En mode liste: des romans pour maman

Karine Vilder
Pour souligner la fête des Mères, cinq romans qui parlent de mamans.
Dans le ventre de Klara

Avec l’écrivain français Régis Jauffret, on ne s’ennuie jamais. Après s’être penché sur l’immonde affaire Fritzl (dans Claustria) ou sur l’affaire du Sofitel de New York (dans La ballade de Rikers Island), il nous entraîne plus loin, beaucoup plus loin : en Autriche, entre les mois de juillet 1888 et d’avril 1889. Soit entre le moment où Klara Hitler est tombée enceinte, et celui où elle a mis au monde le petit Adolf.
Pendant toute la durée de cette grossesse, on entrera donc dans l’intimité de cette femme dont le quotidien n’avait absolument rien de réjouissant. Mais il faut voir la façon dont il est relaté. Le résultat est aussi brillant que marquant.
Mère absolument

Marie-Louise n’a jamais souhaité avoir d’enfant. Mais une fausse couche accidentelle et la mort imminente de sa mère vont la faire changer d’avis. À 40 ans passés, voilà qu’elle veut maintenant à tout prix un bébé qui soit bien à elle. Et quand on veut, on peut. Après s’être trouvé un géniteur digne de ce nom, elle va tomber enceinte et accoucher d’une fille. Cela dit, pas question que ce père fasse ensuite partie intégrante de leur vie. Oh que non !
Comportant trois volets grâce auxquels la mère, la fille et le père auront tour à tour la parole pour donner leur version des faits, ce roman vient nous happer de plein fouet. Très bon.
En garde

Ce roman part d’une histoire vraie : en 2020, sous le couvert de l’anonymat, quelqu’un a dénoncé Amélie Cordonnier aux services de protection à l’enfance. Elle a été accusée d’être une mauvaise mère envers ses enfants Lou et Gabriel. Tout ça était bien sûr cent pour cent faux, mais comment prouver hors de tout doute qu’on adore nos enfants et que jamais au grand jamais on ne leur ferait le moindre mal ? Ce qui au départ était peut-être une mauvaise blague se transformera ainsi très rapidement en véritable cauchemar pour la famille. Car une fois le processus enclenché, réussir à se tirer d’affaire semble être extrêmement difficile. La seconde partie du roman, plus kafkaïenne, en témoigne.
La pouponnière d’Himmler

En 1935, le SS Heinrich Himmler a eu l’idée de créer le programme des Lebensborns, des maternités nazies permettant d’assurer la pureté et la pérennité de la race aryenne. La toute première de ces maternités a été inaugurée en 1936 à Steinhöring, un petit village de Bavière, et c’est là qu’on va avoir rendez-vous quelques mois avant la fin de la guerre. On va entre autres y croiser Renée, une jeune Française qui attend l’enfant qu’elle a conçu avec un soldat allemand dont elle espère encore le retour, ou Helga, une infirmière qui commence à se poser de sérieuses questions sur le bien-fondé des Lebensborns.
Un livre très bien documenté qui se lit le cœur serré.
Tu mens comme tu respires

Sadie ne conserve pas de très bons souvenirs ni de sa mère, aujourd’hui décédée, ni de la maison londonienne dans laquelle elle a grandi à ses côtés. Pourtant, quand elle sera amenée à quitter New York, c’est là qu’elle va aller habiter avec sa fille Robin. Et même si elle n’a pas non plus aimé l’école où elle a été envoyée durant toute sa jeunesse, c’est là qu’elle va inscrire Robin. Mais il y a des choses qu’il ne faut pas chercher à comprendre tout de suite. Parce que dans la vie de cette mère, on doit d’abord pouvoir faire la part du vrai et du faux.
Malgré son début un peu lent, un thriller domestique qui réussit à surprendre.