Deux jeunes couples de soldats ukrainiens se sont dit «oui» au son des sirènes

AFP
Les sirènes antibombardement se font entendre et la mariée est en tenue de camouflage: dans le petit village de Droujkivka dimanche, à une quarantaine de kilomètres du front dans l'est de l'Ukraine, deux jeunes couples de soldats ukrainiens se sont dit «oui».
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Sous un soleil radieux, les compagnons d'armes des mariés ont apporté des bouquets de fleurs pour les deux couples, qui se sont rencontrés il y a peu de temps au sein de l'armée combattant l'invasion toute proche des troupes russes, lancée le 24 février.
L'une des deux mariées, Khrystyna Lyuta, 23 ans, n'a pas quitté son attirail militaire: elle s'est présentée en treillis couleur camouflage, chaussée de bottes militaires et vêtue d'une blouse ukrainienne traditionnelle fleurie. «Je me suis habituée à cet uniforme», justifie-t-elle.
Khrystyna a rencontré son mari, Volodymyr, 28 ans, il y a deux mois, lorsque celui-ci a été mobilisé. Ils habitaient à seulement cinq kilomètres l'un de l'autre, dans la région de Vinnytska, dans le sud-ouest de l'Ukraine, mais auraient pu ne jamais se rencontrer s'il n'y avait pas eu la guerre.
«La guerre, c'est la guerre, mais la vie continue», explique Khrystyna. Son mari se défend de toute «décision hâtive»: «Le principal, c'est qu'on s'aime et qu'on veut être ensemble», dit-il.

L'autre mariée, Kristina, également âgée de 23 ans, travaille dans les communications militaires et a opté pour une robe blanche classique ornée de broderie rouge traditionnelle. Elle a épousé Vitali Orlitch, 23 ans.
«Il s'agit de bâtir une nouvelle famille. Peu importe où et comment cela arrive», affirme-t-elle.
Les deux mariés, eux, portaient leur uniforme militaire. Aucun membre de leur famille n'était présent, mais les époux assurent qu'ils sont compréhensifs.
Le même jour, les deux couples devaient retourner en zone de guerre.
«Je ne peux pas leur donner congé. La seule chose, c'est qu'ils ne seront pas au front. Ils resteront à l'arrière», assure le commandant de la brigade Oleksandre Okhrimenko. Grâce à la loi martiale en vigueur, il a le droit de certifier les mariages.

«Pas le temps»
Ils sont tous de la 14e brigade mécanisée séparée, qui combat les forces russes et prorusses depuis mai dans l'est de l'Ukraine. Les jeunes couples se sont mariés devant les bureaux locaux de l'état civil, fermés en raison de la guerre.
Dans les rues, où il y a peu de trafic, des sacs de sable protègent les devantures des cafés et des magasins.
Au cours de la cérémonie, les jeunes couples, comme le veut la tradition, ont été enveloppés dans une serviette à motifs pour symboliser leur union. Le chapelain militaire les a aspergés d'eau bénite et a placé des couronnes sur leur tête.
Selon l'ecclésiastique, Iouri Zdebsky, il s'agit du premier mariage au sein de la brigade depuis le début du conflit. «C'est la guerre, et on n'a pas le temps pour de grandes célébrations», a-t-il expliqué.
Droujkivka est à 40 kilomètres à vol d'oiseau de trois fronts, les troupes russes menaçant les villes de Sloviansk au nord-est, de Bakhmout à l'est et de Gorlivka au sud-est.
Quelques heures après la cérémonie, les journalistes de l'AFP ont constaté des bombardements dans la zone et vu de la fumée grise s'élever, sur fond de duel d'artillerie en direction de Bakhmout.
Si la petite ville a été relativement épargnée par les combats, des maisons ont été détruites plus tôt en juin, et un obus a ravagé le toit d'une église.
Pendant le mariage, des sirènes d'alerte antibombardement se sont fait entendre à trois reprises, sans susciter de réactions chez les personnes présentes, endurcies par la guerre.
