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L'article provient de Le Journal de Québec
Affaires

Des Québécois en furie contre Loblaw vont boycotter Provigo et Maxi

Camilien Dubé, 76 ans, comprend ceux qui vont boycotter Maxi et Provigo pendant un mois.
Camilien Dubé, 76 ans, comprend ceux qui vont boycotter Maxi et Provigo pendant un mois. photo francis halin
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Photo portrait de Julien McEvoy

Julien McEvoy

2024-05-01T23:00:00Z
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Loblaw fait 5,5 M$ de profit chaque jour depuis le début de l’année, a déclaré le géant ontarien de l’alimentation, mercredi, alors que débutait le boycottage de ses magasins par des consommateurs en furie qui se tournent vers les épiceries indépendantes encore en vie. 

• À lire aussi: «Prix tout à fait ridicules»: un mouvement s’organise pour boycotter Loblaw en mai

«Je ne les ai pas dans mon cœur. Je comprends la hargne dans le reste du Canada», confie Jérôme Godbout, un jeune professionnel de Québec, au sujet des nombreuses enseignes de Loblaw.

infographie Le Journal de Montréal
infographie Le Journal de Montréal

C’est sur Reddit que le père de famille de 31 ans a eu vent du mouvement. Plus de 60 000 Canadiens font partie d’un forum de discussion où les consommateurs sont incités à boycotter Loblaw pendant le mois de mai.

Le groupe demande au géant de n’imposer aucune augmentation de prix en 2024. Son objectif est d’obtenir des engagements en faveur de prix abordables ainsi que des plafonds de prix pour les produits essentiels.

Boycott Loblaws
byu/aavenger54 inQuebec

«Il faut leur envoyer un signal. Ne nous prenez pas pour acquis», dénonce le Québécois, qui ne se rendra ni chez Provigo ni chez Maxi pendant 31 jours.

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Le mouvement aurait tout aussi bien pu viser Metro ou IGA, dit-il, car le message s’adresse aussi aux deux autres géants du secteur.

«Ils ont raison! Faut que les gens se mettent ensemble pour leur dire que ça suffit», souffle pour sa part Camilien Dubé, 76 ans.

Le résidant de la Rive-Sud de Montréal ne voudrait pas avoir une famille à nourrir actuellement. «J’ai été dans cette situation et je me demande comment les gens font pour arriver», dit-il, avec compassion.

Le propriétaire de l'épicerie indépendante Panier Extra, Sylvain Laflamme, et sa fille, Mélissa Laflamme, responsable du marketing.
Le propriétaire de l'épicerie indépendante Panier Extra, Sylvain Laflamme, et sa fille, Mélissa Laflamme, responsable du marketing.
Des Gaulois encore en vie

Au Québec, le boycottage des enseignes de Loblaw prend moins d’ampleur, peut-être en raison de la présence importante de la chaîne Maxi, parmi les moins chères du marché.

Les prix exorbitants des aliments poussent tout de même de plus en plus de consommateurs à se tourner vers les épiceries indépendantes, même si elles ne sont pas légion.

«On voit le profil de notre clientèle changer», constate Mélissa Laflamme, de Panier Extra, une épicerie qui vend des produits à prix modeste dans Duberger, à Québec.

Le propriétaire, qui est aussi son père, parle de ventes en hausse de 40% depuis un an. «Ce ne sont plus juste des gens moins favorisés qui viennent ici, c’est vraiment rendu monsieur madame Tout-le-Monde», observe Sylvain Laflamme.

  • Écoutez la rencontre Dutrizac – Dumont via QUB :

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Nul besoin d’être une grande chaîne pour afficher des prix compétitifs, ajoute Patricia Chouinard, directrice des opérations des Supermarchés PA.

La chaîne indépendante compte cinq épiceries dans la région de Montréal et n’achète aucune denrée dans les entrepôts des trois géants du secteur.

Ses bons prix, bien connus dans l’île, sont possibles grâce à son armée d’acheteurs qui débusquent des fournisseurs parfois méconnus.

«Certains n’ont pas le volume pour vendre aux plus grandes chaînes», explique la gestionnaire.

Les Supermarchés PA s’adaptent aussi mieux à leur clientèle, dit-elle. L’épicerie de Laval tient davantage de produits du Moyen-Orient alors que celle du centre-ville est davantage spécialisée en produits asiatiques, par exemple.

5,5 M$ par jour

Une autre demande du groupe Reddit nommé «Loblaw est hors de contrôle» est la signature du code de conduite de l’industrie par le géant ontarien.

Loblaw et Walmart ont déjà indiqué qu’ils ne signeraient pas la première version de ce code volontaire, car il pourrait entraîner une hausse de prix.

Per Bank, PDG de Loblaw, a changé de ton, mercredi, lors de l’annonce des résultats de l’entreprise. «Je suis plus optimiste aujourd’hui qu’auparavant quant à la possibilité de parvenir à un accord sur le code», a-t-il déclaré.

C’était l’occasion pour Loblaw de faire le point sur les trois premiers mois de 2024. Les revenus ont atteint 13,58 milliards de dollars, en hausse de 4,5%.

En 84 jours, les profits ont été de 459 millions de dollars, un bond de 10%. La moyenne quotidienne du gain pour 2024 est donc de 5,5 M$.

Mardi, M. Bank a dit «vouloir s’attaquer» à la question des hausses de prix. 

-Avec la collaboration de Gabriel Côté et de Francis Halin

La réponse de Loblaw

Nous avons demandé à Loblaw, mercredi, si l’entreprise s’inquiète de voir ses clients boycotter ses magasins. Voici la réponse: «Les dernières années ont été difficiles pour les consommateurs, et nous continuons à nous efforcer de combattre l’inflation dans nos magasins, notamment avec un nombre accru d’offres promotionnelles, les Prix fous du mois, PC Optimum ainsi que les baisses de prix et le programme Imbattable chez Maxi. Nos clients le remarquent, ils sont plus nombreux à visiter nos magasins et certains publient des commentaires, dans ces mêmes groupes Reddit, à l’effet qu’ils obtiennent une véritable valeur qui en vaut la peine.» 

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