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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Edgar Fruitier évitera-t-il la prison?

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Yves Poirier | TVA Nouvelles

2021-12-17T16:37:29Z
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Après son procès pour abus sexuel qu’il était apte à subir et sa condamnation l’été dernier, on peut aujourd’hui se demander si l’homme de théâtre Edgar Fruitier, 92 ans, ira en prison et purgera sa peine de six mois.

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Vendredi matin, devant la Cour d’appel du Québec, Me Gaétan Bourassa a demandé au plus haut tribunal du Québec de reporter la cause à une date ultérieure dans le but de permettre à Edgar Fruitier de subir un examen médical approfondi. 

Une lettre d’un neurologue, qui n’a pas rencontré M. Fruitier, mais qui fait tout de même état de la détérioration de santé mentale, de troubles cognitifs qui progressent rapidement, de perte de mémoire neurologique qui s’apparente à la maladie d’Alzheimer, a été déposée en cour.

Me Bourassa n’est pas convaincu que son client comprend le message dissuasif associé à une peine de prison. 

«Il se peut que le message ne soit jamais capté et compris par Edgar Fruitier qui est pourtant un des objectifs à atteindre, c’est de susciter la compréhension chez les délinquants.»

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Edgar Fruitier serait isolé «dans son sous-sol avec sa propre musique et son petit monde intérieur». Quand Me Bourassa discute avec son client, il ne se souvient pas de ce qu’il lui a dit antérieurement.

En réaction, le juge Morissette a tout même demandé aux avocats de plaider sur le fond vendredi et avant de suspendre la cause jusqu’en mars prochain.

«Nous avons ici un problème à la fois inusité et difficile. Vous allez plaider le dossier sur le fond ce matin, mais nous allons suspendre la procédure d’appel jusqu’au 30 mars 2022. Le 30 mars, le délibéré commencera, et, quel que soit l’état du dossier, un jugement sera rendu sur le fond possiblement à la lumière d’une preuve nouvelle qui aura entre-temps été déposée», a indiqué le juge Yves-Marie Morissette de la Cour d’appel.

Rappel des faits     

Rappelons qu’Edgar Fruitier a abusé sexuellement un adolescent dans les années 70.  

«Les gestes posés par l’accusé ont eu un effet dévastateur sur le plaignant, avait laissé tomber le juge Marc Bisson, en rendant sa décision au palais de justice de Longueuil. La responsabilité de l'accusé est entière. [...] La peine doit envoyer un message. L’homme de théâtre a accueilli le verdict sans broncher, comme depuis le début des procédures judiciaires qui ont débuté en 2018.»

C’est à l’été 1974 que l’accusé avait dégoté à sa victime un emploi dans un théâtre d’été en Estrie.  

Il lui avait même offert de l’héberger à son chalet, là où la première agression a eu lieu. Edgar Fruitier, alors âgé de 44 ans, avait attrapé les parties génitales de l’adolescent de 15 ans.   

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L’adolescent considérait alors le mélomane comme son « grand frère ». 

Celui qui a prêté sa voix à Mr. Burns dans la populaire émission Les Simpson a aussi commis des gestes similaires, qui se sont produits à deux autres reprises, en 1976, au domicile de l’accusé, à Brossard, où la victime avait été embauchée pour faire du ménage. 

«Plus honte»        

En mars dernier, la victime de Fruitier a décidé de confronter en pleine salle d’audience son agresseur lors des observations sur la peine, levant du même coup l’ordonnance de non-publication sur son identité.  

«J’ai décidé de sortir de l’ombre, je n’ai plus honte, je n’ai plus peur de vous. Je me sens propre, je me sens à l’aise. Je tourne la page », a alors affirmé Jean-René Tétreault, 62 ans, ajoutant qu’il lui avait « volé sa liberté». 

La Couronne avait suggéré une peine de six à neuf mois de détention, tandis que la défense réclamait une condamnation avec sursis accompagnée d'une probation, vu la condition physique précaire et l’absence d’antécédents de son client.  

En septembre dernier, à sa sortie de prison, lorsque TVA Nouvelles lui a demandé si la victime recevra les excuses qu’elle exige, l'artiste et mélomane a laissé entendre que c’est plutôt lui qui a subi des dommages dans cette histoire.

«C’est moi la victime», a-t-il déclaré malgré les consignes de son avocat de ne pas commenter le dossier, et selon qui «ce n’est pas le moment» de parler publiquement de l’affaire. 

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