Drame à Amqui: «On n’a pas le choix de vivre», lance une miraculée
La femme de Jean Lafrenière, décédé dans l’attaque, a elle-même failli y rester


Jérémy Bernier
AMQUI | Une femme qui a perdu son mari dans l’attaque au camion-bélier d’Amqui en mars dernier, et qui a déjoué tous les pronostics en échappant elle-même à la mort, tente de profiter de chaque jour comme si c’était le dernier.
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«On n’a pas le choix de vivre et de regarder vers l’avant. On ne peut pas continuer de se morfondre éternellement», lance Pauline Desmarais, qui a accepté de se confier pour la première fois au Journal, neuf mois après le drame.

La femme de 73 ans se promenait sur le boulevard Saint-Benoît Ouest avec son mari, Jean Lafrenière, lorsqu’un forcené leur a foncé dessus le 13 mars dernier. M. Lafrenière, aussi âgé de 73 ans, est mort sur le coup.
De son côté, Mme Desmarais a passé cinq semaines dans le coma, grièvement blessée. Elle a notamment souffert de fractures aux avant-bras, aux côtes et aux jambes, en plus de subir une hémorragie liée à des fissures au foie, à l’estomac et à la rate.
«L’hémorragie s’est arrêtée le jour où ils pensaient me débrancher. C’est un peu un miracle», raconte Mme Desmarais.

«Je n’ai aucun souvenir de l’accident, mais quand je me suis réveillée, je savais que mon mari était parti. Il est venu me voir dans mon coma. Ça a été un soulagement pour mes enfants de ne pas avoir ce fardeau-là à m’apprendre», ajoute-t-elle, les larmes aux yeux.
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Une année de premières fois
Huit personnes ont été blessées au total dans la tragédie qui a aussi coûté la vie à Simon-Guillaume Bourget, 41 ans, et à Gérald Charest, 65 ans.
Ce dernier faisait sa marche quotidienne sur l’artère, durant laquelle il en profitait pour discuter avec des passants, lorsqu’il a été happé de plein fouet.

«Il n’est jamais rentré... Ça a pris une éternité avant qu’on sache s’il faisait partie des victimes. Ça a été des moments très difficiles», indique pour sa part la femme de M. Charest, Sylvie Ross.
Neuf mois plus tard, celle qui était mariée à Gérald Charest depuis plus de 42 ans n’a toujours pas été capable de faire entièrement son deuil. Traumatisée par le drame, elle refuse d’ailleurs toujours de s’aventurer à pied sur le boulevard Saint-Benoît Ouest.

«Il nous manque une présence à la maison. On ne compte plus les premières fois qu’on a eues cette année, sans Gérald. C’est sûr que Noël sera différent cette année», soupire Mme Ross.
Nouveau regard sur la vie
Mais malgré toute l’horreur que ça leur a apportée au quotidien, ce drame sans nom leur a aussi permis d’ouvrir les yeux sur l’importance de profiter de la vie tant qu’elles le peuvent.
Mme Desmarais a repris rapidement ses cours de danse et elle enchaîne les activités sociales, tandis que Mme Ross ne passe que très peu de temps à la maison, souvent occupée avec sa famille et ses amis.

Les deux femmes prévoient d’ailleurs partir en voyage dans les prochains mois.
«C’est sûr que ça a changé notre façon de voir la vie. Et puis, on passe notre temps à faire des câlins à tout le monde!» lance Mme Desmarais en riant.