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L'article provient de TVA Nouvelles
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Égypte ancienne: des scientifiques croient avoir découvert comment étaient acheminés les matériaux pour la construction des pyramides

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2024-05-16T16:05:27Z
2024-05-16T16:30:07Z
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Des scientifiques ont découvert un ancien bras du Nil, aujourd’hui asséché, qui s’écoulait le long d’une trentaine de pyramides dans l’Égypte ancienne, dont celles de Gizeh, permettant d’acheminer les matériaux pour ces constructions monumentales il y a plus de 4000 ans.

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Cette rivière longue de 64 km, baptisée Ahramat («pyramide» en arabe), fut longtemps enfouie sous les terres agricoles et le sable du désert, selon une étude parue jeudi dans la revue Communications Earth & Environnement.

Son existence expliquerait pourquoi autant de pyramides ont été construites à cet endroit, une bande aujourd’hui désertique située à l’ouest de la vallée du Nil, près de l’ancienne capitale égyptienne Memphis.

  • Écoutez l'entrevue avec Evelyne Ferron, historienne et auteure au micro d’Alexandre Dubé via QUB :

Cette vaste zone s’étend des pyramides de Licht (au sud) à la célèbre nécropole de Gizeh (au nord) où se trouvent les pyramides de Khéops, Khéphren et Mykérinos: soit 31 pyramides au total – la plus grosse concentration du pays – construites sous l’Ancien et le Moyen Empire, il y a entre 4700 et 3700 ans environ.

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Les spécialistes de l’Égypte ancienne savaient que les populations de l’époque avaient utilisé une voie d’eau proche pour réussir à bâtir d’aussi gigantesques complexes, distants de plusieurs kilomètres du cours principal du Nil.

«Mais personne n’était certain de l’emplacement, de la forme et de la taille de cette “méga” voie d’eau», dit à l’AFP Eman Ghoneim, de l’Université de Caroline du Nord à Wilmington, principale autrice de l’étude.

Pour la cartographier, son équipe de chercheurs a fait appel à l’imagerie satellitaire radar. «Contrairement aux photos aériennes ou aux capteurs satellitaires optiques qui fournissent des images de la surface du sol, les capteurs radar ont cette capacité unique de décaper la couche de sable pour révéler des structures anciennes ou des rivières enfouies», explique cette spécialiste de géomorphologie.

Des analyses sur le terrain, notamment des extractions profondes dans le sol, ont confirmé les données satellitaires et dévoilé la rivière cachée. Elle s’écoulait sur 64 km, avec une largeur comprise entre 200 et 700 mètres, équivalente au cours actuel du Nil. 

Ports fluviaux

Le niveau du Nil étant alors beaucoup plus haut qu’aujourd’hui, il possédait de multiples branches traversant la plaine inondable, dont il est difficile de retrouver la trace tant le paysage a été transformé par la construction du barrage d’Assouan dans les années 1960.

Les pyramides se trouvaient à seulement 1 km en moyenne des rives de la branche Ahramat, bâties plus ou moins en surplomb de la plaine inondable – celles de Gizeh étant même juchée sur un plateau. «Nos recherches ont révélé que beaucoup de ces pyramides possédaient une passerelle surélevée menant à des temples plus bas dans la vallée, qui servaient de ports fluviaux», précise Eman Ghoneim.

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Autant de preuves, selon elle, que la branche Ahramat a joué un rôle d’autoroute pour transporter les quantités massives de matériaux et d’ouvriers nécessaires à la construction des pyramides.

«Ces matériaux, pour la plupart en provenance de régions plus au sud, étaient lourds et de grande taille, donc plus faciles à faire flotter sur un fleuve qu’à acheminer par voie terrestre», remarque Suzanne Onstine du département d’histoire de l’Université de Memphis, l’une des autrices des travaux.

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Selon l’historienne, les temples des bords de l’Ahramat auraient servi de quais destinés à recevoir l’entourage funéraire pour l’enterrement du pharaon. «C’est là que se déroulaient les rites avant que le corps ne soit transporté vers sa sépulture définitive à l’intérieur de la pyramide», suggère-t-elle.

L’étude détaillée des différents tronçons de la rivière «nous montre comment chaque pyramide a été construite en fonction du contact avec la voie d’eau», ajoute Suzanne Onstine. Cette étude permettra selon elle de mieux comprendre «pourquoi les rois de la période de la IVe à la XIIe dynastie ont choisi de construire à tel ou tel endroit».

«Cette découverte rappelle à quel point les choix, en matière de construction, d’habitat, d’agriculture, ont été fortement influencés par les changements naturels», conclut-elle. 

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