Des jeunes loin de vouloir laisser l’application TikTok
Il leur en faudra beaucoup plus pour les convaincre de quitter ce réseau social


Olivier Faucher
Des jeunes accros à TikTok n’ont pas l’intention de lâcher l’application sur laquelle ils passent des heures chaque jour malgré les risques d’espionnage chinois qu’elle comporte.
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« Je ne sais pas où est-ce que tout ça va nous mener, mais j’aime tellement ça que je n’ai comme vraiment pas envie de m’enlever de là », résume Arianne Dostie, une jeune de 19 ans résidant à Boisbriand, sur la Rive-Nord de Montréal.
Depuis hier, Québec et Ottawa ont interdit l’application de propriété chinoise TikTok de tous les appareils gouvernementaux, en raison de soupçons d’espionnage. Les députés fédéraux devront aussi avoir emboîté le pas d’ici vendredi.
Ce mouvement pour se distancier de l’application ne gagnera pas les jeunes, estime Mme Dostie, qui s’avoue accro.
« Je n’ai pas de misère à croire que c’est un outil d’espionnage, mais les jeunes, je pense qu’on manque un peu d’informations, déplore-t-elle. On sait que ça peut-être un peu dangereux, mais on ne sait pas exactement comment, donc on continue. »
« C’est à peu près une personne canadienne sur quatre qui est sur TikTok, mais quand on va chez les plus jeunes, ce sont les trois quarts », explique Mélanie Millette, professeure au Département de communication sociale et publique de l’UQAM.
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Jusqu’à 6 heures par jour
Arianne Dostie estime qu’elle y passe environ deux heures par jour, et cela peut aller jusqu’à six heures lors des journées où elle n’a rien à faire, « ce qui est beaucoup », convient-elle.
« C’est à cause de l’algorithme. C’est toujours des trucs que moi, j’aime. [...] On dirait que je trouve tout ennuyant [dans la vraie vie] maintenant. »
Jules-Alexis Bernier, 18 ans, n’hésite pas non plus à utiliser le terme accro pour décrire sa relation à TikTok.
« Dès que je n’ai rien à faire, je suis en train d’ouvrir mon téléphone », explique le jeune Montréalais, qui peut passer jusqu’à 3 h 30 par jour sur TikTok.
Il estime lui aussi qu’il n’a pas eu assez d’informations préoccupantes pour décider de se retirer de la plateforme.
« Qu’on prenne des données, ce n’est pas quelque chose qui me fait peur, mais ça dépend jusqu’où », soutient-il.
Un lien avec une génération
TikTok est devenu un incontournable pour joindre les jeunes, selon Bruno Guglielminetti.
« Si on arrête de communiquer là, on risque de se couper d’une génération, et ce n’est pas la chose à faire », prévient le consultant en communication numérique.
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