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L’intelligence artificielle pour mieux détecter les fractures à l’urgence

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Axel Tardieu

2025-06-07T10:00:00Z
2025-06-10T17:21:30Z
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L'Hôpital général du Lakeshore, à Pointe-Claire, utilise depuis un an un logiciel d'intelligence artificielle (IA) pour analyser les radiographies de fractures et de luxations de ses patients aux urgences. Une initiative qui pourrait réduire les délais d'attente.

Quand une nouvelle radiographie est faite, l'IA la compare à plus d'un million d'exemples qu'elle a mémorisés. En quelques secondes, elle détermine si l'os est cassé ou non, basé sur ce qu'elle a appris.

«On voit des résultats très encourageants», affirme Olivier Banon, radiologiste de l'établissement montréalais, qui voit passer une centaine de radiographies par jour.

Le radiologiste Oliver Banon à l’Hôpital général du Lakeshore, à Pointe-Claire, le lundi 26 mai 2025.
Le radiologiste Oliver Banon à l’Hôpital général du Lakeshore, à Pointe-Claire, le lundi 26 mai 2025. Photo Agence QMI, AXEL TARDIEU

«Soit on détecte qu'il n'y a pas de fracture et on donne un congé plus rapide aux patients, soit on en détecte une et on accélère la prise en charge des patients qui ont besoin de chirurgie».

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L'outil est particulièrement utile pour les équipes d’urgences lorsque les cinq radiologistes de l'établissement ne sont pas disponibles pour valider un diagnostic, la nuit ou en fin de semaine.

Les 30 urgentologues peuvent ainsi obtenir une analyse rapide et accélérer la prise en charge des patients.

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Expertise humaine

L'IA ne remplace pas pour autant l'expertise humaine. «Ça nous donne des indices, c'est très utile», confirme l'urgentologue Pavel Osores. «C'est plus précis, ça nous fait gagner du temps».

L’urgentologue Pavel Osores à l’Hôpital général du Lakeshore, à Pointe-Claire, le lundi 26 mai 2025.
L’urgentologue Pavel Osores à l’Hôpital général du Lakeshore, à Pointe-Claire, le lundi 26 mai 2025. Photo Agence QMI, AXEL TARDIEU

Le logiciel développé par l'entreprise française Milvue revendique un taux de précision de 95% et a été approuvé par Santé Canada en 2023. Il coûte 30 000 $ par année à l'hôpital.

Cette technologie a de l'avenir, notamment avec la pénurie actuelle de radiologistes, mais elle reste «très imparfaite en ce moment», prévient Grégoire Bernèche, président de l'Association des radiologistes du Québec.

L'outil permet tout de même d'éviter des erreurs, estime Véronique Freire, cheffe du service imagerie musculo-squelettique au CHUM.

«L'IA évite une erreur sur 100 radiographies par le radiologue et sûrement plus pour l'urgentologue qui n'a pas la même formation», dit-elle.

Des données à protéger

Cette innovation soulève aussi des questions éthiques. «Ce sont des données sensibles en santé, donc il faut savoir où sont hébergées les données, qui a accès aux données, comment elles sont traitées», dit Emmanuelle Marceau, professeure de bioéthique à l'Université de Montréal.

Milvue assure que les données sont stockées localement, au Québec.

Marché en expansion

Ce secteur est jeune, mais la concurrence est déjà grande. Selon Santé Québec, des initiatives ont été mises en place dans d'autres spécialités, notamment à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec-Université Laval et au CISSS des Laurentides.

Le marché mondial de l'intelligence artificielle en santé, évalué à 20 milliards $ l'année dernière, devrait dépasser les 150 milliards $ d'ici 2030, selon un rapport de l'entreprise Marketsandmarkets.

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