Bourse: déjà des gagnants de la guerre en Ukraine
Les titres des pétrolières et des fournisseurs d’armement ont notamment grimpé
Olivier Bourque
À chaque conflit mondial, la Bourse s’emballe pour quelques jours, parfois plusieurs semaines. Des titres chutent, mais d’autres actions peuvent en profiter. Le Journal a fait l’exercice avec Luc Girard, gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins.
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Première chose à savoir : les fluctuations sont tout à fait normales lors d’une guerre. Selon l’ampleur, elles disparaissent après quelques semaines et on peut voir rapidement une remontée en Bourse.
« Historiquement, des conflits, ça entraîne énormément de nervosité, de volatilité, mais c’est sur le court terme. À moyen ou long terme, ça n’a pas d’influence et les investisseurs reviennent vers le fondamental », affirme M. Girard.
Tout de même, certains secteurs ont été prisés par les investisseurs alors que la tension montait entre la Russie et l’Ukraine.
Ressources naturelles
« Lorsque la crise a frappé, on a vu les pétrolières, les ressources naturelles, tout ce qui est ressources comestibles, le blé par exemple, tout cela s’est apprécié », explique le gestionnaire.
Le cours de la céréale a même atteint un niveau historique avant de recul hier. Le blé a pris 7 % sur une semaine avec des craintes au niveau de la production alors que l’Ukraine et la Russie sont deux producteurs importants.
« Il pourrait y avoir un déséquilibre entre l’offre et la demande, donc à ce moment-là, les prix explosent », souligne M. Girard.
Peut-être pas pour longtemps
Pour ce qui est des pétrolières, les titres de Shell (+2,45 %), ExxonMobil (+ 0,88 %) ou Chevron (+5,93 %) ont connu des hausses lors des cinq derniers jours.
Le secteur de la défense s’est aussi démarqué. L’action du numéro un mondial du militaire, Lockheed Martin, a connu une semaine du tonnerre avec une hausse de 5,2 %, tout comme Raytheon (+ 4,2 %), General Dynamics (+ 6,7 %) ou Thalès (+8,14 %).
En revanche, le constructeur Boeing qui possède également une division militaire, mais aussi l’aviation civile, a reculé de plus de 5 % sur la semaine.
« Ces titres ont bien performé sur la nouvelle du conflit géopolitique. Mais est-ce que ça va perdurer ou s’arrêter ? À ce moment-ci, ces titres ont bien fait, mais il pourrait y avoir prise de profits lors des prochains jours », assure le gestionnaire.
Au Québec, des joueurs comme Héroux-Devtek (+ 1,5 %) et CAE (+ 0,9 %) qui ont des contrats dans le secteur de la défense ont profité plus modérément du conflit.
Revenir vers le fondamental
Mais tout cela pourrait changer rapidement, en fonction des intentions du dictateur Vladimir Poutine, et les investisseurs pourraient revenir aux valeurs plus fondamentales.
« Le marché peut revirer de bord rapidement et on retourne vers ce qui est normal dans le cycle économique, car on pense que l’économie ne tombera pas. À ce moment, les investisseurs vont vers les ressources financières et industrielles, la santé et la consommation », conclut le gestionnaire.
« Dans les deux derniers jours, la Bourse s’est ressaisie. On est allé dans une correction boursière qui était trop exagérée. On se rend compte que peut-être que la crise va se régler plus rapidement », conclut M. Girard.
L’armement en profite !
Hausse sur cinq jours
- Lockheed Martin : +5,2 %
- Raytheon : +4,2 %
- General Dynamics : +6,7 %
- Thalès : +8,14 %