De vieux hôpitaux de moins en moins attirants pour les nouveaux médecins

Elisa Cloutier
La vétusté de plusieurs centres hospitaliers au Québec contribue en partie aux difficultés de recrutement de personnel en soins et de médecins.
C’est du moins ce qu’affirment plusieurs travailleurs de la santé, en entrevue au Journal sous le couvert de l’anonymat.
Aux prises avec des dégâts d’eau fréquents, l’Hôpital Sainte-Croix de Drummondville peine à pourvoir ses postes de médecin, soutient la Dre Nancy Durand, responsable du recrutement dans cet établissement.
«Il y a une rareté des médecins au Québec, ça, faut le dire, mais présentement, je suis incapable de recruter. J’ai huit postes [vacants] et personne n’en veut. Si tu as le choix entre quelque chose qui fonctionne bien et quelque chose qui fonctionne pas bien, tu vas aller où ça va bien», affirme la médecin.
| Bâtiment | Indice de vétusté |
|---|---|
| Hôpital de l’Enfant-Jésus (aile M) | 80,1 |
| Hôpital Saint-Sacrement (aile B) | 50 |
| CHUL (aile G) | 41,3 |
| Hôpital Saint-François d’Assise (aile C) | 32,1 |
| Hôpital et CLSC de La Malbaie (aile A-2) | 31 |
Une médecin résidente a d’ailleurs fait un face-à-face avec une chauve-souris en pleine nuit, il y a quelques semaines, dans une aile de l’hôpital Sainte-Croix. «Ce n’est pas propre à notre hôpital, je sais que ça arrive ailleurs [...], mais ici, on en a quelques fois dans l’année», mentionne la Dre Durand.
«Ça nuit assurément à la rétention du personnel. Les gens travaillent dans des conditions difficiles et on en perd parce que les gens ne peuvent plus travailler dans ces conditions», mentionne pour sa part Nancy Quenneville, présidente du Syndicat canadien de la fonction publique 3247, représentant les employés de l’Hôpital du Suroît, à Salaberry-de-Valleyfield.

À l’Hôpital en santé mentale Pierre-Janet de Gatineau, des préposés aux bénéficiaires ont récemment reçu une formation de deux jours pour apprendre à déplacer des patients avec de nouveaux outils. Mais ces outils ne sont pas disponibles au centre hospitalier, puisqu’il est trop vieux, soutient un préposé aux bénéficiaires qui a accepté de se confier au Journal sous le couvert de l’anonymat. «C’est sûr que c’est moins intéressant [de travailler à cet hôpital]», affirme-t-il.
Selon Régis Blais, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, des investissements majeurs dans les hôpitaux auraient dû être faits il y a longtemps. «Il faut avoir le courage de mettre l’argent où il y a des besoins», dit-il.
«Il y a des choix politiques [...], ça paraît mieux de lancer un gros projet de centaines de millions de dollars, qui va peut-être un jour créer des emplois, que de rénover un hôpital qui va rester au même endroit [...] Maintenant, il y a urgence», poursuit-il.
| Bâtiment | Indice de vétusté |
|---|---|
| Hôpital Notre-Dame (aile A) | 100 |
| Institut Philippe-Pinel (pavillons D et F) | 100 |
| CHU Sainte-Justine (bloc 8) | 56,4 |
| Centre multiservices de santé et de services sociaux de Sainte-Agathe (bâtiment 1) | 57,9 |
| Hôpital Douglas (pavillon Bond) | 38,4 |
– Avec la collaboration de Charles Mathieu
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