Pékin 2022: des Jeux sous haute tension
La 24e édition des Jeux olympiques d’hiver a pris son envol à Pékin


François-David Rouleau
PÉKIN | C’est dans un climat mondial de hautes tensions que la Chine a ouvert la 24e édition des Jeux olympiques d’hiver, vendredi, à Pékin. Les contextes sociaux, sanitaires, environnementaux et surtout politiques, marqués par un boycottage diplomatique, ne riment pas avec les valeurs olympiques.
• À lire aussi: La folle épopée d’Olivia Asselin se poursuit
• À lire aussi: Une plus petite récolte qu'à Pyeongchang
• À lire aussi: Des masques à saveur québécoise
N’empêche, persistant dans son discours soulevant maintes interrogations depuis le début de la semaine, le président du CIO, Thomas Bach, a appelé les nations à se réunir dans cette trêve olympique.
Bach le politicien
Dans l’enceinte du Stade national, surnommé le « Nid d’Oiseau », dans une cérémonie haute en couleur, il a poussé l’audace en réclamant la paix devant le président russe Vladimir Poutine. Invité de Xi Jinping, ce dernier a vu déambuler ses athlètes sous le sigle du Comité olympique russe (ROC) plutôt que sous son drapeau. Un scénario pour le moins unique.
Ce chef d’État a placé une armée de 100 000 soldats à la frontière de l’Ukraine depuis des semaines et l’Occident le soupçonne de tenter une invasion.
Plus tôt dans la journée, vendredi, Poutine avait rencontré son homologue de la République populaire de Chine, Xi Jinping. Une première poignée de main du dirigeant chinois depuis le début de la pandémie.
Message à l’Occident
Y allant d’un front commun, ces durs politiciens ont fustigé l’influence américaine dans les alliances militaires occidentales en Europe de l’Est et en Asie. Les États-Unis craignent entre autres l’invasion russe en Ukraine.
Ces Jeux s’ouvrent une semaine après que la Corée du Nord eut procédé au septième lancement d’un puissant missile depuis le début de la nouvelle année.
En toile de fond, il est impossible de réduire au silence le sort réservé au peuple ouïghour, une minorité musulmane sunnite du nord-ouest de la Chine, dont les droits de la personne sont bafoués depuis des années.
Il y a aussi la publication d’un rapport des Nations Unies sur la situation des Ouïghours qui devrait être retardée après les Jeux. Le secrétaire général Antonio Guterres était d’ailleurs présent à la cérémonie d’ouverture, vendredi.
Dans le contexte pandémique mondial, la tenue de ces olympiades dans l’une des plus grandes villes de la planète n’est pas vue d’un bon œil, surtout que le variant Omicron cogne à la porte.
Et alors que le CIO vante les mérites d’olympiades vertes, maintes questions environnementales sont soulevées sur les sites en montagne en raison des impressionnantes quantités de neige artificielle fabriquées.
Monde fragile
Le climat international tendu n’est donc pas propice à la grande célébration des Jeux. Cela n’a pas empêché Bach de prétendre le contraire, alors que des manifestants ont protesté aux quatre coins du globe.
« Dans notre monde fragile où la division, le conflit et la méfiance s’élèvent, nous devons montrer qu’il est possible d’être de féroces rivaux tout en étant en mesure de vivre paisiblement et dans le respect tous ensemble. C’est la mission des Jeux olympiques. Il faut bâtir des ponts et ne pas ériger de mur. Il faut unir l’humanité dans toute sa diversité.
J’appelle toutes les autorités politiques du monde à observer la trêve olympique, a renchéri le président du CIO. Il faut donner une chance à la paix. »
Sans le contexte sanitaire, près de 3000 athlètes auraient défilé dans le stade pour cette cérémonie signée par le maître Zhang Yimou, le réalisateur qui avait fait éclat lors de la spectaculaire ouverture des Jeux de 2008.
Sous des pétarades de feux d’artifice dans une composition visuelle de tableaux modernes, les anneaux olympiques ont émergé d’un bloc de glace dans le centre de l’enceinte. Ce bloc a relaté l’histoire de l’olympisme hivernal depuis 1924, à Chamonix, en France.
Plusieurs milliers de spectateurs réagissant surtout aux présentations de la Chine et de la Russie ont applaudi lorsque des athlètes chinois ont finalement allumé la vasque olympique au centre d’un énorme flocon argenté.
Pékin entre dans l’histoire olympique en devenant la première ville à présenter les Jeux d’été et d’hiver. Cent neuf médailles d’or sont à l’enjeu dans la prochaine quinzaine.