En mode liste: cinq récits brefs et intenses

Tous plus courts que la moyenne, ces cinq bons livres se dévorent dans le temps de le dire.

LE GARDIEN SANS SOMMEIL

Igarka est un bien curieux village. Assommés par le travail, ses habitants font un peu comme les ours : dès que l’hiver s’annonce, ils calfeutrent leur maison... et plongent dans un profond sommeil durant des semaines et des semaines. Ils hibernent, quoi ! Et pendant qu’ils dorment tous, quelques hommes sont chargés de veiller sur eux. Mais cette année sera différente des autres. Cette année, l’un de ces gardiens va être retrouvé assassiné juste avant le début du grand sommeil. Sören, dont la femme vient d’accoucher, décidera donc de passer l’hiver éveillé pour protéger les siens et débusquer l’auteur de ce meurtre.

Une histoire originale très joliment écrite.

BAUMGARTNER

Sy Baumgartner n’est plus jeune, jeune, mais qu’à cela ne tienne. En plus d’être prof de philo à Princeton, il rédige une monographie sur un sujet assez pointu : les pseudonymes du théologien et philosophe Søren Kierkegaard. Le truc, c’est que Sy est loin d’être aussi agile qu’avant et en descendant les escaliers du sous-sol, il va se casser la margoulette en beauté. Pour nous, lecteurs, cette chute accidentelle aura toutefois du bon, puisqu’elle va amener Sy à revenir sur sa jeunesse, l’exil de sa famille ou sa brillante femme Anna, qui a été emportée une dizaine d’années plus tôt par une vague traîtresse.

Sans doute le dernier roman du grand écrivain américain Paul Auster.

MON NOM DANS LE NOIR

Rien ne va plus dans le monde et à Charlottesville, en Virginie, c’est encore pire qu’ailleurs. Des suprémacistes blancs ont en effet pris d’assaut la ville et pour survivre, les Noirs doivent se dépêcher de fuir le plus loin possible. À bord d’un vieil autobus, un petit groupe éclectique mené par la jeune Da’Naisha Love aura la chance de s’échapper à temps. Et faute de mieux, il ira se réfugier à Monticello, où se trouve la plantation-musée du troisième président des États-Unis, Thomas Jefferson. Reste à savoir comment tous ces gens parviendront à s’organiser pour affronter la situation et surtout, comment ils vont se débrouiller pour réussir à s’entendre et à se faire confiance. Parue un peu plus tôt cette année, une dystopie qui mérite le détour.

RATURE

Aussi agréable à lire qu’à regarder, avec ses superbes illustrations, une histoire qui nous plonge en pleine mer. Celle des marins aguerris, celle des hommes comme Rature. Un surnom qu’il a hérité de l’une de ses maîtresses d’école, du temps où il ne pouvait pas écrire une ligne sans faire de ratures. Remarquez, les choses n’ont pas tellement changé. Mais aujourd’hui, c’est plutôt son bateau qu’on appelle comme ça. Et sur le Rature, il a bravé bien des tempêtes pour rapporter au port daurades, soles, bars ou lieus. On découvre ici son quotidien qui est tout sauf facile, et son amour infini pour l’océan. Vraiment, un beau livre.

DÉVELOPPEMENT PERSONNEL

En 2016, le Français Olivier Bourdeaut a surpris et enchanté tout le monde avec En attendant Bojangles, son tout premier roman. Il nous en a ensuite offert deux autres : Pactum salis et Florida, qu’on se rappelle avoir bien aimé. Puis plus rien. La page blanche. Alors pour conjurer cette malédiction, il est parti en janvier sur l’île d’Ibiza. Où il comptait bien retrouver l’inspiration et démarrer un nouveau roman. Sauf que les choses ne se sont pas tout à fait goupillées comme il le pensait : à la place, il est revenu avec ce savoureux récit dans lequel il se raconte. Sympa et souvent drôle.