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L'article provient de TVA Nouvelles
Justice et faits divers

Drame à Amqui: une longue convalescence pour la population qui «commence à peine à se remettre debout»

Louise André, une citoyenne d'Amqui, constate que la ville a changé depuis le drame.
Louise André, une citoyenne d'Amqui, constate que la ville a changé depuis le drame. Photo Jeremy Bernier
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Photo portrait de Jérémy Bernier

Jérémy Bernier

2023-12-16T05:00:00Z
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AMQUI | Marquée au fer rouge par la tragédie qui a fait trois morts et huit blessés il y a un peu plus de neuf mois, la population d’Amqui «commence à peine à se remettre debout».

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«Quand je repense à tout ça, j’en ai encore des frissons», lance d’entrée de jeu la mairesse de la ville bas-laurentienne, Sylvie Blanchette.

Rencontrée par Le Journal pour faire le bilan de la situation avec un peu plus de recul, Mme Blanchette se rappelle d’avoir été alertée par la situation par un ami qui passait par là. 

Elle s’est aussitôt précipitée sur place pour apporter son aide et a pu constater de ses propres yeux l’horreur de la scène. A suivi une gestion de crise qui a duré plusieurs jours.

Sylvie Blanchette, mairesse d'Amqui.
Sylvie Blanchette, mairesse d'Amqui. Photo Jeremy Bernier

«Est-ce que j’étais prête à gérer un événement du genre? Je ne sais pas. Mais quand ça survient, on n’a pas le temps de se poser des questions», explique la mairesse.

«Personne ne pouvait prévoir que ça se passerait dans un endroit tranquille comme ici. Souvent, on ne barre même pas nos portes!» souligne-t-elle.

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Crainte persistante

Dès que le périmètre de sécurité a été levé, Mme Blanchette a tenu à marcher sur les lieux du drame, pour inviter les citoyens à reprendre possession de leur ville.

Mais malgré l’arrestation du chauffard responsable de l’attaque et l’eau qui a coulé sous les ponts dans les derniers mois, des citoyens restent craintifs. 

«Il y a comme une certaine vigilance qui s’est installée. Personnellement, je marche maintenant du côté qui fait face au trafic», lance Louise André, propriétaire d’une boutique installée depuis peu sur le boulevard Saint-Benoît Ouest.

L'attaque au camion-bélier s'est produite sur le boulevard Saint-Benoît Ouest, à Amqui, le 13 mars 2023.
L'attaque au camion-bélier s'est produite sur le boulevard Saint-Benoît Ouest, à Amqui, le 13 mars 2023. Photo Jeremy Bernier

Et elle n’est pas la seule. Plusieurs personnes rencontrées par Le Journal évitent carrément d’aller se promener à pied sur l’artère, le souvenir de l’attaque étant encore trop frais.

«On commence à peine à se remettre debout. On y pense encore régulièrement», affirme Rémi Vallée, dont le cousin fait partie des victimes.

Événement isolé

Sylvie Blanchette tient toutefois à rappeler que la ville demeure sécuritaire et que cet événement ne représente pas ce qu’est réellement la municipalité.

«Amqui, ce n’est pas seulement cette tragédie-là. C’est bien plus que ça. Et ça s’est vu dans la solidarité qui a suivi le drame», estime la mairesse.

L'une des victimes de la tragédie et femme de Jean Lafrenière, Pauline Desmarais, entourée de son ami (à droite) Daniel Thériault et du prêtre d'Amqui (à gauche) Kindé Arouko.
L'une des victimes de la tragédie et femme de Jean Lafrenière, Pauline Desmarais, entourée de son ami (à droite) Daniel Thériault et du prêtre d'Amqui (à gauche) Kindé Arouko. Photo Jeremy Bernier

«On s’est nourri de l’amour et du soutien qui nous ont été envoyés. Je pense que ça a fait la différence pour passer à travers», ajoute-t-elle.

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Cette dernière indique par ailleurs que la Ville est à planifier une commémoration pour souligner l’année passée depuis le drame, le 13 mars prochain.

Une communauté tissée serrée

La douleur vive partagée par les citoyens d’Amqui, en mars dernier, a permis de révéler au grand jour le lien unique qui unit les gens de la municipalité.

«On n’attend pas les drames pour bien faire, mais cet événement-là a rassemblé les gens. Tout le monde était derrière les 11 victimes et ressentait leur douleur», estime Kindé Arouko, prêtre de la communauté depuis 5 ans.

Le prêtre d'Amqui, Kindé Arouko.
Le prêtre d'Amqui, Kindé Arouko. Photo Jeremy Bernier

L’église Saint-Benoît-Joseph-Labre d’Amqui a d’ailleurs été un lieu de rassemblement important dans les jours qui ont suivi l’attaque, que les gens soient croyants ou non.

«Tout le monde se connaît ici, c’est comme si on faisait tous partie de la même famille. Quand [l’accusé] s’en est pris aux victimes, c’est comme s’il s’en prenait directement à nous», souffle avec émotions Daniel Thériault, un ami de deux des victimes.
 

Ce qu'ils ont dit
 

«Au début, j’avais la rage. Mais il faut que la vie continue, il ne faut pas laisser ce gars-là gagner.»

  • Daniel Thériault, ami de victimes

«Je me rends compte aujourd’hui que j’ai passé des moments difficiles, mais tout le Québec nous supportait dans notre peine.»

  • Pauline Desmarais, victime et femme de Jean Lafrenière

«J’ai encore un blocage, je suis incapable de marcher près du lieu de l’accident.»

  • Sylvie Ross, femme de Gérald Charest

«Il n’y a pas d’instructions sur comment réagir dans ces cas-là. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait avec le cœur.»

  • Sylvie Blanchette, mairesse d’Amqui

«Ce n’est pas quelque chose qu’on peut oublier du jour au lendemain, ça va prendre des années pour qu’on s’en remette complètement.»

  • Louise André, citoyenne

«On se console en se disant qu’il y a eu une journée pédagogique ce jour-là parce que [l’accusé] aurait pu faire beaucoup plus de victimes.»

  • Rémi Vallée, citoyen

«Tu penses toujours que ça arrive ailleurs... On sent qu’il y a eu un changement dans la région depuis le drame.»

  • Annie Gobeil, membre du conseil d’administration de la Fabrique d’Amqui

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