Drame de Wendake: des mots durs à l’endroit de celui qui a bouleversé leur vie
Les proches de Michael Chicoine et des petites victimes ont tenu à se faire entendre avant le prononcé de sa peine


Pierre-Paul Biron
«Je dois apprendre à vivre». «C’est impossible pour moi de te pardonner». «Je me sens honteuse d’être du même sang que toi». C’est dans des mots durs, empreints de colère et d’incompréhension que les familles de Michael Chicoine et de son ex-conjointe ont décrit mercredi les conséquences du double meurtre d’Olivier et Alex sur leur vie.
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Présente en salle de cour, la mère d’Olivier et Alex, Émilie Arsenault a confié que la vie avait «cessé d’exister» le 11 octobre 2020, décrivant les mots sans appel prononcés par les policiers au petit matin comme «une sentence à vie».

Rappelant que ses deux fils lui avaient donné la force de sortir de sa relation malsaine avec l’accusé, elle a mentionné avoir cru à ce moment que «rien ne pouvait l’empêcher d’être heureuse».
«Sauf celui qui devait m’aider à les protéger du reste du monde», a-t-elle ajouté, à regret, dans cette déclaration lue par le procureur de la couronne, Me Jean-Simon Larouche.
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Le grand-père des garçons, Jean-Guy Arsenault, a quant à lui expliqué être contraint de survivre plutôt que de vivre depuis les événements. «Je dois me résilier à accepter l’inacceptable. J’aurais tellement voulu être là, pour pouvoir vous défendre. Vous étiez si petits du haut de vos deux et cinq ans. SI seulement j’avais pu être là pour vous protéger.»

Le frère d’Émilie Arsenault a confié au juge François Huot l’horreur de devoir expliquer à ses propres enfants le sort terrible qui avait été réservé à leurs cousins. Un moment où ils ont «perdu toute leur innocence».
«La dernière fois que ma fille a pleuré pour ses cousins, c’était la nuit où je lui ai dit qu’ils étaient morts. [...] Nous avons assisté, impuissants, à la construction d’une prison autour de son cœur», a raconté dans une touchante lettre Dave Arsenault.
Famille déchirée
La sœur de l’accusé a confié de son côté avoir parfois honte d’être la sœur de Michaël Chicoine.
«J’ai essayé à maintes reprises de concevoir ce qui a pu traverser ta tête, ce qui t’a mené à poser ce geste, impardonnable, égoïste et lâche», a confié avec émotion Vanessa Chicoine-Vibert.
«Je t’en veux, je te déteste, mais une partie de moi s’efforce encore de croire que ce soir-là quelque chose de plus fort que l’univers t’as fait oublier ta propre dignité», a ajouté la jeune femme, rappelant le problème de santé mentale de son frère et les ratés du système qui ont, à son avis, fini par couter la vie à ses neveux.

La mère de l’accusé, Mylène Chicoine, a aussi rappelé que les gestes posés par son fils étaient impardonnables, avant d’insister malgré tout qu’elle «serait là pour lui».
«En plaidant coupable. Tu reconnais ta responsabilité et nous évites à tous de revivre des moments douloureux. [...] J’espère que le système sera en mesure de t’apporter l’aide dont tu as besoin», a adressé la mère éplorée à son fils, qui essuyait ses larmes de ses mains menottées.
Excuses de Chicoine
Ce dernier a d’ailleurs tenu lui aussi à s’adresser à la cour avant de se retrouver à l’ombre pour au moins les 16 prochaines années.
En larmes, d’une voix éteinte, il a reconnu les ravages qu’il a faits dans les vies de ses proches. S’adressant à son ex-conjointe, il a affirmé prendre l’entière responsabilité des torts qu’il a causés, soulignant le courage de la mère des deux enfants dans cette horrible épreuve.
«Je te souhaite de pouvoir poursuivre tes rêves», a-t-il laissé tomber en lui demandant pardon.
Chicoine s’est aussi excusé à la communauté de Wendake pour avoir commis cet acte horrible sur leurs terres, tout comme à ses concitoyens de la communauté de Uashat Mak Mani-Utenam, «pour leur avoir fait honte».
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