Doug Ford pète une coche contre la docilité du Canada de Carney face à Trump

Raphaël Pirro
OTTAWA | Doug Ford en a marre de tendre l’autre joue : le premier ministre de l’Ontario s’est emporté contre la stratégie de Mark Carney et lui demande de recommencer à jouer dur contre les États-Unis de Donald Trump.
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«Mon message pour le premier ministre quand je vais le rencontrer jeudi, c’est que "si vous ne pouvez pas avoir de deal, commencez à donner des coups en retour". Il faut commencer à frapper fort les États-Unis», a-t-il ragé en conférence de presse mercredi après-midi.
M. Ford, qui rencontre le premier ministre Carney à Toronto jeudi, réagissait à l’investissement massif de 13 milliards $ du constructeur automobile Stellantis aux États-Unis.
M. Ford s’est même excusé d’être un peu trop remonté... c’est que le président américain le rend «complètement fou».
«Je suis vraiment écœuré de rester les bras croisés. Nous devons nous battre. [...] C'est la seule chose qu'il comprenne», a-t-il pesté.
Il s’agit d’une vraie claque au visage pour l’Ontario, car Stellantis a annoncé du même coup qu’elle ferait finalement construire les Jeep Compass en Illinois plutôt qu’à Brampton, en Ontario, tel qu’initialement prévu.
En conséquence, le gouvernement de Mark Carney menace maintenant de poursuivre le conglomérat international pour ce qu’il considère être un manquement aux obligations contractuelles.
«Nous demandons que [Stellantis] respecte ses obligations découlant des milliards de dollars d'aide financière qui vous ont été accordés au cours des dernières décennies», a écrit la ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie du Canada, Mélanie Joly, dans une lettre au PDG Antonio Filosa mercredi.
Le gouvernement Ford songe à imiter le fédéral en se saisissant des tribunaux.
D’abord combattif, le Canada a peu à peu cédé du terrain aux États-Unis dans l’espoir d’en arriver à un accord, au moins temporaire, pour la levée des tarifs.
Mais après avoir abandonné ses contre-tarifs et avoir reculé sur la taxe sur les services numériques, le gouvernement Carney n’a toujours pas ouvert de brèche dans la stratégie protectionniste des États-Unis.
Pendant ce temps s’empilent les tarifs douaniers sur de nombreuses explorations canadiennes. Dernières en lice les droits de douane supplémentaires de 10 % sur le bois d’œuvre et de 25 % sur certains meubles fabriqués hors des États-Unis sont entrés en vigueur mardi.
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