Démantèlements de campements de sans-abri: une situation «alarmante» sur le terrain
Des intervenants dénoncent une stratégie «éparpillée» en l’absence de logements et de places dans les refuges

Anouk Lebel
Des intervenants en itinérance demandent que la Ville mette en place un plan d’action plus clair lors des démantèlements de campements dont le nombre continue d’augmenter à Montréal.
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«C’est alarmant», estime la directrice générale de la Mission Old Brewery, Émilie Fortier.
Témoin de démantèlements presque quotidiens d’un campement rue Saint-Jacques, elle n’est pas surprise d’apprendre que plus de 110 démantèlements ont eu lieu dans la métropole depuis le début de l’année 2024.
L’organisme demande un plan d’action clair de la Ville avant tout démantèlement.
«Là, la stratégie est éparpillée. On sait qu’il y a des équipes de médiation sociale, que la police essaie d’améliorer ses pratiques, mais personne ne se parle», dit-elle.
Ligne directrice
Pour le Mouvement pour mettre fin à l’itinérance à Montréal, les chiffres disparates fournis par les arrondissements témoignent d’une absence de «ligne directrice» à Montréal.
«On n’a pas de ligne claire sur ce qu’on fait et pourquoi on le fait, alors d’un arrondissement à l’autre on est soumis à toutes sortes de réalités», explique la porte-parole Julie Grenier.
Le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal demande carrément un moratoire sur les démantèlements.

Des places en hébergement ou des logements, il n’y en a pas, fait remarquer Jérémie Lamarche, organisateur communautaire.
«Le campement, c’est l’option la moins pire pour certaines personnes. Les démanteler, ça les met en danger de vie ou de mort. À force, elles sont obligées de se cacher plus loin, de s’isoler», soutient-il.
Pas une solution, selon la Ville
«Notre intervention est graduelle, bienveillante. L’objectif c’est de référer la personne. Le campement, ce n’est pas une solution viable à long terme, on doit trouver des solutions sécuritaires qui répondent aux besoins de ces personnes-là», se défend l’élu responsable de l’itinérance au comité exécutif de la Ville de Montréal, Robert Beaudry.
Mais, pour l’opposition officielle, l’administration Plante devrait investir dans les bâtiments qui lui appartiennent déjà au lieu de mobiliser ses ressources dans des démantèlements «inhumains».
«Il manque vraiment des créneaux particuliers, comme des ressources pour les personnes LGBTQ, les couples, des personnes avec animaux», énumère Benoit Langevin, porte-parole d’Ensemble Montréal en matière d’itinérance.
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