Des protections hygiéniques qui détectent des maladies grâce au sang menstruel


Alice Fournier
Le sang menstruel pourrait permettre de détecter différentes maladies grâce à de nouvelles serviettes hygiéniques.
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Ces dessous, baptisés MenstruAI, sont équipés d’un capteur qui détecte les biomarqueurs dans le sang menstruel. Ces capteurs, qui n’ont rien d’électronique, sont des bandelettes qui changent de couleur en fonction de la composition du sang, de la même manière que fonctionne un test de détection de la COVID-19.
Ce sont des scientifiques de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH Zurich) qui ont créé ces serviettes du futur. Ils testent actuellement la faisabilité de leur invention avec l’aide d’une centaine de volontaires.
«Pour la première fois, un outil de suivi se trouve à un endroit où personne ne l’attendait: la serviette hygiénique», se réjouissent les scientifiques.
«À date, le sang menstruel a toujours été considéré comme un déchet. On veut montrer que c’est une source cruciale d’information», souligne pour sa part le concepteur Lucas Dosnon.
Bourré de protéines, le sang menstruel des 1,8 milliard de personnes qui ont leurs règles chaque mois dans le monde peut être un bon indicateur de l’état de santé des femmes.
Disponibles au Canada?
Ces serviettes ne sont pas prêtes d’arriver au Canada, prédit le gynécologue oncologue au Centre universitaire de santé McGill, Gaby Levin.
«On ne sait pas si ces serviettes vont être performantes dans la vraie vie. Le sang menstruel et ses variations sont imprédictibles d’une personne à l’autre», explique-t-il.
«Un outil comme celui-ci devrait également passer les tests rigoureux de Santé Canada qui peuvent prendre beaucoup de temps», ajoute-t-il.
Le gynécologue soulève également la question de l’intimité et de l’utilisation des données récoltées par les serviettes hygiéniques MenstruAI.
«Si les résultats sont partagés sur des applications et des cellulaires, il va falloir mettre en place de fortes mesures de sécurité. Ça concerne quand même des informations sur la reproductivité», souligne-t-il.
Par ailleurs, les scientifiques derrière les serviettes hygiéniques rappellent qu’elles ne remplaceront jamais les docteurs et les suivis à l’hôpital.