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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Un film retrace l’héritage politique des patriotes de 1837-38 exilés en Australie

Photo fournie par Mathieu-Robert Sauvé
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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2023-10-09T04:05:00Z
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Les patriotes chassés du Bas-Canada, au terme d’une atroce traversée à bord du HMS Buffalo, s’adapteront à leur terre d’exil et auront une influence positive sur l’histoire de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Un long métrage documentaire retrace cette aventure.

«Les patriotes du Québec ont emmené avec eux leur soif de liberté et ont permis à nos ancêtres de se libérer de l’emprise de l’Empire britannique... et sans verser de sang», lance en entrevue au Journal Deke Richards, le réalisateur de La baie des exilés, un documentaire sur lequel il travaille depuis plus de six ans. 

Deke Richards, réalisateur canado-australien.
Deke Richards, réalisateur canado-australien. Photo fournie par Sam Pineault

Dédié à la mémoire de l’ancien premier ministre du Québec Bernard Landry, qui a accordé au cinéaste australien l’une de ses dernières entrevues filmées en 2017, le film reprend les propos d’une vingtaine de personnes qui offrent une vision très positive des compagnons d’infortune de Chevalier de Lorimier et des 11 autres patriotes pendus à la suite des rébellions de 1837 et 1838. 

• À lire aussi: Les rébellions des Patriotes de 1837 et 1838

«C’est une histoire méconnue tant chez nous qu’au Québec et même aux États-Unis où de nombreux rebelles ont été envoyés après avoir été capturés», poursuit ce cinéaste qui a un père québécois et une mère australienne. 

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«La baie des exilés», réalisé par Deke Richards.
«La baie des exilés», réalisé par Deke Richards. Capture d'écran du site de la Société Saint-Jean-Baptiste

58 exilés

Rappelons qu’à la suite du soulèvement populaire mené par Louis-Joseph Papineau 30 ans avant la création de la Confédération canadienne, 99 patriotes sont condamnés à mort. Si le célèbre tribun réussit à échapper au procès en se cachant aux États-Unis, 12 sont pendus et 58 voient leur sentence commuée en déportation. 

Après avoir pris à son bord 78 prisonniers américains qui ont subi des peines similaires, le bateau affrété pour le voyage, véritable «prison flottante», met le cap sur le continent le plus éloigné de l’Empire britannique.  

Pendant les six mois que durera le voyage, les passagers subissent des conditions hygiéniques misérables, mais ils ne sont pas au bout de leur peine, car une fois arrivés à destination, ils seront très mal accueillis. «Ces exilés étaient perçus comme des pirates», commente un historien dans le film. Ils sont maltraités et traités comme des esclaves. Leur saga leur fera envier le sort des pendus du Pied-du-Courant. 

• À lire aussi: Violente émeute de 1832: l’événement qui a mis le feu aux poudres des patriotes

Inspiration

Le temps aidant, les patriotes se distingueront par leur caractère avenant et sociable. La reine d’Angleterre les gracie en 1846 et la plupart reviennent s’installer sur les rives du Saint-Laurent. Un d’entre eux, Joseph Marceau, reste sur place et fonde une famille de 11 enfants avec son épouse australienne, Mary. Plusieurs ouvrages ont été consacrés au legs spirituel de ce Canadien et de ses compatriotes. 

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Entretemps, la colonie du Nouveau Monde obtient un «gouvernement responsable» qui inspirera les Australiens et Néo-Zélandais. Cette forme de parlementarisme sera accordée sans coup férir par l’autorité britannique. 

Aujourd’hui, une plaque commémorative montre l’endroit où le HMS Buffalo, tant honni, a sombré peu après sa funeste traversée. 

Le H.M.S. Buffalo.
Le H.M.S. Buffalo. Photo fournie par Mathieu-Robert Sauvé

Le navire qui a transporté les patriotes exilés en Australie et en Nouvelle-Zélande devait ressembler à celui-ci.
Le navire qui a transporté les patriotes exilés en Australie et en Nouvelle-Zélande devait ressembler à celui-ci. Photo fournie par Samuel Pineault

À la demande de François-Xavier Prieur, des croix ont été façonnées à partir du bois de cette épave. Deux d’entre elles ont été offertes en juin dernier à la ville de Saint-Polycarpe, d’où il est originaire. 

Le film La baie des exilés n’a pas encore de diffuseur et le réalisateur cherche du financement pour la postproduction. Il espère boucler la boucle dans les prochains mois. 

• À lire aussi: Nos patriotes ont soulevé un vent de liberté en Australie

Une croix en souvenir
«Un homme blessé conserve en souvenir la balle ou le fragment d’obus extrait de sa chair lacérée. Eh bien, moi aussi, j’aimerais posséder une petite croix faite du bois avec lequel ce navire a été construit, et à l’intérieur duquel mon cœur et mon corps ont été lacérés par un traitement indigne.»  
François-Xavier Prieur 
François-Xavier Prieur en 1891.
François-Xavier Prieur en 1891. Photo fournie par Archives de la Ville de Montréal

Croix construites à partir de l’épave du navire des patriotes.
Croix construites à partir de l’épave du navire des patriotes. Photo fournie par Samuel Pineault

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