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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Elle a fui un massacre en Ukraine grâce à son papa

Une mère de famille qui vit désormais à Lévis a survécu à l’horreur de Bucha

Inna Silchenkova, réfugiée à Lévis, est parvenue à fuir Bucha en compagnie de ses proches, dont sa fille de 5 ans Iryna, grâce à la présence d’esprit de son paternel. À l’avant-plan, une photo de son père, Mykhailo Savula, en compagnie de sa femme.
Inna Silchenkova, réfugiée à Lévis, est parvenue à fuir Bucha en compagnie de ses proches, dont sa fille de 5 ans Iryna, grâce à la présence d’esprit de son paternel. À l’avant-plan, une photo de son père, Mykhailo Savula, en compagnie de sa femme. Photo Didier Debusschère
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Photo portrait de Nora T. Lamontagne

Nora T. Lamontagne

2022-06-19T04:00:00Z
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En cette fête des Pères, une Ukrainienne réfugiée au Québec ne pourra jamais assez remercier le sien d’avoir coordonné leur fuite désespérée de Bucha, théâtre d’un massacre par les forces russes.

• À lire aussi: Un dernier tour de piste pour «le pilier de notre famille»

« C’est lui qui a pensé à un plan d’évacuation, qui nous a protégés pendant les bombardements, qui a transporté mes filles dans ses bras quand elles n’ont plus été capables de marcher. Il nous a sauvé la vie », témoigne Inna Silchenkova, qui habite maintenant en sécurité à Lévis.

Dès le premier jour de la guerre, la femme de 39 ans s’est réfugiée avec ses deux filles chez ses parents, sans savoir les horreurs qui attendaient la petite ville rapidement tombée aux mains de l’ennemi.

Des jours qui ont suivi, Inna Silchenkova ne retient que les bombardements incessants du voisinage et la terreur constante de voir les soldats russes débarquer. 

Son père, Mykhailo Savula, a tout fait pour rassurer ses proches et ses petites-filles adorées, terrés dans le sous-sol. Ancien pilote militaire, l’homme de 61 ans avait le sang-froid de quelqu’un qui a connu les combats, notamment en Afghanistan.

« Un soir, il nous a fait réaliser que personne n’allait venir nous sauver, et que notre seule chance de survie était de se rendre à pied jusqu’à Irpin », raconte l’Ukrainienne.

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Un départ déchirant

Le lendemain matin, les Savula quittaient leur maison.

« Papa a attaché une guenille blanche sur un bâton, les enfants ont mis des carrés blancs sur leurs sacs à dos, et on est partis. Je ne peux pas décrire ma peur », se remémore-t-elle.

Ses deux fillettes, âgées de 5 et 13 ans, ont fermé les yeux devant les nombreux cadavres qui jonchaient la rue.

Un peu plus loin, Inna Silchenkova dit qu’un missile est tombé quelques mètres devant eux, tuant d’autres Ukrainiens qui tentaient de fuir. « Qu’on soit encore en vie tient du miracle », laisse tomber l’esthéticienne de profession.

Après cette fuite éperdue, ses parents ont mis le cap sur l’Italie, tandis qu’elle a attendu en Pologne, avant d’arriver au Québec.

Depuis, Mykhailo, ou Misha comme elle l’appelle affectueusement, est de retour à Bucha. « Je crois qu’il avait le mal du pays. Il veut reprendre le contrôle de sa vie et aider sa ville à se reconstruire », affirme sa fille.

Pas de gâteau

S’ils étaient réunis pour la fête des Pères, Inna lui cuisinerait son fameux gâteau au chocolat et le remercierait d’être aussi présent pour sa famille. À la place, ils ont planifié un appel vidéo, comme à presque tous les jours.

La mère de deux fillettes aura évidemment aussi une pensée pour son mari, resté en Ukraine défendre son pays.

« C’est mon autre héros », dit-elle.


On a retrouvé environ un millier de corps à Bucha, une ville d’environ 35 000 habitants, quand elle a été libérée des forces russes, le 31 mars dernier.

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