Des tampons pourraient contenir certains métaux toxiques, selon une étude


Dominique Plante
L’utilisation de tampons serait une source potentielle d’exposition à des métaux toxiques, comme le plomb, ont conclu des chercheurs américains dans une nouvelle analyse. Plus d’une dizaine de compagnies sont visées par la présence de ces métaux dans leurs produits.
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En tout, 16 métalloïdes dans 30 tampons de 14 marques différentes ont été repérés, selon l’étude de l’Université de Berkeley, en Californie, publiée dans le dernier numéro de la revue Environment International.
Des concentrations de quelques métaux toxiques ont été observées, notamment de cadmium (7,64 ng/g) et d’arsenic (2,56ng/g).
Le cadmium peut causer une réduction de la croissance, des dommages aux organes, des retards cognitifs et le cancer dans certains cas, selon Environnement Canada.
- Écoutez l'entrevue avec la Dre Valérie Lamarre, pédiatre infectiologue au CHU Ste-Justine via QUB :
De son côté, l’arsenic inorganique pourrait contribuer au diabète et à des maladies du système respiratoire, selon l’Institut national de santé publique du Québec.
Les experts ont même analysé des concentrations très élevées de plomb (120 ng/g). Il peut causer des dommages au cerveau et au système nerveux dans les cas d’intoxication grave, selon l’Hôpital de Montréal pour enfants.
Ces concentrations étaient d’ailleurs plus élevées dans les tampons non organiques, alors que le taux d’arsenic serait plus haut dans ceux qui sont organiques.

Les tampons seraient donc une source potentielle d’exposition à des métaux toxiques.
Une utilisation très courante
Aux États-Unis, plus de la moitié des femmes qui ont leurs menstruations recourent à des tampons (52 à 86%), selon le rapport. Elles en utiliseront en moyenne 7400 au cours de leur vie. Cela a donc motivé les spécialistes à réaliser cette analyse qui, à leur connaissance, serait la première sur cet enjeu.
Les experts tiennent toutefois à préciser qu’ils ne peuvent pas confirmer que la santé physique sera affectée à chaque usage.
«Nous ne savons pas si le plomb peut sortir du tampon et être absorbé par l’organisme. [...] Donc, bien que nous avons trouvé ces métaux présents dans le tampon, nous ne pouvons pas dire s’ils contribuent à un quelconque effet sur la santé à ce stade», a déclaré Dre Jenni A. Shearston, une des auteures de l’étude.
Les experts n’ont pas nommé les marques choisies pour l’analyse, mais ont affirmé qu’elles sont populaires. Les tampons provenaient des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Espagne ainsi que deux grands détaillants en ligne.
Ils ont aussi précisé que des recherches supplémentaires seront requises, afin de savoir si les métaux dans les tampons peuvent atteindre l’épithélium vaginal pour passer dans la circulation systémique.

Comment réduire le risque pour la santé?
Le site web du gouvernement du Canada met en garde les femmes sur certains risques pour la santé.
«L’utilisation de tampons peut augmenter le risque de sécheresse vaginale et d’ulcères vaginaux, en particulier si les tampons utilisés sont plus absorbants que ce qui est nécessaire pour contrôler le flux menstruel», est-il indiqué sur le site. De graves problèmes d’hygiène pourraient aussi survenir si un oubli de les retirer se produit.
Voici quelques conseils en vrac du gouvernement pour prévenir des ennuis avec un tampon:
- Se laver les mains avant et après l’installation ou l’enlèvement
- Le changer à toutes les 4 à 8 heures
- S’assurer qu’il soit de bonne qualité et qu’il provient d’une marque fiable
- Ne pas en utiliser si vous souffrez du syndrome du choc toxique (SCT)
- Ne pas en utiliser pendant la nuit
D’autres options restent disponibles, comme les coupes menstruelles, les serviettes hygiéniques et le disque menstruel.