Drame de Wendake: Michael Chicoine plaide coupable du meurtre de ses deux fils
Il a été condamné à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 16 ans et demi.


Pierre-Paul Biron
Condamné à perpétuité après avoir plaidé coupable mercredi, Michael Chicoine passera au moins les 16 prochaines années en prison pour le meurtre de ses deux fils Olivier et Alex, un double homicide que le juge François Huot a qualifié de «monstrueux», un crime «contre-nature».
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Initialement prévu pour débuter son procès le 16 janvier prochain, Michaël Chicoine a finalement choisi d’éviter à son ex-conjointe l’odieux de revivre l’impensable, soit les détails entourant la mort d’Olivier, 5 ans et Alex, 2 ans.

«Il est temps de stopper l’hémorragie et de mettre une forme de point final à ce drame épouvantable pour Émilie, sa famille, ses amis et ma famille», a laissé tomber l’homme de 32 ans dans une déclaration qu’il a difficilement lue.
L’homme de 32 ans venait de plaider coupable aux deux accusations de meurtre au deuxième degré de ses enfants. Il a été précisé que les deux garçons auraient été tués «probablement «d’une suffocation par obstruction des voies respiratoires extérieures et/ou d’une strangulation». Des oreillers retrouvés à proximité des corps, tâchés du sang des enfants, laissent croire que c’est de cette façon que Chicoine a mis fin à leur trop courte vie.
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Le père meurtrier avait ensuite photographié les deux corps inertes, avant d’envoyer une photo à sa propre mère et à son ex-conjointe, la mère des deux victimes.

La couronne et la défense se sont entendues pour une suggestion commune sur la peine, qui a été entérinée immédiatement par le juge François Huot. Michaël Chicoine a donc été condamné mercredi à l’emprisonnement à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle avant 16 ans et 6 mois.
Diatribe sentie du juge Huot
Avant de laisser l’accusé prendre le chemin des cellules, le juge Huot a tenu à lui faire clairement savoir ce qu’il pensait des gestes posés dans un réquisitoire sévère.
«Ils étaient beaux vos enfants, accusé. Ils étaient très beaux. Ils étaient jeunes, ils avaient toute la vie devant eux», a tout d’abord mentionné le magistrat, avant de dénoncer vivement ces infanticides qui frappent le Québec, parlant de vies volées «pour des problèmes d’adultes».
«J’en ai marre de voir ces personnes lâches qui s’en prennent à des petits enfants sans défense pour faire progresser leurs idées ou leur soif de vengeance», a martelé François Huot, haussant même le ton en demandant à Michaël Chicoine pourquoi au fond, il avait commis de tels gestes.
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«Par vengeance pour vos problèmes conjugaux? Pour poignarder le cœur d’Émilie Arsenault? Pour la faire souffrir? Pour la punir, vous vous en êtes pris à votre propre sang.»
Puis, quand le juge a évoqué la dure réalité selon laquelle Chicoine ne verrait jamais Olivier et Alex jouer au hockey, entrer jamais à l’école, vivre un premier amour ou avoir à leur tour des enfants, l’accusé s’est effondré en larmes.
«Tout ça me lève le coeur», lui a simplement rétorqué le juge Huot, rappelant que les petits étaient sous sa responsabilité. «Vous étiez leur défenseur, leur superhéros. Vous étiez leur père», a-t-il insisté en haussant encore la voix, ajoutant qu’il a toujours cru l’accusé en possession de ses moyens au moment du crime.
Cinq semaines pénibles évitées
À sa sortie de la salle de cour, le procureur de la couronne Me Jean-Simon Larouche s’est dit satisfait pour les proches des deux petites victimes, qui pourront enfin vivre leur deuil «un peu plus sereinement».
«Vous avez vu comment c’était chargé en émotion cet après-midi, donc imaginez-vous cette émotion-là pendant cinq semaines», a-t-il mentionné à propos du procès qui devait s’ouvrir le 16 janvier prochain, mais qui sera évité.

L’avocat de la poursuite s’est aussi réjoui du message fort envoyé par la peine sévère d’emprisonnement à vie sans possibilité de libération avant 16 ans et demi.
«Je crois sincèrement que les crimes contre les enfants doivent être dénoncés de façon claire par les tribunaux et la peine prononcée aujourd’hui et les commentaires du juge sont à cet effet», a ajouté Me Larouche.
En défense, Me Pierre Gagnon a admis que la révision récente du dossier avait permis de déterminer que la défense envisagée de non-responsabilité criminelle pour troubles mentaux n’était pas «de niveau suffisant» pour aller à procès.
«Il y a quelques semaines [M. Chicoine] m’a donné le mandat d’entreprendre des pourparlers avec la poursuite pour tenter d’arriver à un règlement», a expliqué l’avocat.
Évaluation psychiatrique
Ce plaidoyer de culpabilité, il aura d’ailleurs été fait dans les plus strictes règles de l’art. Initialement prononcé en avant-midi mercredi, le juge François Huot a insisté pour attendre avant de l’officialiser pour s’assurer de l’état mental de Michael Chicoine.
Souhaitant éviter toute ambiguïté et la possibilité d’un futur appel, le juge a ordonné qu’une évaluation sur l’aptitude à enregistrer son plaidoyer soit tenue sur l’heure du midi.
Déjà présente en salle, la psychiatre Diane Leblanc a été mandatée pour rencontrer Michael Chicoine. À la suite de cette courte rencontre, l’experte a déclaré l’homme de 32 ans tout à fait conscient des conséquences d’une telle décision, permettant du même coup au juge Huot d’entériner la décision.
Le drame de Wendake
11 octobre 2020 :
Michael Chicoine tue ses deux fils, Olivier, 5 ans et Alex, 2 ans.
14 octobre :
La mère de Chicoine publie une lettre ouverte abordant les importants problèmes de santé mentale de son fils. On apprend dans les mêmes jours que des signalements à la DPJ avaient été faits par la mère, mais non retenus.
20 mai 2021 :
Une première date de procès est fixée pour septembre 2021
4 avril 2022 :
Après des délais, une deuxième date est fixée, cette fois pour septembre 2022
25 avril 2022 :
La DPJ et le ministère de la Santé et des Services sociaux sont mis en demeure pour 2M$ par la mère des victimes, Émilie Arsenault
Juin 2022 :
Michael Chicoine change d’avocat, passant de Me Pierre Gagnon à Me Alexandra Longueville. Ce changement provoque à nouveau un report du procès, cette fois à janvier 2023
28 octobre 2022 :
Chicoine change à nouveau d’avocat, revenant à Me Pierre Gagnon. Le juge François Huot avise toutefois les parties qu’aucun nouveau délai ne sera accordé.
14 décembre 2022 :
Michael Chicoine plaide coupable, évitant du même coup un procès qui se serait assurément avéré difficile pour les proches des victimes
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