Produits frais: des rabais trompeurs chez Metro

Afin de leur faire croire à un rabais plus important, des supermarchés Metro induisent leurs clients en erreur en gonflant le prix courant de certains produits. 

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«La stratégie est assumée et illégale ou alors c’est de l’incompétence crasse», s’insurge un client, Jean-François Mauger.

Les achats à l’épicerie de ce technicien à la Grande Bibliothèque sont guidés par les rabais, car son salaire ne lui permet pas de faire de folies, dit-il.

Le mois dernier, le Montréalais faisait ses emplettes au Metro Bigras de la rue Gauthier, le même qu’il fréquente depuis 17 ans, quand il a découvert le stratagème.

Pour le jambon, le feta, le bocconcini, le mascarpone, le parmesan ou l’humus, le prix courant était gonflé. L’étiquette jaune du feta Krisnos en rabais à 6,79$ indiquait un prix original de 7,49$, alors qu’il est de 7,29$.

Vingt cents, ça peut sembler peu, reconnaît Jean-François Mauger, mais c’est assez pour l’enrager.

«C’est de la pub mensongère pour tromper le consommateur et le voler», ne décolère pas l’homme dans la cinquantaine.

Après six rabais trompeurs découverts en cinq minutes, il en a eu assez. «Une erreur, je pourrais comprendre, mais pas six», dit-il.

Pas un cas isolé

Le Journal a fait la tournée de six autres supermarchés Metro situés à Montréal, cette semaine.

Nous avons trouvé des exemples du stratagème dans deux d’entre eux. Tout était réglo dans les quatre autres.

Au siège social de Metro, on nous explique qu’il s’agit d’un oubli des magasins.

Des erreurs à la tonne

«Comment une épicerie peut-elle se tromper à ce point sur ses étiquettes?» se demande Jean-François Mauger.

Le rayon des fruits et légumes est un nid de problèmes pour les épiciers. Les prix et les produits changent tout le temps et les employés peinent à suivre.

«Les oranges en spécial se vendent vite, les étalages doivent être remplis sans arrêt et les prix doivent être changés», illustre le spécialiste Jacques Nantel.

Ce feu roulant peut mener à des erreurs humaines et à des erreurs d’affichage.

«Pendant que Metro fait d’énormes profits, les plus pauvres ont du mal à se nourrir correctement. Le comble, c’est que c’est aussi l’épicerie la plus chère au Québec», déplore le client insatisfait.

La réponse de Metro

Voici ce que Metro nous a répondu, vendredi après-midi, par courriel.

«Les prix dans les fruits et légumes changent presque chaque semaine, et dans ce cas-ci, ce que l’on voit en dessous, c’est le prix de la semaine précédente. Les magasins ont apposé les étiquettes de prix spécial sans changer l’étiquette de prix régulier blanche en dessous.

Un mémo a été envoyé dans tous les magasins aujourd’hui [vendredi] pour rappeler la procédure, qui est de changer à la fois les étiquettes de prix régulier en même temps qu’on pose les étiquettes de prix en spécial. Autrement, ça peut créer la fausse impression dont vous parlez.

Les gens sont très vigilants ces jours-ci et regardent attentivement les étiquettes pour la provenance notamment. C’est un bon moment pour nous de rappeler aux magasins l’importance de toujours changer les deux étiquettes de prix pour ne pas porter à confusion», a écrit la porte-parole Geneviève Grégoire.