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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Des signes d’accélération avant chaque impact, selon un reconstitutionniste de la police

L’expert soutient que l’accusé est monté à cinq reprises sur le trottoir, faisant trois zones d’impact, dont la première à 51km/h

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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2025-05-27T23:00:00Z
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La camionnette de Steeve Gagnon est montée à cinq reprises sur le trottoir, faisant trois zones d’impact avec ses victimes, où des signes «évidents» d’accélération apparaissent, selon un policier reconstitutionniste. Des photos déposées en preuve montrent d’ailleurs la violence des impacts avec les victimes.

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Le sergent Keven Labrie, chef reconstitutionniste à la Sûreté du Québec, a épluché minutieusement la longue scène qui se dressait le long du boulevard Saint-Benoît les 13 et 14 mars 2023. Le marquage seulement des éléments observables permettant l’analyse lui a pris près de dix heures, avec l’aide d’une collègue.

«On est arrivé à 17h38 [le 13 mars], on a quitté vers 4h du matin pour aller se reposer un peu et on était de retour à 7h30», a expliqué le policier, qualifiant la scène de crime de «très peu commune» vu son envergure.

Dans son rapport, après avoir analysé les traces de pneus laissées par la camionnette Ford F-150 de Steeve Gagnon, l’expert conclut que le conducteur est monté à un total de cinq reprises sur le trottoir.

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Une reconstitution en 3D de la course folle produite par le policier a d’ailleurs été présentée mardi aux membres du jury.

Environ 50 km/h

La première zone «d’intrusion» est celle devant la microbrasserie La Captive. Selon le reconstitutionniste, la camionnette a clairement accéléré dans les 36 derniers mètres menant aux sept victimes qui y ont été happées.

Cette conclusion rejoint le récit de témoins de l’événement qui ont été entendus jusqu’à maintenant dans le cadre du procès de Steeve Gagnon.

Preuve déposée au tribunal
Preuve déposée au tribunal

Selon les évaluations du policier à partir des images d’une caméra de surveillance qui montre ce premier impact, l’assaillant roulait à ce moment 51 km/h.

Le chauffard aurait ensuite quitté le trottoir quelques instants, pour y revenir et le quitter encore à deux reprises. Sa quatrième montée sur le trottoir, 120 mètres après le premier impact, l’aura mené à happer mortellement Gérald Charest. Là encore, des marques d’accélération sont visibles sur le trottoir.

Finalement, environ 150 mètres plus loin, le Ford F-150 empiète une dernière fois sur le trottoir, ne laissant «aucun espace» à Simon-Guillaume Bourget, la troisième personne qui a perdu la vie dans la tragédie.

«Il y a des traces évidentes d’accélération aussi avant cet impact, environ dix mètres avant la zone de collision», soutient Keven Labrie.

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Photo du reconstitutionniste de la Sûreté du Québec Keven Labrie prise lors de l’enquête sur l’attaque au camion-bélier d’Amqui survenue le 13 mars 2023. L’image montre le marquage avec des cônes orange de l’endroit où a été projeté le corps de la victime Simon-Guillaume Bourget. Le corps de l’homme a culbuté sur cette distance avant de s’immobiliser derrière les bacs en arrière-plan.
Photo du reconstitutionniste de la Sûreté du Québec Keven Labrie prise lors de l’enquête sur l’attaque au camion-bélier d’Amqui survenue le 13 mars 2023. L’image montre le marquage avec des cônes orange de l’endroit où a été projeté le corps de la victime Simon-Guillaume Bourget. Le corps de l’homme a culbuté sur cette distance avant de s’immobiliser derrière les bacs en arrière-plan. Preuve déposée au tribunal

Des photos déposées en preuve montrent les dommages importants que les trois zones d’impact ont laissés sur la camionnette.

En contrôle en tout temps

L’expert reconstitutionniste conclut que «la cause des collisions est de nature humaine».

«[C’est] la succession de manœuvres du conducteur du Ford qui l’ont amené à conduire son véhicule en dehors de la chaussée et ainsi percuter plusieurs victimes», écrit M. Labrie.

Photo Stevens LeBlanc
Photo Stevens LeBlanc

Ce dernier a par le fait même inféré que Steeve Gagnon avait en tout temps «le contrôle de la direction, de l’accélération ainsi que du système de freinage de son véhicule».

«Il n’y a aucun endroit où j’ai vu des traces de freinage caractéristiques, sauf à la toute fin de la scène.»

Le procès de Steeve Gagnon fera relâche pour la fin de la semaine, donc la preuve du ministère public se poursuivra lundi prochain. Il reste une quinzaine de témoins à faire entendre en poursuite, puis la défense prendra position.

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