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L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Legault embarquera dans le tramway et le 3e lien

Le premier ministre annoncera jeudi qu’il ira de l’avant avec le tramway de la CDPQi, qui a présenté un réseau à 15G$

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Stéphanie Martin et Taïeb Moalla

2024-06-12T14:49:12Z
2024-06-12T23:51:16Z
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François Legault annoncera jeudi qu’il embarque dans le tramway, au lendemain de la présentation de la CDPQ Infra, qui propose un plan complet de transport structurant à 15G$ sur 15 ans, qui couvre toute la région de la Capitale-Nationale et qui inclut même une nouvelle ligne de tramway de 7 km en tunnel entre les centres-villes de Québec et de Lévis, qui permettra de traverser le fleuve en à peine six minutes.

• À lire aussi: Plan de la CDPQ Infra : Duclos ne souhaite pas de retards et évoque de «nouvelles options» pour la sécurité du transport lourd

• À lire aussi: Vers un retour du 3e lien?: conserver un seul lien entre les deux rives pour le transport de marchandises serait «irresponsable», dit Geneviève Guilbault

Le Journal a appris que le premier ministre François Legault ira de l’avant avec la phase un du projet de tramway pour la capitale, ainsi que l’étude du troisième lien à l’est (voir autre texte). L’annonce sera faite jeudi en présence de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault.

Ce qui plaît au gouvernement dans ce projet, ce sont les améliorations qui répondent selon lui aux doléances des citoyens, nous confie une source près du dossier. CDPQ Infra propose un plan complet sur 15 ans de transport structurant qui couvre toute la région de la Capitale-Nationale et qui inclut même une nouvelle ligne de tramway de 7 km en tunnel entre les centres-villes de Québec et de Lévis, qui permettra de traverser le fleuve en à peine six minutes. Le tout pour 15,48 G$.

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Travail «colossal»

Le fruit du travail «colossal» des six derniers mois de Caisse de dépôt et placement du Québec Infra (CDPQ Infra) s’appelle Plan Circuit intégré de transport express (CITÉ) et est présenté dans un rapport de 140 pages. La CDPQi est «fière» de son Plan, qu'elle aimerait bien réaliser, dans un mode de gouvernance qui reste à déterminer. La question de la rentabilité doit faire partie de l'équation, dit le président et chef de la direction, Jean-Marc Arbaud.

«On a confiance que le plan qu’on présente répond à la science des données, mais aussi aux priorités que les gens nous ont données dans les six derniers mois.»

Colonne vertébrale

Comme le révélait Le Journal mardi, la colonne vertébrale de ce Plan est un tramway de 19 km entre Le Gendre et la 41e Rue à Charlesbourg à 5 G$. On vise 2030. «Cette ligne permettra d’offrir un service fréquent au cœur de la ville et à proximité des banlieues», écrit CDPQ Infra. En phase deux, on prévoit deux antennes de tramway vers D’Estimauville et Lebourgneuf, au coût total d’environ 2 G$.

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Un vaste réseau d’autobus express et à fréquence élevée venant des banlieues de Québec devrait se rabattre sur ces différents pôles.

Capture d'écran, vidéo de CDPQ Infra
Capture d'écran, vidéo de CDPQ Infra

En complément au tramway, on prévoit des lignes de SRB (service rapide par bus), dont une sur Charest (610 M$), jusqu’à Saint-Sacrement ou Robert-Bourassa, et deux lignes SRB à Lévis: une sur le boulevard Guillaume-Couture, reliant le pôle Desjardins au terminus Sainte-Foy (2,4 G$), et une autre sur la route des Rivières (710 M$).

Capture d'écran, vidéo de CDPQ Infra
Capture d'écran, vidéo de CDPQ Infra

Capture d'écran, vidéo de CDPQ Infra
Capture d'écran, vidéo de CDPQ Infra
Tunnel pour le tramway

CDPQ Infra voit loin. En 2035, si la densification et la croissance démographique du côté de Lévis le permettent, elle propose d’étirer le tramway en tunnel de 10 à 11 mètres de diamètre réservé jusqu’au secteur Desjardins, à partir du centre-ville de Saint-Roch. Il y aurait trois stations, dont deux à Lévis, une infrastructure évaluée à 3,8 G$.

Capture d'écran, vidéo de CDPQ Infra
Capture d'écran, vidéo de CDPQ Infra

Ce tunnel permettrait aux navetteurs de rallier les deux centres-villes en six minutes.

Le vaste Plan CITÉ permettra d’accueillir 40 000 passagers de plus par jour, anticipe CDPQ Infra.

Le tramway aura un gabarit réduit avec des rames moins longues et des quais plus étroits. Le choix de la dimension des véhicules est basé sur les études d’achalandage. Des tramways de 250 personnes sont aptes à déplacer les passagers à l’horizon 2041, selon CDPQ Infra. La Ville de Québec prévoyait 272 passagers par rame.

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La CAQ se lance dans la réalisation du 3e lien

Malgré le rapport de la CDPQi, qui affirme qu’un troisième lien n’est pas justifié, le gouvernement Legault annoncera jeudi qu’il se lance dans la réalisation d'un pont autoroutier entre Québec et Lévis.

François Legault le confirmera jeudi, sans annoncer d’échéancier.

Selon les infos de notre Bureau parlementaire, le gouvernement caquiste va créer un comité interministériel qui sera chargé de mettre sur les rails un projet de pont à l'est, en ciblant le corridor reliant le secteur de la sortie Monseigneur-Bourget, sur la rive-sud, à la croisée de l'autoroute 40 et de Dufferin-Montmorency, du côté nord.

La CDPQ Infra ne recommandait pas la construction d'un 3e lien routier, mais dans les scénarios qu'elle a analysés, c'était celui qu'elle percevait comme le plus envisageable.

Le comité, impliquant en premier lien le ministère des Transports, sera piloté par la secrétaire générale du Conseil exécutif, Dominique Savoie.

M. Legault en fait une question de sécurité économique et commerciale pour l'Est du Québec. 

Il faudra donc que ce pont permette le passage du transport de marchandise, et il deviendrait une police d'assurance notamment en cas de fermeture partielle ou complète du pont Pierre-Laporte, nous dit-on.

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Experts internationaux

Une source gouvernementale confie que des experts internationaux seront sollicités pour conseiller ce comité, et le plus rapidement possible.

«C'est un projet complexe, il y a un défi d'insertion», admet une source au gouvernement.

Plus tôt en journée, la Caisse de dépôt et placement du Québec Infra (CDPQi) avait affirmé qu’un troisième lien n’était pas justifié du point de vue de la mobilité. Parce que le réseau routier de Québec a une limite de capacité d’accueil, le gain de temps moyen pour la période de pointe du matin pour un navetteur de Lévis utilisant les ponts actuels serait d’à peine 5 minutes, calcule-t-on.

Ainsi, l’ajout d’un autre lien routier n’aurait pas l’effet de soulager la congestion, selon CDPQ Infra.

Aucun des six différents corridors étudiés ne justifie la construction et CDPQ Infra ne préconise donc pas sa réalisation.

Cette dernière note aussi que 13 % de l'ensemble des déplacements dans la région se font sur la rive-sud, surtout d'est en ouest, soit deux fois plus que ceux qui traversent le fleuve.

Cela dit, CDPQ Infra note que plusieurs parties prenantes des discussions «ont émis des préoccupations quant à la sécurité et la redondance des ponts existants, en particulier que toute réduction de capacité sur le pont Pierre-Laporte aurait des impacts sur le transport de marchandises, les liens commerciaux entre les régions et leur vitalité économique».

Transport commercial

On ajoute que «le risque touchant le transport routier commercial entre les deux rives a été particulièrement mentionné lors des rencontres, puisque les ponts Pierre-Laporte à Québec et Laviolette à Trois-Rivières constituent les deux seuls liens routiers ouverts au transport de marchandises sur route pour l’ensemble de l’est du Québec (soit d’environ 800 km)».

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Tout en notant ces éléments, le document estime que «ces considérations dépassent le mandat de CDPQ Infra sur la mobilité dans la CMQ (Communauté métropolitaine de Québec) et le gouvernement pourrait examiner la nécessité d’un lien routier en relation avec les questions de sécurité économique et de transport de marchandises».

La Caisse Infra a tenu compte du trafic des camions, mais note qu'ils ne représentent que 5 % du flux véhiculaire, à tout moment de la journée. «Sauf aux heures de pointe. Il y a beaucoup moins de camions sur le pont Pierre-Laporte à l’heure de pointe qu’entre les heures de pointe», a mentionné M. Arbaud.

— Avec la collaboration de Rémi Nadeau

Citiations

« Ce qu’on a fait comme étude, c’est dire clairement : Il y a des besoins de mobilité. C’est nécessaire. Le besoin est là. Il va croître avec le temps. La bonne façon d’adresser, c’est de l’adresser à travers un plan pour être certains qu’on maintient un cap. »

« On présente une vision globale (...) C’est certain que dans quelques années, il faut le revoir. Mais le point le plus important est de débuter et lancer. Et non pas de revoir un plan (...) C’est cohérent et ça répond à énormément de besoins.»

—Jean-Marc Arbaud, président et chef de la direction de CDPQi

Plan CITÉ en chiffres

Près de 100 km au total

35 km de réseau structurant de tramway dont:

-28 km à Québec : Phase 1 de Le Gendre à Charlesbourg, phase 2 jusqu'à D'Estimauville, phase 3 jusqu'à Lebourgneuf

-7 km de tunnel réservé au tramway entre Saint-Roch et Lévis (peut-être à partir de 2035)

30 km de SRB (service rapide par bus) en deux réseaux à Québec et à Lévis : sur Charest, Guillaume-Couture et Des Rivières

30 km de voies réservées pour les autobus à Québec

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