Une mère de famille victime d’une violation de domicile voudrait que Québec paye pour ses bêtes


Kathryne Lamontagne
Une mère de famille de la Montérégie qui a survécu à une violation de domicile interpelle le ministère de la Justice pour que les victimes d’actes criminels puissent être indemnisées pour un chien d’assistance.
« Ce chien-là m’a sauvé la vie », lance sans détour Isabelle, une mère de quatre enfants, en entrevue, qui préfère passer sous silence son nom de famille.
C’est que le 3 avril 2020 au petit matin, un schizophrène en crise s’est introduit dans sa résidence, à Hudson, en Montérégie, et s’en est pris physiquement à elle et à sa fille aînée Sandra.
Dans un geste de légitime défense, la femme de 47 ans a empoigné un couteau et a poignardé l’agresseur, qui a succombé à ses blessures. Aucune accusation criminelle n’a été déposée contre elle dans cette affaire.
Vivant avec des séquelles d’un choc post-traumatique depuis ce drame, Isabelle et ses proches ont dû attendre près d’un an avant de pouvoir bénéficier des services de l’Indemnisation des victimes d’actes criminels (IVAC).
- Écoutez notre entrevue au sujet des chiens pisteurs avec le maître-chien Sébastien Lemay au micro d'Alexandre Moranville-Ouellet:
La mère de famille avait d’ailleurs dénoncé les lenteurs du système en nos pages, en décembre 2020.
Dans l’intervalle et sous les recommandations de son psychologue, Isabelle a adopté Pearl, un labrador femelle argenté.
« Ce chien nous a apporté tout ce qu’un humain, une thérapie, un médicament et un spécialiste ne peuvent pas faire », souligne Isabelle dans une lettre envoyée au ministère de la Justice ainsi qu’à l’IVAC, le 23 février dernier, afin de le sensibiliser à sa situation.
L’IVAC refuse de payer

Car malgré tout le bien que lui procure cet animal, l’IVAC refuse de défrayer les coûts reliés aux chiens.
« Si ces chiens nous sauvent la vie un peu plus chaque jour et nous aident à nous sortir de ce malheur qui nous hante, pourquoi [ne pas payer pour cet outil] ? » demande dans sa missive Isabelle, qui n’a pas pu reprendre son travail d’enseignante.
Grâce à Pearl, la femme se sent plus rassurée à la maison, où elle vit encore avec son conjoint et leurs enfants. L’animal contribue à augmenter son sentiment de sécurité et à contrôler son anxiété.
« Après ce qui est arrivé, tout était toujours triste, tout le monde avait toujours peur. Pearl, bizarrement, elle a compris qu’elle était là pour nous protéger. Elle est devenue notre protectrice. Elle nous a sécurisés », confie Sandra, qui est âgée de 21 ans.
« Âmes sœurs »

L’animal leur a fait tant de bien qu’une seconde bête, Forest, un braque hongrois à poils courts, ou vizsla, a rapidement intégré le clan. Et Pearl et Forest sont devenus les « âmes sœurs » de la famille.
« Ces chiens nous rassurent à 100 % du temps, nous permettent une réintégration progressive dans la société [...] Il est impossible pour nous de penser fonctionner sans ces chiens », écrit Isabelle.
En novembre dernier, Pearl et Forest ont joint le programme Anakim, qui forme des chiens d’assistance pour accompagner des personnes aux prises avec des troubles d’anxiété. Et l’IVAC a refusé de payer pour cette certification.
Le régime de l’IVAC ne prévoit pas expressément le remboursement d’un chien d’assistance ou de garde, explique le porte-parole Antoine Leclerc-Loiselle.
La loi prévoit toutefois « un pouvoir discrétionnaire » permettant l’octroi d’une aide financière, si une victime démontre son besoin d’obtenir un chien d’assistance.
L’IVAC ne sait toutefois pas combien de victimes d’actes criminels ont pu bénéficier d’une telle aide financière.
« Ça serait quoi de nous aider un peu ? » demande Isabelle.
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