Démission: Anglade a consulté l'ex-PM Daniel Johnson avant de prendre sa décision
Geneviève Lajoie | Bureau parlementaire
Devant le flot de critiques sur son leadership, Dominique Anglade quitte le navire libéral et la politique. Une décision prise après avoir consulté des bonzes du parti, comme l’ex-premier ministre Daniel Johnson.
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«Le parti doit opérer un renouvellement de son offre politique, mais aussi de sa façon de faire de la politique. Et on n’a pas le luxe d’être miné par des intrigues internes dont les Québécois n’ont que faire», a déclaré lundi celle qui aura eu le règne le plus court de l’histoire du PLQ.

Mme Anglade quittera officiellement ses fonctions de députée de Saint-Henri-Sainte-Anne le 1er décembre, ce qui forcera le gouvernement à déclencher une partielle d’ici l’été dans cette circonscription montréalaise.
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La pression
Après un résultat électoral désastreux, elle s’était pourtant accrochée. Mais la pression était devenue trop forte dans les derniers jours pour qu’elle quitte la direction du parti, après la tentative ratée de ramener au bercail la députée Marie-Claude Nichols, expulsée du caucus de façon cavalière.
D’anciens élus libéraux sont sortis sur la place publique, jour après jour, pour critiquer son leadership et réclamer son départ.
Devant ce crescendo de reproches, Dominique Anglade a pris le pouls d’influents libéraux. Elle a notamment consulté un de ses prédécesseurs, Daniel Johnson, avant de jeter l’éponge.
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Joint lundi, l’ex-premier ministre n’a pas voulu dévoiler le contenu de leur conversation. «J’ai toujours dit que je serais disponible si elle voulait me rejoindre, n’importe quand, a-t-il précisé. C’est entre elle et moi.»
Si M. Johnson a refusé de s’épancher publiquement sur la crise que traverse actuellement le PLQ, Dominique Anglade a reconnu lundi que sa formation politique a été confrontée à «un véritable vent de face» lors de la dernière élection.
«Les enjeux démographiques, culturels, socio-économiques et écologiques sont trop importants pour que l’opposition officielle soit déchirée», a-t-elle insisté en conférence de presse.
Chef intérimaire
Marc Tanguay et André Fortin sont sur les rangs pour remplacer Dominique Anglade à la barre du PLQ en attendant la course au leadership. Les deux élus jaugent actuellement leurs appuis pour la chefferie intérimaire. La décision devrait être entérinée par l’exécutif du parti dans les prochains jours, après une recommandation du caucus.
Mais déjà, les règles ont été précisées. Le chef intérimaire ne sera pas disqualifié cette fois-ci pour la future campagne au leadership, dont les détails ne seront pas dévoilés avant plusieurs mois.
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Le départ de Dominique Anglade pourrait aussi signifier le retour de la députée de Vaudreuil. L’exécutif et les députés souhaitent toujours qu’elle revienne au caucus.
Le parcours de Dominique Anglade
Née à Montréal le 31 janvier 1974 (48 ans), de parents haïtiens, tous deux décédés lors du séisme de 2010 en Haïti.
- Diplômée de l'École polytechnique de Montréal (BAC en génie industriel, 1996) et de HEC Montréal (MBA en administration des affaires, 2003).
- Elle commence sa carrière chez Procter & Gamble (1996-2000), avant de travailler chez Nortel Networks (2000-2004), puis comme consultante pour McKinsey (consultante, 2005-2012).
- Présidente de la Coalition avenir Québec de 2012 à 2013.
- Candidate en 2012 sous la bannière de la CAQ, dans Fabre, où l’emporte le libéral Gilles Ouimet
- Présidente-directrice générale de Montréal International de 2013 à 2015.
- Le 9 novembre 2015, elle est élue députée sous la bannière du Parti libéral du Québec dans la circonscription de Saint-Henri–Sainte-Anne.
- Le 28 janvier 2016, est devient ministre de l’Économie, de la Science et de l'Innovation et ministre responsable de la Stratégie numérique, devenant la première personne d'origine haïtienne au Canada à exercer une fonction ministérielle.
- Réélue en 2018, elle est élue cheffe du Parti libéral du Québec par acclamation en mai 2020, devenant la première femme à la diriger ce matin, à la suite du désistement de l’ex-président de l’UMQ et ex-maire de Drummonville, Alexandre Cusson.
- Elle est réélue le 3 octobre avec 2736 votes d’avance sur son plus proche adversaire, l’avocat Guillaume Cliche-Rivard, de Québec solidaire.
- Le 7 novembre 2022, elle annonce sa démission en tant que cheffe du PLQ et députée de Saint-Henri–Sainte-Anne.
-Avec la collaboration de Marc-André Gagnon, Bureau parlementaire