Des maisons abordables sur des terrains inaccessibles: le dilemme des maisons usinées
Félix Desjardins
Au Québec, des maisons usinées abordables sont accessibles depuis belle lurette... ce qui ne signifie pas qu’il est facile d’avoir accès à la propriété pour autant. «Il faut que les villes soient capables d’offrir des terrains à un prix abordable aux jeunes propriétaires», défend Dany Bonneville, coprésident des Industries Bonneville.
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Une des pierres d’assise du programme Maisons Canada, proposé par le premier ministre sortant Mark Carney en vue des élections fédérales, est d’injecter «plus de 25 milliards $ en financement aux constructeurs novateurs de maisons préfabriquées au Canada».
«Ce type de financement pourrait nous permettre d’augmenter notre capacité de production, de moderniser nos installations et de rendre l’habitation accessible à un bien plus grand nombre de familles», se réjouit le directeur des ventes de Maisons Rémillard, Dean Dyckow.
En effet, selon les compagnies de maisons usinées sondées par Le Journal, il s’agirait d’un pas dans la bonne direction pour faire croître l’offre de propriétés abordables aux Canadiens... bien que des enjeux plus importants guettent les premiers acheteurs.
«Ça pourrait aider la filière au Québec à s’équiper davantage pour accéder à des gains de productivité et de coûts, mais il y a du travail à faire à tous les niveaux, estime Sylvie Raymond, directrice des communications et du marketing de Maisons Laprise. Ça prend des solutions 360.»
Les deux plus grands freins à mise en marche de nouveaux chantiers d'habitations abordables ne seraient donc pas l’efficacité des manufacturiers, mais bien la disponibilité des terrains et la délivrance des permis de construction.
Une intervention nécessaire
Avant de débourser quelques centaines de milliers de dollars sur un nouveau chez-soi, il faut d’abord trouver un terrain où l’ériger. Plus facile à dire qu’à faire depuis la pandémie de COVID-19, durant laquelle les projets d’autoconstruction se sont multipliés à la vitesse grand V.
Cette responsabilité ne peut être attribuée aux promoteurs immobiliers, croit Sylvie Raymond, directrice des communications et du marketing de Maisons Laprise, qui insiste sur l’importance de l’implication des différents paliers gouvernementaux.
«On a des terrains au Québec, mais le gouvernement doit être créatif et flexible pour en libérer», précise-t-elle.
«En tant qu’entrepreneurs généraux, on peut travailler un peu sur le coût du bâtiment, mais on ne peut pas influencer le prix du terrain et les taxes, ce qui représente potentiellement jusqu’à deux tiers du coût total du projet», complète Martin Roy, président de Pro-Fab.
Les fleurs du tapis
Un autre bâton dans les roues des aspirants propriétaires est l’obtention des fameux permis de construction, qui peut retarder l’ouverture du chantier de plusieurs mois et ainsi entraîner des coûts supplémentaires. Dans un climat économique aussi incertain, le prix des matériaux et de la main-d’œuvre peut fluctuer de façon spectaculaire en peu de temps.
«La gestion municipale rallonge les délais de façon notable, ajoute M. Roy. Avec les années, les délais sont de plus en plus longs. C’est un message qu’on essaie de passer aux politiciens.»
«Il y a des villes où c’est extrêmement compliqué d’avoir un permis. On s’enfarge dans les fleurs du tapis», corrobore M. Bonneville.
Des terrains qui se font rares
En date du 16 avril, voici dans quelles régions québécoises il y a le plus de terrains de 5000 à 15 000 pieds carrés en vente pour moins d’un million de dollars sur Centris:
- Montérégie - 249
- Bas-Saint-Laurent 145
- Laurentides – 127
- Chaudière-Appalaches – 91
- Rive-Sud de Montréal - 85