[EN IMAGES] Pont Ambassador: les blocages en passe de faire capoter l’industrie manufacturière
Des fournisseurs québécois et ontariens de GM, Ford, Stellantis et Toyota affectés


Francis Halin
Les blocages du pont Ambassador, qui relie Windsor à Detroit, forcent les géants de l’automobile à suspendre leurs activités et commencent même à freiner certaines entreprises québécoises.
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« C’est sûr que ça aura des impacts sur nos entreprises manufacturières. Ce n’est pas rassurant », prévient à voix haute Richard Blanchet, PDG de Sous-Traitance Industrielle du Québec (STIQ).

« C’était déjà difficile. Ça sera 10 fois plus difficile de livrer des pièces », craint Louis Veilleux, fondateur et actionnaire du Groupe Mundial, dont deux usines fabriquent des pièces pour les chaînes d’assemblage des Ford, GM et Chrysler.
Alors que les grands constructeurs automobiles ont besoin de ces produits sur mesure pour faire fonctionner leur chaîne de montage, les nouveaux blocages viennent freiner la cadence des livraisons.

« On vient de ramasser un gros contrat pour 2022-2023. On a dit à notre client : “Il faut planifier le tout, sinon ça sera des maux de tête” », donne-t-il comme image.
À 230 km de là, dans la région de Charlevoix, le directeur général de Simard Suspensions Inc., Vincent Blouin, ressent aussi l’impact des blocages.
« Une bonne dizaine de camions qui devaient s’en venir vont arriver en retard parce que le manufacturier ne veut pas prendre le risque de les envoyer et de les voir bloqués », raconte l’entrepreneur de Baie-Saint-Paul.

Résultat, sa PME, qui installe un essieu supplémentaire sur les camions pour augmenter leur capacité de chargement, devra prendre son mal en patience.
« On doit recevoir nos camions pour faire notre transformation, puis notre cour est vide », souligne Vincent Blouin.

Vers des fermetures d’usines
Jeudi, la PDG de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx, a qualifié la situation de « vraiment préoccupante » en raison des 4000 camions qui empruntent ce pont suspendu chaque jour.
« C’est une situation qui cause beaucoup d’incertitudes sur la chaîne d’approvisionnement, auxquelles les entreprises doivent à nouveau s’adapter », selon Charles-Antoine Marcil, directeur associé chez Groupe GCL.
Selon la durée des blocages, « il risque possiblement d’y avoir des fermetures d’usines, un impact sur la promesse de livraison que les entreprises peuvent faire à leurs clients, et [ça] risque de générer des coûts importants », dit-il.
Le nerf de la guerre, c’est que plus de 300 millions de dollars de marchandises passent par ce pont chaque jour, dont une bonne partie est liée à l’industrie automobile.

« Certaines pièces peuvent traverser jusqu’à cinq, six ou sept fois le pont », illustre Jason Miller, expert en chaîne d’approvisionnement à l’université d’État du Michigan.
Si Detroit est le berceau de l’industrie automobile américaine, de nombreux sous-traitants se sont installés dans les environs, parfois jusqu’au Québec.
– Avec Jean-Michel Genois Gagnon, l’Agence QMI et l’AFP
Jeudi après-midi, le PDG de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, a demandé à Ottawa de lâcher du lest avec les tests aux frontières pour les voyageurs pleinement vaccinés.