Caisse de dépôt: 26 prêts en conflit d’intérêts chez Otéra Capital
La Caisse de dépôt a réalisé cet inventaire surprenant à propos d’un de ses hauts dirigeants en 2019
Jean-Louis Fortin
La Caisse de dépôt a identifié un total de 26 prêts qui plaçaient un de ses hauts dirigeants en conflit d’intérêts, trois mois après avoir exigé qu’il vende ses parts d’un centre commercial de Terrebonne.
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Notre Bureau d’enquête a consulté d’autres documents confidentiels de Otéra Capital, la filiale de prêt commercial de la Caisse, à propos de son premier vice-président Paul Chin.
En mai 2019, alors que le grand ménage sur l’éthique bat son plein à l’interne, des analystes chez Otéra répondent à une chaîne de courriels dont l’objet est : «IMPORTANT – Conflit d’intérêts». Ils travaillent sur un outil informatique pour répertorier les conflits d’intérêts, créé quelques mois plus tôt après une cascade de révélations embarrassantes de notre Bureau d’enquête sur l’éthique chez Otéra.
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«Il y a donc maintenant 26 prêts en situations [sic] de conflit [...], soit les 21 provenant de la liste ci-jointe et les 5 nouveaux ci-dessous», écrit un analyste d’affaires principal le 16 mai, dans un des courriels.
Avant la création de cet outil informatique, Otéra n’avait pas de tableau de bord pour faire un suivi des conflits d’intérêts. L’organisation se fiait aux déclarations de ses employés.
Transparent et collaborateur
Le plus ancien des prêts ajoutés ce jour-là remonte à 2012 et concerne la Place Alma, un centre commercial au Lac-Saint-Jean.
Les documents internes d’Otéra indiquent que le géant torontois de l’immobilier Timbercreek est lié à ce dossier de prêt. Or, la femme de Paul Chin, Julie Neault, travaillait au même moment pour Timbercreek, où elle a occupé des postes de direction à partir de 2012 et jusqu’en février 2022.
Otéra a soutenu hier que M. Chin avait déclaré tous ses intérêts en 2013, «incluant en ce qui concerne Timbercreek».
«[M. Chin] a toujours agi de bonne foi, de manière transparente et collaborative sur la gestion des conflits d’intérêts. Ce qui était déficient et qui a été rehaussé, entre autres, concernait l’encadrement pour gérer ces conflits», a affirmé le porte-parole d’Otéra dans une déclaration écrite.
Rapport secret
Hier, nous révélions que des dirigeantes d’Otéra avaient alerté d’urgence leurs équipes en février 2019 à propos des intérêts personnels de M. Chin dans un centre commercial de Terrebonne, auquel Otéra avait consenti des prêts totalisant 20,7 M$. M. Chin avait alors dû vendre ses parts dans un délai de trois mois.
M. Chin est encore en poste aujourd’hui, car selon Otéra, cette situation n’a «aucune commune mesure» avec les éléments qui ont mené au renvoi de ses dirigeants en 2019.
Les découvertes d’Otéra en 2019 concernant son premier vice-président n’ont jamais fait l’objet d’une divulgation publique de la part de la Caisse ou de son PDG de l’époque, Michael Sabia. Le rapport d’enquête externe commandé en 2019 est gardé confidentiel depuis ce temps, malgré nos demandes répétées pour l’obtenir.
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