Double meurtre dans Lanaudière: un rappel douloureux de dénoncer et «agir tout de suite»
Des cellules d’intervention peuvent être réunies pour évaluer la gravité de la situation en cas de risque d’homicide conjugal

Laurent Lavoie
L’assassinat de deux jumeaux par leur père dans Lanaudière vient douloureusement rappeler l’importance d’alerter au moindre signe suspect les autorités, qui peuvent alors mettre en place une cellule d’urgence pour prévenir une tragédie, plaident des intervenantes en violence conjugale.
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«Ce n’est pas déplacé d’appeler la police ou de signaler une situation quand on a un mauvais feeling. Ce n’est pas inapproprié», insiste Maud Pontel, coordonnatrice générale à l’Alliance des maisons d’hébergement de 2e étape.
- Écoutez l’entrevue avec Geneviève Landry, DG de l’organisme « Entraide pour Homme » au micro de Jean-François Baril via QUB radio :
Ianik Lamontagne a provoqué une nouvelle vague d’indignation samedi, à Notre-Dame-des-Prairies, en assassinant ses bambins de trois ans et demi, avant de s’enlever la vie.
L’homme de 46 ans, qui aurait souffert de dépression sévère, avait été arrêté après que son ex-conjointe a déposé une plainte pour harcèlement. Il avait été relâché deux jours avant de commettre le geste odieux.

Filet de sécurité
Malgré tout, des intervenantes implorent la population à dénoncer rapidement, même dans le doute.
«On est mieux de ne pas prendre de chance et d’agir tout de suite», insiste Maud Pontel.
Des cellules d’intervention rapide visant à prévenir les homicides en contexte conjugal ont d’ailleurs été instaurées récemment un peu partout au Québec.
Elles consistent à rassembler organismes d’aide, policiers, et maisons d’hébergement, par exemple, pour mettre en place un plan de sécurité.

Geneviève Landry, directrice générale de l’organisme Entraide pour hommes, a recensé de son côté plus de 80 rencontres du genre pour des risques d’homicides imminents dans la dernière année.
«Ce que l’entourage doit retenir, c’est qu’il y a des ressources spécialisées qui sont là pour installer un filet de sécurité, souligne Mme Landry. Dans le pire des cas, on va vous dire qu’il n’y a pas de danger.»

Travailler en amont
«Plus on va connaître les signaux avant-coureurs, les facteurs de risque, moins on va être dans la course contre la montre», fait valoir Louise Riendeau, porte-parole pour le Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale.
Certains événements bien précis peuvent entraîner une «bascule» chez un ex-partenaire, comme la réception des papiers de divorce ou l’arrivée d’un nouveau conjoint.
Dans le cas de Ianik Lamontagne, qui aurait notamment installé un GPS dans le véhicule de son ex, c’est son arrestation qui l’aurait particulièrement secoué, avait avancé au Journal un ami.
Le dossier n’avait pourtant pas encore été transmis au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) pour évaluation en vue du dépôt d’accusations.
«Je pense que tous les hommes arrêtés en matière de violence conjugale devraient être évalués. Ça, ce serait dans un monde idéal. À partir de là, on peut évaluer les gestes qui ont été commis», indique Geneviève Landry.
Quels facteurs sont associés aux homicides conjugaux et filicides?
- Mauvais traitements durant l’enfance
- Antécédents criminels de violence conjugale ou d’agression sexuelle
- Signes dépressifs
- Perte d’emploi ou être sans emploi et éprouver des difficultés financières
- Idées suicidaires
- Contexte de séparation
- Différence d’âge entre les conjoints
- Comportement de contrôle
- Conflit pour la garde des enfants
- Contexte de négligence ou de maltraitance
Source: Institut national de santé publique du Québec
SI VOUS AVEZ BESOIN D’AIDE
SOS violence conjugale
- www.sosviolenceconjugale.ca
- 1 800 363-9010 (24h/24, 7j/7)