Des thérapeutes d'ici partis aider les réfugiés ukrainiens... mais surtout les bénévoles qui les accueillent


Camille Payant
Deux thérapeutes québécois partis en Pologne croyaient aller aider les réfugiés ukrainiens, mais ce sont finalement les bénévoles déjà sur place qui ont les besoins les plus pressants.
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«On était là surtout pour les réfugiés, mais on s’est rendu compte quand on est arrivé au camp que ce sont les volontaires qui nécessitent le plus notre aide», affirme Camille Dubois-Chalifoux.
Elle s’est envolée vers la Pologne le 24 mars dernier afin d’aller offrir des soins physiques et mentaux aux réfugiés, avec son partenaire de tango Laurier Chabot.
Ils se sont depuis installés à la frontière de Medyka, la plus fréquentée par les Ukrainiens souhaitant quitter le territoire.

Aux alentours du poste-frontière se sont réunis des centaines de bénévoles et quelques organisations offrant de la nourriture, des vêtements, des médicaments et des cartes SIM afin de pouvoir appeler leurs proches.
«C’est comme un gros village», dit Mme Dubois-Chalifoux, qui est physiothérapeute à Montréal.
Épuisement

Tout ce brouhaha, combiné au froid et à la pluie, devient de plus en plus lourd pour les bénévoles venus de partout.
«Tout le monde court partout à longueur de journée. Les gens ne gèrent pas bien ça sur le plan physique et mental», affirme M. Chabot, qui a une maîtrise en psychologie.
Une psychologue ukrainienne rencontrée au camp a notamment dû quitter quelques semaines afin de se ressourcer.

«Elle ne reviendra pas comme psychologue, mais juste pour transporter des choses. Elle n’est plus capable de faire le travail pour lequel elle était venue, car c’est trop exigeant émotionnellement», raconte Mme Dubois-Chalifoux.
«Le coordonnateur du camp nous a dit : “On a vraiment besoin de vous. On perd du monde chaque jour.” Ce sont plus les bénévoles qui sont en burnout que les Ukrainiens», précise-t-elle.
Les deux acolytes ont donc décidé d’offrir des séances d’exercice et de yoga en matinée et de méditation en soirée afin de les aider à relâcher la pression.
Créativité
Malgré les conditions difficiles avec lesquelles doivent composer les bénévoles sur place, le camp continue de s’agrandir.
«Il y a une énergie spéciale quand tous ces bénévoles se rassemblent. Tout le monde veut donner, il y a une créativité qui émerge», avance M. Chabot.
«C’est un moteur de créativité, ça nous a menés à beaucoup d’autres projets auxquels on n’avait pas pensé», confirme Mme Dubois-Chalifoux.
Les partenaires comptent rester en Pologne tout le mois d’avril, après quoi ils souhaitent se déplacer vers la Roumanie ou la Slovaquie, où des réfugiés ukrainiens commencent aussi à affluer.