d’urgence à retirer le masque en classe. « Je mets ça dans la catégorie des choses qui sont désagréables, mais pas néfastes » pour les enfants, affirme-t-il.
Le fait d’être privé d’école pendant plusieurs jours en raison du virus a des impacts beaucoup plus négatifs, fait-il remarquer.
DES EXPERTS APPELLENT À LA PRUDENCE
« On est quand même à des niveaux d’hospitalisation élevés, on n’est pas encore revenu à la normale et on a quand même annoncé beaucoup d’assouplissements en peu de temps. Il n’y avait pas d’urgence, selon moi. »
– Olivier Drouin, pédiatre au CHU Sainte-Justine
« On ne peut pas garder le masque ad vitam æternam dans les classes. Je ne suis pas contre son retrait, mais je m’attends à ce que ce soit basé sur des données scientifiques. Présentement, c’est dur de voir sur quels chiffres on se base pour faire cette annonce. »
– Alain Lamarre, professeur à l’INRS
« C’est positif, on sent un certain vent d’optimisme auquel on a droit, qui est fondé. Mais il faut se dire que la partie n’est pas totalement gagnée. On a d’autres batailles qui s’en viennent. »
– Benoit Barbeau, professeur à l’UQAM