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L'article provient de Le Journal de Montréal

Devrait-on encourager nos enfants à utiliser ChatGPT pour leurs devoirs?

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Photo portrait de Maude  Larin-Kieran

Maude Larin-Kieran

2025-06-20T22:30:00Z
2025-06-20T22:38:15Z
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L’usage de l’intelligence artificielle (IA) transforme-t-il nos enfants en spectateurs de leur propre apprentissage? Élisabeth Abbatiello, l’une des copropriétaires de Pizza Salvatoré, a déclenché un débat sur les réseaux sociaux au début du mois de juin après avoir utilisé ChatGPT pour résumer les chapitres d’un livre de sa fille de 8 ans.

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Après quelques jours d’absence scolaire, sa fille accusait un retard de neuf chapitres du classique livre Charlotte's Web. Pour éviter de la décourager, Élisabeth Abbatiello a utilisé l’IA pour résumer sept de ces chapitres.

Certains y voient une stratégie intelligente pour que l’enfant rattrape son retard, tandis que d’autres s’inquiètent des effets négatifs que l’IA peut avoir sur l’apprentissage à long terme.

«Personnellement, maman de trois enfants, j’aurais fait la même chose. Je ne pense pas que cela va nuire à son parcours scolaire si elle utilise ChatGPT à bon usage», témoigne Sophie en commentaire.

À l’inverse, d’autres parents soulignent les dangers que l’IA peut représenter à un jeune âge. «À 8 ans, elle n’a pas encore développé toutes ses stratégies de lecture et de compréhension. ChatGPT peut servir une fois que ces connaissances et compétences sont apprises», met en garde une utilisatrice.

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La publication du 11 juin dernier publiée sur le compte Facebook de la mère de famille Élisabeth Abbatiello à propos de l’utilisation de l’intelligence artificielle pour aider sa fille avec ses devoirs.
La publication du 11 juin dernier publiée sur le compte Facebook de la mère de famille Élisabeth Abbatiello à propos de l’utilisation de l’intelligence artificielle pour aider sa fille avec ses devoirs. Photo tirée de FACEBOOK, ÉLISABETH ABBATIELLO
L’avis d’un expert

Normand Roy, membre de l’Observatoire sur l’intelligence artificielle en éducation et professeur à l’Université de Montréal, prône la prudence. Bien qu’il reconnaisse le potentiel de l’IA en éducation, il met en garde contre les outils non spécialement conçus pour l’enseignement.

«Il faut bien réfléchir. Pourquoi je l’utilise? Est-ce en remplacement de ma compétence ou pour appuyer le développement d’une compétence?» explique-t-il.

Le chercheur compare l’intelligence artificielle à la calculatrice. «On ne met pas la calculatrice très tôt dans les mains de nos jeunes. Ce n’est pas si complexe d’utiliser une calculatrice, mais il faut d’abord maîtriser les concepts de base.»

L’année scolaire 2024-2025 a marqué un tournant, ponctuée de plusieurs avancées majeures en IA. Normand Roy s’attend à voir davantage de ces outils dans le milieu scolaire.

«Je m’attends à ce que la réflexion soit plus développée sur ce qu’on va faire avec les élèves et l’IA, en se questionnant sur ce qu’on veut vraiment accomplir», précise le chercheur, qui collabore actuellement à la réforme du cadre de référence de la compétence numérique de 2019 pour y intégrer des notions d’intelligence artificielle.

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