Écoles privées religieuses subventionnées: division et malaise chez les libéraux

Nicolas Lachance
Le positionnement du caucus libéral pour cesser le financement des écoles religieuses au nom de la laïcité crée un malaise au sein des troupes. Deux candidats à la chefferie s’affichent publiquement contre ce changement de cap.
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Tout comme le premier ministre François Legault, les candidats à la chefferie libérale Denis Coderre et Frédéric Beauchemin souhaitent que l’État continue de financer les écoles privées à vocation religieuse.
Chaque année, une cinquantaine d’établissements de confession religieuse reçoivent environ 160 M$ de l’État pour financer leurs activités, selon une compilation effectuée par un média d’information en 2022.
Dans la foulée des dérives religieuses à l’école Bedford, les libéraux ont voté en faveur d’une motion du Parti Québécois qui réclamait entre autres la fin de leur financement public.
Pour Denis Coderre, la question aurait dû être tranchée par les militants et non par le caucus.
«En écoutant le débat que l’on peut qualifier de “l’affaire de l’école Bedford”, j’apprends avec stupeur et surprise le virage de notre caucus du PLQ concernant le financement de l’État québécois des écoles religieuses privées», a déclaré l’ex-maire de Montréal dans une lettre envoyée au chef par intérim du PLQ, Marc Tanguay. «J’ai un malaise sérieux et profond avec la façon et la décision dans ce dossier.»
«En fait, je suis contre ce changement de cap. Je demande que la Commission Politique du PLQ amorce (si ce n’est déjà fait) un débat dont l’issue passe par les militants de notre parti. Je m’engage à être le porte-étendard de la décision de nos militants.»
Patrimoine religieux
Toutefois, M. Coderre a «l’impression de retourner au débat de la charte des valeurs», dit-il. Il estime que le parti «flush» son passé patrimonial et qu’il s’agit d’une «tendance absolutiste et sectaire».
«Nous sommes le PLQ et non le PLQS... Des nuances s’imposent», affirme-t-il.
Dans sa missive, M. Coderre fait référence à sa «foi» et vante les mérites de l’école privée Marie-Clarac, à Montréal-Nord, que ses enfants ont fréquentée.
«Même si je peux sembler en apparence de conflit d’intérêts, par ma foi et parce que mes enfants ont fréquenté une école privée religieuse financée (en partie) par l’État québécois, jamais l’égalité homme-femme a été mise en cause», dit-il.
Rappelons que le premier ministre François Legault a également défendu le financement public des écoles privées religieuses, dont plusieurs sont d’héritage catholique.
Cursus scolaire
De son côté, Frédéric Beauchemin prône la liberté de choix si les écoles agissent en conformité du cursus scolaire gouvernemental.
«Ce qu’on attaque réellement ici, ce sont les subventions aux écoles privées en général et la liberté de choix aux parents qui souhaitent envoyer leurs enfants dans l’école qu’ils désirent, et il est essentiel de préserver cette liberté», a-t-il déclaré.
Élu, il a néanmoins accepté la décision de son caucus, car il est «un gars d’équipe» et qu’il ne souhaitait pas s’écarter de la ligne de parti.
«Ceci étant dit, je suis candidat à cette course à la direction et je souhaite conséquemment proposer une vision différente comme leader», a-t-il nuancé, admettant qu’il y a eu un malaise au caucus.
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