Endetté de 1,2 G$, le promoteur déchu Stéphan Huot veut éviter la faillite
L'homme d'affaires s'est confié à notre Bureau d'enquête dans une entrevue exclusive


Kathryne Lamontagne
Le promoteur déchu Stéphan Huot, qui cumule des dettes de près de 1,2 milliard de dollars, souhaite éviter la faillite, a-t-il avancé lors d’une entrevue exclusive avec notre Bureau d’enquête. Celui qui était à la tête du défunt Groupe Huot a aussi accepté de revenir sur plusieurs déboires qui ont marqué l’actualité depuis le début de sa débâcle financière.
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Éviter la faillite
Stéphan Huot travaille actuellement pour éviter la faillite, lui qui s’est placé à l’abri de ses créanciers au début du mois de septembre pour des dettes totalisant près de 1,2 G$.
L’offre d’achat du Groupe Mach déposée pour acquérir cinq de ses parcs immobiliers, la vente d’Airmedic et le redémarrage prochain de Transrapide lui donnent confiance de réduire de façon substantielle sa dette. Au surplus, ces transactions devraient permettre d’honorer les sommes dues aux sous-traitants, se réjouit-il.

« Si je pouvais réduire mes dettes à 100 M$, ce serait un bel accomplissement. Ce serait une grande réussite de réussir à payer 90 % des créances à 100 % », lance-t-il.
« J’ai rien de caché »
« Je ne suis pas parti avec un coffre-fort. L’argent n’est jamais allé ailleurs que dans l’entreprise », assure Stéphan Huot, qui affirme n’avoir « caché » aucun argent, ni avant ni pendant sa débâcle financière.
Sans salaire depuis le mois de février, le millionnaire déchu vit pour le moment de la vente de ses biens. Notre Bureau d’enquête avait notamment médiatisé en juin la liquidation de ses voitures de luxe, de ses bouteilles de vin et de ses propriétés.
Les acheteurs potentiels connaissent ses difficultés financières et font des offres en conséquence, constate-t-il. À titre d’exemple, sa luxueuse résidence, sur le marché au prix de 3,695 M$, n’a reçu aucune offre intéressante.

« J’ai eu des offres à 2 M$, 2,5 M$... Ça ne peut pas fonctionner : j’en dois 3 M$ ! » illustre-t-il.
Il veut rembourser les étudiants floués
Le Groupe Huot a fait les manchettes en juin dernier lorsque six étudiants, dont trois Français, ont perdu les 150 000 $ versés à l’école de pilotage du Complexe Capitale Hélicoptère, qui venait de fermer ses portes.

La situation était d’autant plus frustrante pour ces élèves que le fils de Stéphan Huot avait pu terminer sa formation malgré les difficultés financières de l'entreprise.
« Je comprends la frustration des élèves. Il y a des choses que j'essaie de faire. Ça se peut fort bien qu'ils soient remboursés d'ici la fin de l'année », a réagi Stéphan Huot.
Notons que les trois élèves français, qui suivaient une formation de pilotage professionnel d'hélicoptère en partenariat avec le Collège Notre-Dame-de-Foy, ont été remboursés par leur établissement scolaire. Les trois autres élèves québécois n'ont pas eu cette chance.
Une erreur de jeunesse
Stéphan Huot digère encore mal que son passé d'escroc ait été révélé par notre Bureau d’enquête, lui qui a été reconnu coupable de fraude en 2000 lors d’un de ses premiers projets de développement résidentiel.
Huot et son comptable avaient fait circuler 1000 chèques sans provision, totalisant plus de 62 M$, entre des comptes personnels et corporatifs, afin d’obtenir du financement supplémentaire des banques. Ces dernières croyaient ainsi à tort que les compagnies avaient les reins solides.
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« C’est des erreurs de jeunesse. J’ai mis la main sur le poêle et je me suis brûlé », a réagi le promoteur, qui a obtenu une absolution conditionnelle et qui n’a pas de casier judiciaire.
Une luxueuse croisière à un drôle de moment
Plusieurs ont été surpris d’apprendre que Stéphan Huot et sa famille avaient effectué une luxueuse croisière en Antarctique d’une valeur de plus de 200 000 $ à la fin du mois de décembre 2022, à peine quelques mois avant la médiatisation des difficultés financières de l’entreprise.
Le promoteur, qui était dans l’eau chaude depuis près d’une année à cette époque, assure toutefois que ce voyage avait été réservé et payé d’avance.
« C’est une croisière que j’avais achetée en 2019. Tout était beau et payé, ça allait bien à ce moment-là. Mais ça a été reporté en 2020, puis il y a eu la COVID donc en 2021, et finalement, 2022. C’est vrai que ça a l’air que je suis parti pendant que ça allait mal ici, mais ce n’était pas ça », affirme le promoteur, qui assume son ancien rythme de vie flamboyant.
Le cœur brisé par Airmedic
De toutes ses compagnies, c’est Airmedic qui semble résonner le plus chez Stéphan Huot. Passionné de pilotage d’avion et d’hélicoptère, le promoteur cache mal sa déception face à la vente de cette entreprise, qui est passée entre les mains de Dessercom, le mois dernier.

« J’aurais aimé ça garder Airmedic. Airmedic, c’est au-delà de l’argent. Si j’avais pensé juste à l’argent, je n’aurais pas eu Airmedic. C’est l’affaire la plus humaine que j’ai pu faire, mais c’est la pire folie financière », expose-t-il.
Le promoteur reconnaît qu’il aura de la difficulté à laisser partir ce projet.
« D’ici aux Fêtes, je n’y penserai plus. Promis. Laisse-moi encore quelques mois. »
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