Désobéissance civile: un phénomène sous surveillance
Le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence se dit néanmoins peu préoccupé

Élizabeth Ménard
Les actions militantes en lien avec l’écologie sont généralement non violentes au Québec, mais il n’est pas impossible que des activistes se radicalisent, prévient un expert.
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Partout dans le monde, les militants écologistes multiplient les coups d’éclat et le Québec n’y échappe pas. Le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV) affirme surveiller le phénomène, mais être peu préoccupé pour le moment.
«C’est une inquiétude qu’on peut avoir que certains militants devant la lenteur des changements auxquels ils aspireraient par les voies démocratiques se radicalisent et décident d’utiliser des moyens plus violents, mentionne le directeur scientifique et stratégique du CPRMV, Louis Audet Gosselin, qui cite en exemple les engins explosifs retrouvés sur le site de Northvolt en mai dernier.

«De temps en temps, on voit des attentats ou des actions plus violentes. Mais de façon générale, et vous demandez à n’importe quel corps de police, c’est assez bas dans l’ordre des préoccupations ces années-ci», dit-il.
Pas des extrémistes
Le ministre de la Sécurité publique François Bonnardel a affirmé, sur le réseau social X, que les militants qui ont escaladé le pont Jacques-Cartier, le 22 octobre dernier, étaient des «extrémistes».
«Il n’y a pas de définition universelle de l’extrémisme, mais pour nous, ça inclut une légitimation de la violence, un rejet de la démocratie et une déshumanisation d’un autre groupe qu’on considère comme étant l’ennemi, précise M. Audet-Gosselin. Et dans ce cas-ci, on ne retrouve pas ces critères-là, dans cette forme d’activisme là», ajoute-t-il, appelant du même souffle à ce qu’on limite les catégorisations.
La majorité des actions militantes écologistes au Québec sont plutôt de l’ordre de la désobéissance civile, affirme cet expert.
«Donc des actions qui sont illégales, oui, mais qui sont non violentes», dit-il.
Il n’exclut pas la possibilité que certains militants se radicalisent, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils en viendront à la violence.
«Ça va dépendre aussi, collectivement, de comment on gère le débat autour de cet enjeu-là. Le radicalisme, en général, ça peut faire avancer des causes si on n’en vient pas à la violence ou à des actions qui vont remettre en question le système démocratique», fait-il valoir.
Tous les militants à qui nous avons parlé pour ce reportage se disent non violents. Aucun ne revendique d’acte de sabotage.
Tous les corps policiers que nous avons contactés ont refusé nos demandes d’entrevue. La GRC, en outre, nous a répondu qu’il y a «trop peu à dire».
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