Des moutons dans les vignes: la Bauge se démarque avec sa viticulture de régénération
Guillaume Cotnoir-Lacroix
Le vignoble de la Bauge, en Estrie, se démarque en atteignant les plus hauts standards et même plus en matière de viticulture biologique. Le vignoble est devenu le premier au Canada à la fin de 2024 à obtenir la prestigieuse certification de la Regenerative Organic Alliance, basée en Californie.
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Le propriétaire et vigneron, Simon Naud, nous accueille dans une parcelle où 45 moutons broutent de l’herbe, au pied des vignes.
C’est en 2019 que l’intégration des animaux a débuté à plus grande échelle à la Bauge, après quelques années d’expérimentations.

Si vous vous posez la question, non, les moutons ne mangent pas les raisins.
«Ils ne peuvent pas toucher aux fruits qui sont en hauteur », confirme Simon Naud, en pointant ses vignes en parfait état, avec un gazon fraîchement brouté à ses pieds par les moutons.
Le vigneron confirme que certaines variétés de raisins poussent plus près du sol et donc il sera impossible d’intégrer des moutons dans l’ensemble du vignoble.

Il travaille déjà néanmoins à clôturer une autre importante parcelle, la plus grande du site, où il sera possible d’accueillir les animaux.
«Ça nous a aidés à réduire le nombre de passages qu’on faisait en tracteurs dans chacune des rangées pour nettoyer le lieu. Évidemment, les moutons, ça apporte de la vie, mais aussi, ils fertilisent le sol», rappelle-t-il.
Une viticulture qui rapporte ses fruits
Au cours des dernières années, M. Naud a opéré sur son domaine un important virage vers l’agriculture de régénération.
Parmi les initiatives, l’installation de nombreuses cabanes à hirondelles un peu partout sur le site. Une seule d’entre elles peut manger des centaines d’insectes par jour, selon le vigneron d’expérience.
«Parfois, quand on est en biologique, on a plus de travail de tracteur, de sarclage – enlever les mauvaises herbes - à faire entre les rangées. On a vu aussi les travers [du biologique] qui ne sont pas nécessairement écologiques, donc on a voulu aller un peu plus loin dans la réflexion. La viticulture de régénération, c’est bio, mais c’est aussi la revalorisation du sol et du lieu», précise-t-il.

Pour tous ses efforts, La Bauge a été récompensée en décembre dernier en devenant le premier vignoble canadien certifié par la Regenerative Organic Alliance.
«C’est la certification la plus élevée au monde en agriculture biologique», lance le propriétaire, qui a dû faire parvenir des échantillons de sol pour obtenir la certification.
Même l’impact social du vignoble dans sa communauté fait partie des critères de la Regenerative Organic Alliance.

À titre d’exemple, Simon Naud accueille quatre apprenties vigneronnes sur son site qui produisent leurs propres cuvées en utilisant les installations de la Bauge.
Pour Simon Naud, les nombreuses initiatives mises en place depuis toutes ces années améliorent la qualité du vin.
«Moi, j’ai fait une transition biologique, régénérative et vin nature en même temps, donc j’ai de la misère à vraiment scinder les paramètres pour dire que tel paramètre est associé à telle particularité du vin. Je peux dire, par contre, que mon vin ne ressemble pas du tout à ce que je faisais avant», lance-t-il sans hésitation.

Le vignoble de la Bauge fait partie de la route des vins de Brome-Missisquoi. Il est donc possible de voir ces petits moutons et de déguster du vin sur place tout au long de l’été.