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L'article provient de Le Journal de Québec
Justice et faits divers

[EN IMAGES] Le glissement de terrain à Saguenay ravive de tristes souvenirs du déluge de 1996

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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2022-06-14T23:55:40Z
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Le glissement de terrain qui a complètement détruit une résidence du secteur La Baie à Saguenay lundi soir avait des airs de triste déjà-vu pour plusieurs résidents du coin qui ont vécu le déluge de 1996. Quelques résidences demeurent d’ailleurs à risque alors que des précipitations sont attendues dans les prochains jours.

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C’est comme si Dame Nature avait voulu faire un triste rappel de sa force aux habitants de La Baie lundi soir, peu avant 20 h, presque 26 ans après le glissement de terrain meurtrier qui a tué deux enfants en juillet 1996.

Serge Carrier a vu sa maison passer près d’être emboutie par la maison emportée par le glissement.
Serge Carrier a vu sa maison passer près d’être emboutie par la maison emportée par le glissement. Photo Pierre-Paul Biron

Serge Carrier écoutait tranquillement la télé au sous-sol de sa résidence quand tout s’est mis à trembler et qu’un vacarme assourdissant a envahi la maison. Rapidement, il a compris ce qui se passait.

Photo Pierre-Paul Biron
Photo Pierre-Paul Biron

«C’est comme si une dizaine de gros dix roues montaient la côte en forçant, ça tremblait», raconte l’homme qui l’a échappé belle en compagnie de sa conjointe. Si la Ville n’avait pas fait construire un muret de blocs de béton qui a retenu la maison de son voisin d’en haut, sa résidence aussi aurait été détruite.

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«On partait nous avec, ce n’est pas compliqué. On y passait», dit M. Carrier, encore sous le choc au lendemain du sinistre.

Photo Pierre-Paul Biron
Photo Pierre-Paul Biron

Un sinistré du déluge fait la différence

Et ce fameux mur qui a probablement sauvé des vies lundi soir, c’est la compagnie de Pierre-Michel Poulin qui l’a construit à la demande de la Ville. Les dernières heures ont fait remonter à la surface de bien mauvais souvenirs pour celui qui a perdu la ferme familiale, complètement détruite par les flots du déluge en juillet 1996.

Dès le matin, lundi, il a eu le pressentiment qu’un malheur frapperait, lui qui était déjà passé par là.

«Quand j’ai vu la pluie le matin, j’ai dit à ma femme qu’il allait se passer quelque chose. C’était la même pluie qu’au déluge», raconte celui qui est venu constater l’étendue des dégâts mardi en fin de journée.

Photo Pierre-Paul Biron
Photo Pierre-Paul Biron

«Je comprends parfaitement ce que ces gens-là vivent. Ils ont tout perdu. C’est pareil comme nous autres», soupire l’homme.

Le père du propriétaire de la résidence détruite a confié que son fils vivait des moments très difficiles.

«Ça nous dérange beaucoup, on a mis beaucoup de temps là-dedans. Ça fait quatre ans que mon fils avait acheté et on avait rénové au complet, on avait tout refait l’intérieur. Refait un garage...», explique Carl Brisson, ajoutant que la petite famille de cinq enfants l’avait échappé belle en quelque sorte. «Si les cinq enfants avaient été là, c’était fait. Personne ne serait sorti de là», évoque l’homme avec émotion.

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Des citoyens des résidences évacuées au haut du talus sont également toujours dans l’incertitude alors que leurs maisons longent dangereusement le bord du gouffre. 

Pas une première

Camil Gilbert a passé sa jeunesse dans la maison qui a été pulvérisée. Il peinait à croire la triste scène qu’il avait sous les yeux mardi.

Camil Gilbert a grandi dans la maison qui a été détruite.
Camil Gilbert a grandi dans la maison qui a été détruite. Photo Pierre-Paul Biron

«C’est beaucoup de souvenirs pour moi. C’est mon père qui a bâti la maison», soulignait-il, ajoutant que l’issue a été une surprise pour lui-même bien qu'une première fissure était déjà apparue il y a une trentaine d’années.

«Mon père avait été évacué deux ou trois semaines pendant les travaux. [...] Et là, on s’est encore dit que c’était une petite fissure, mais quand j’ai vu ce qui est arrivé...», ajoute-t-il, peinant à compléter sa phrase.

Photo Pierre-Paul Biron
Photo Pierre-Paul Biron

Derrière lui, dans les décombres, des effets personnels et des meubles qui montrent que la résidence était bel et bien habitée avant que la Ville ne choisisse de l’évacuer de façon préventive il y a quelques semaines. Pour tous les gens rencontrés mardi, il était clair que la région venait d’éviter de peu un autre drame.

– Avec la collaboration de TVA Nouvelles

Des sinistrés sous le choc et dans l’incertitude  

Des sinistrés des 24 maisons évacuées à la suite du glissement de terrain ont pu récupérer des effets personnels accompagnés par les pompiers hier en soirée. Pour un petit nombre d’entre eux, c’était peut-être un triste adieu à leur résidence alors que l’incertitude plane sur deux ou trois maisons.

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«On est triste, c’est difficile», a laissé tomber une résidente du rond-point de l’avenue du Parc, situé tout en haut de l’immense gouffre laissé par le glissement de terrain. «C’est peut-être la dernière fois qu’on mettait les pieds en dedans», soufflait-elle à un ami venu les aider elle et son mari à récupérer des biens importants, quelques souvenirs et un peu de nourriture.

Photo Pierre-Paul Biron
Photo Pierre-Paul Biron

À jeter un œil à la falaise qui s’est créée, on comprend rapidement que le couple et les deux maisons voisines ont échappé de peu au glissement de terrain qui a fauché une autre résidence située plus bas.

La propriétaire de l’une de ces maisons se trouvait sur sa terrasse lorsque le sol s’est dérobé, selon ses voisins. Cette même terrasse pend aujourd’hui en partie dans le vide.

«Elle, elle l’a échappé belle», confiait un résident du coin, ajoutant que la dame était paniquée dans les instants qui ont suivi ce qui aurait pu virer au drame.

Photo Pierre-Paul Biron
Photo Pierre-Paul Biron

Météo peu clémente

La météo des prochains jours sera cruciale pour ces gens qui craignent le pire. Environnement Canada prévoit des averses demain et vendredi pour la région de Saguenay, qui a déjà reçu des quantités de pluies astronomiques depuis le début du mois de juin.

Selon les dernières données, la région a reçu 144 millimètres de pluie en 13 jours, alors que la moyenne pour le mois tourne habituellement autour de 90 millimètres.

Les autorités indiquent que des travaux devraient être entrepris dès aujourd’hui pour s’assurer de la solidité du muret de béton qui retient actuellement la maison renversée ainsi que l’importante quantité de terre accumulée au bas du talus.

«On va avoir plusieurs analyses à faire. On va faire des forages pour voir l’étendue des dommages et évaluer ce qui peut être fait», expliquait en soirée le chef aux opérations du Service d’incendie de Saguenay, Sylvain Bouchard, ajoutant qu’une dizaine d’autres sites étaient «en observation» dans la ville et que d’autres évacuations pourraient suivre.

Trois résidences ont aussi été évacuées à Saint-Fulgence en raison de risque de glissement de terrain.

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