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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Des matins heureux: sortir enfin de la solitude

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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2022-08-13T04:00:00Z
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Neurologue et écrivaine empathique dotée d’une grande sensibilité, d’une grande humanité, la Française Sophie Tal Men raconte le destin croisé de trois personnages en voie de reconstruction dans son nouveau roman, Des matins heureux. Ce roman des nouveaux départs, de la résilience, montre comment Elsa, Marie et Guillaume, bien que différents, vont s’y prendre pour remettre leur vie sur les rails et sortir de la solitude. Ils réaliseront qu’on ne guérit jamais seul.

Elsa, Marie et Guillaume sont trois personnes dont le destin est malmené et qui ont un étrange point commun : ils ne dorment pas la nuit. Et les nuits parisiennes ne sont pas toujours aussi belles et lumineuses qu’on pourrait se l’imaginer.

Elsa, témoin de la violence de la rue, erre dans les autobus pour éviter de se faire passer à tabac. Marie multiplie les gardes à l’hôpital pour se perfectionner en gynécologie et obtenir éventuellement un poste. 

Guillaume, propriétaire d’un pub irlandais, retarde l’heure de fermeture pour éviter d’être confronté à sa solitude. Une séparation récente rend sa vie difficile. 

Habitant tous dans le même quartier, ils finiront inévitablement par se croiser et se recroiser... et se connaître et faire preuve de solidarité.

Sophie Tal Men, romancière inspirante qui a de la famille à Québec et à Montréal, avait envie de parler de gens qui se relèvent, se réparent, se reconstruisent dans son nouveau roman. 

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« C’est un thème commun à toutes mes histoires : comment se redresser après un drame de la vie », explique-t-elle. « Je suis aussi médecin à l’hôpital et je côtoie plein de drames de gens qui ont des problèmes de santé et doivent se reconstruire, se redresser, qui rentrent en résilience. Je pense que ça fait partie de ma vie et ça me donne des idées pour des histoires. »

Trois âmes blessées

Dans Des matins heureux, trois personnes différentes se croisent et se recroisent dans leur quartier. 

« Ça me plaisait aussi, dans le tourbillon de la grande ville, de penser que dans un même quartier, les gens peuvent se recroiser. Je le vois, moi, quand je vais dans le quartier du Montparnasse pour aller voir mon éditeur. Je vais souvent dans les mêmes rues et il m’arrive de recroiser des gens. Quand on habite à Paris, le quotidien nous ramène souvent à deux ou trois rues. »

Sophie Tal Men a écrit le roman pendant la pandémie, mais ce n’est pas cela qui l’a inspirée. 

« J’écris le soir, pour évacuer les émotions de la journée, pour me détendre et il n’y a aucune allusion à la pandémie. J’avais envie de changer de décor et je voulais vraiment être dans une ambiance de rues de quartiers, d’appartements, et aborder le thème de la solitude. Elsa, Marie et Guillaume vivent beaucoup de solitude, alors qu’ils sont dans un tourbillon de grande ville. »

Marie

Marie est un personnage qui existe dans ses romans précédents et Sophie Tal Men avait remarqué que ses lecteurs l’aimaient bien. Elle l’a fait réapparaître dans Des matins heureux.

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« Elle est à la fois drôle et émouvante. Elle a une carapace de femme forte, très drôle, et derrière, il y a de la fragilité quand on creuse. Petit à petit, au fil de l’histoire, on apprend ses fragilités et comment elle arrive à les dépasser. Guillaume a de l’importance dans ce processus. »

Sortir de la solitude permet de se mettre sur le chemin de la résilience, ajoute-t-elle. 

« Il faut ouvrir les yeux sur ceux qui nous entourent et ne pas avoir peur d’aller à leur rencontre, s’autoriser la rencontre, s’autoriser à aimer et se faire aimer. » 


♦ Sophie Tal Men est neurologue à l’hôpital de Lorient, en Bretagne.

♦ Elle a publié plusieurs romans qui connaissent énormément de succès.

♦ Elle adore le Québec et aimerait beaucoup rencontrer ses lecteurs québécois.

EXTRAIT

Photo courtoisie
Photo courtoisie

« Dans sa valise, Marie n’avait pas mis grand-chose. Ses cadeaux en occupaient déjà la moitié et – de toute façon – elle ne comptait pas vraiment s’installer. Contrainte d’attendre qu’un poste d’assistante chef de clinique se libère à Brest, la jeune gynécologue comptait mettre à profit les six prochains mois pour se perfectionner dans un domaine qui l’intéressait particulièrement : la reconstruction après cancer du sein. Pour accéder aux techniques de pointe, elle était prête à quelques sacrifices. Peu importe la palanquée de gardes aux urgences, les litres de café pour tenir debout, l’absence de vie sociale, les musées et les concerts dont elle ne profiterait pas. Peu importe, Marie s’était préparée. »

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