«L'idée, c'est d'amener le désert à Montréal»: le pianiste Jean-Michel Blais prépare un concert audacieux au FIJM

Jean-Michel Blais présentera sous peu, et pour une rare fois sur scène, les pièces de son album Désert, dans le cadre du Festival international de jazz de Montréal. 

Un rendez-vous unique qu’il offrira le 5 juillet au Gésù, à deux reprises dans la même soirée, en compagnie de sa complice Lara Somogyi.

Donné seulement deux fois en mode showcase, à Londres et en Californie, pour des gens de l’industrie, le spectacle que proposeront le pianiste montréalais et la harpiste hawaïenne sera présenté à Montréal en style libre, donnant ainsi au duo toute la latitude nécessaire pour improviser.

«Pour moi, ç’a été difficile, même à assumer qu’un album d’impro pouvait valoir la peine d’être sorti. Je me disais que ce n’était pas assez complexe, pas assez profond, pas assez travaillé... mais finalement, on a sorti l’album et on dépasse déjà les 35 millions d’écoutes! Ça n’a aucun sens!», a souligné Jean-Michel Blais en entrevue avec l’Agence QMI.

«L’idée, c’est d’amener le désert à Montréal, avec tout son visuel et son imaginaire. On va essayer de recréer une partie des pièces qu’on a faites ensemble, ce qui est très particulier, sachant toute la réflexion derrière. On se retrouve à rejouer des improvisations, en fait», a-t-il poursuivi.

«C’est comme extirper l’essence de ces pièces-là et les recréer sur scène», a-t-il ajouté.

Pour le pianiste, qui a toujours aimé offrir des spectacles uniques au FIJM, ce projet amorce cette fois une réflexion sur la musique et ses bouleversements depuis l’avènement des plateformes en ligne et de l’intelligence artificielle, qui s’invite dans son industrie.

«Je pense que c’est un double statement. L’album en tant que tel, c’est un statement dans le sens où il y a tellement de musique aujourd’hui qui est écrite très simplement, très facilement... Et c’est aussi une compétition avec les ghostwriters sur les plateformes, payés pour garnir les playlists. D’apporter un truc qui est improvisé, c’est un statement! Dire qu’on a 35 millions d’écoutes en deux mois pour quelque chose qui a été fait en deux heures et demie, c’en est un aussi», a-t-il avancé.

«Ça initie une réflexion sur la musique, l’essence de la musique, et sur ce qu’on cherche dans cette musique. En même temps, je trouve ça intéressant de l’amener sur scène. À quoi ça sert d’aller voir un show si c’est la même chose que sur l’album? Ma réponse à ça, c’est que quand on introduit la notion d’improvisation, ça fait que tu pourrais venir voir les deux shows le même soir et vivre deux expériences complètement différentes», a-t-il également fait valoir.

D’un océan à l’autre 

Pour la petite histoire, Jean-Michel Blais a rencontré Lara grâce à sa maison de disques londonienne, Mercury KX, une branche d’Universal. Après qu’elle eut assuré sa première partie à L.A., elle lui a proposé une séance d’impro dans son studio de Joshua Tree.

«C’est son mari qui a ressorti ça un genre de six mois plus tard, en nous disant: “Hey les amis, vous avez un album”», a raconté le pianiste montréalais.

Pour ses concerts dans la métropole québécoise, la harpiste basée en Californie — dont la sœur, surprenamment, est établie à Montréal, à deux pâtés de maisons de chez Jean-Michel — fera la route depuis Joshua Tree en van avec son mari, sa harpe et son chien, pour amener avec elle l’esprit du désert à Montréal.

«Jamais j’aurais pensé rencontrer une artiste à L.A. qui, finalement, vient potentiellement dormir à deux rues de chez moi à Montréal», s’est étonné le pianiste.

Les deux représentations du duo auront lieu le 5 juillet prochain au Gésù: la première à 18h30, et la supplémentaire à 22h30.

Un nouvel album, signé Jean-Michel Blais, est actuellement dans les cartons.