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Culture

Pour la première fois de sa carrière, Benoît Gagnon n’a pas de contrat de radio cet automne

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Patrick Delisle-Crevier

2025-08-22T10:00:00Z
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Avec la mi-cinquantaine qui approche, l’homme qui anime cet été sur les ondes de Radio Énergie à l’émission Ça rentre au poste nous parle de son rapport au temps; celui qui est passé, et celui qui lui reste. Il est question de sa vie de famille, de ses amours, des hauts et des bas de sa vie d’homme d’affaires et de ses multiples projets, dont un plus grand que nature, qu’il souhaite réaliser avant la fin de sa carrière.

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Benoît, comment ça va?

Je vais très bien. Mathieu, mon plus vieux, a 25 ans aujourd’hui. Voir mon fils rendu à cet âge-là, c’est un beau rappel que le temps passe vite en tabarouette. Ma fille, Sophie, quant à elle, a eu 22 ans il y a quelques jours. Ça fait donc 22 ans que mon père est décédé quelques mois avant. J’ai l’impression que c’était hier tout ça. En plus, j’ai eu 54 ans il y a deux semaines. La vie passe vite et tu le sais, tu me connais, je suis un vivant, je veux maximiser le temps que j’ai sur cette terre. Je ne me refuse rien, je profite de la vie et si une occasion de voyage arrive à la dernière minute, j’y vais. Je vois des amis et je profite de la famille.

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Quel est ton rapport au temps?

Il passe trop vite. Je n’ai jamais eu peur de vieillir. Au contraire, j’ai même toujours aimé ça. À 30 ans, j’avais des amis qui capotaient et qui étaient déprimés parce qu’ils avaient cet âge. Moi, je me disais que tant que je peux doubler mon âge, je suis correct. À 30 ans, je pouvais me rendre à 60 ans, à quarante ans, je pouvais me rendre à 80, mais là, dans la cinquantaine, il faut que je vive jusqu’à 100 ans et je suis pas mal certain que je vais me rendre là. Cependant, avec la soixantaine qui approche, ça me rentre dedans, car il faudrait que je vive jusqu’à 120 ans et ça commence à être beaucoup. Ça devient alarmant un peu. Je tente de maximiser mon temps, même si je travaille encore beaucoup trop.

Est-ce que tu ressens une certaine fatigue qui s’installe?

Oui, parfois, et en même temps, je fais des choses que j’aime et c’est correct. Mais je me souhaite d’ici trois ans de vraiment ralentir parce que mes semaines sont très chargées. Je trouve parfois que j’ai trop de responsabilités et que j’ai trop de travail. Je n’ai pas joué au golf une fois encore cet été, je ne suis pas non plus allé à la pêche avec mes amis. Ce sont des choses que j’aime faire et qui me font du bien. Le temps pour moi est précieux et j’ai hâte d’en prendre un peu plus pour moi et d’être égoïste un peu plus de mon temps.

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Te connaissant, je ne pensais jamais t’entendre dire que tu souhaitais ralentir...

Je sais, c’est étonnant! J’ai ralenti un peu ces derniers temps — même si ma conjointe, Nathalie, ne serait pas du tout d’accord avec cette affirmation. Je suis un passionné qui aime la vie, qui adore les gens et les affaires. Je suis curieux et 95 % de mon temps, c’est du travail, de la passion et du plaisir. C’est plus facile pour moi de gérer tout ça parce que je ne le vois pas comme du travail. Je fais des choses que j’aime.

Est-ce par insécurité financière que tu travailles autant?

Non, c'est parce que je suis cave et que je ne suis pas capable de dire non, surtout quand c’est le bon projet, le bon timing et les bonnes personnes. Je dis oui parce que je m’en voudrais de ne pas être embarqué dans un beau projet. En affaires, on me fait souvent des propositions. J’ai appris à refuser certaines choses parce qu’investir, ça coûte de l’argent, et je n’ai pas ces moyens-là. Mais quand c’est possible et que tous les astres sont en place, j’ai l’impression que je vais apprendre, grandir et avancer, alors je me lance.

Tu es maintenant capable de dire non?

(Rires) Je m’en viens pas pire. Je travaille très fort là-dessus, mais ça ne fait pas si longtemps. Avant, si on m'invitait à des soirées ou des événements et que je disais non — du moins, j’essayais —, je me sentais coupable et je rappelais le lendemain pour dire oui. L’une de mes grandes craintes dans la vie, c’est de décevoir. Je peux tolérer d'être déçu de moi-même, mais je ne peux pas décevoir les autres.

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Te mets-tu beaucoup de pression?

Beaucoup trop. Je tente de m’habituer à dire non et à ne pas revenir sur ma décision. Cet été, je fais un remplacement à la radio et pour la première fois de ma carrière, je n’ai pas de contrat après. Je n’ai jamais manqué de travail et là, je me retrouve devant rien...

Comment vis-tu ça?

Très bien et très mal à la fois. Ce que j’aime faire dans la vie, c’est parler aux gens, leur raconter des histoires, leur changer les idées et les divertir. Je suis un communicateur qui aime le monde. La radio m’apportait ça chaque jour depuis 35 ans. Mais cette pause de contrat m’ouvre quelques mois de temps libre pour faire différentes choses. Je travaille sur deux beaux projets télévisuels et ça avance super bien. L’un d’eux est un documentaire et si ça fonctionne, je vais tourner en Europe cet automne. Je vais aussi travailler sur deux ou trois projets d’affaires sur lesquels je ne mets pas assez de temps. Il n’y a donc rien qui arrive pour rien. Pour l’instant, je fais partie de l’équipe d’été à Énergie avec Simon Delisle et Kim Williams et nous nous amusons beaucoup. Je vais aussi animer Survivor Québec en prolongation pour une autre saison. Finalement, je réalise que je ne manque pas de travail. Ce sera juste une petite pause. (rires)

J’ai l’impression qu’il y a un certain vertige qui vient avec cette période plus calme...

Tu as raison, c’est un énorme vertige. Je suis habitué à être en ondes cinq à sept jours sur sept. J’ai vécu ça pendant des années et ça fait partie de ma routine quotidienne. Même si je n’ai pas de micro cet automne, c’est primordial pour moi de continuer à nourrir la belle relation que j’ai avec le public et je vais le faire par les réseaux sociaux pendant cette pause. Si j’ai la vie que j’ai aujourd’hui, si j’ai cette belle tribune, c’est grâce au public, et je prends toujours le temps de lui répondre.

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Il y a une dichotomie chez toi, car tu es un gars de famille, près des siens, et en même temps, tu travailles trop... As-tu l’impression d’avoir manqué de temps avec eux?

Oui, à 100 %. Mais, en retour, mes enfants n’ont manqué de rien. Pendant mes années à Salut Bonjour, par exemple, je n’étais jamais là au déjeuner. Je les voyais sur l’heure du souper et les fins de semaine. Cependant, j’ai toujours été là dans les moments importants, j’ai quand même été un père présent. Je sais que j’ai été un bon père de bébés naissants, de jeunes enfants, et je dois m’habituer à être un père de deux jeunes adultes. Aujourd’hui, Mathieu et Sophie volent de leurs propres ailes et ils ont leur propre vie. Je dois m’habituer à ça. Je prends peut-être trop souvent des nouvelles, comme s’ils avaient encore 14 ans. J’aimerais les voir plus souvent. Je me rappelle que j’étais comme ça avec mes parents à leur âge et je le réalise aujourd’hui. C’est payback time! (rires)

Comment vont tes enfants?

Ils vont très bien. Mathieu est pompier et je suis tellement fier de lui. Il se cherche en ce moment un emploi dans son domaine et ma fille, Sophie, est directrice d’un magasin. Elle est heureuse. Mes deux plus vieux sont devenus de beaux adultes épanouis. Mon beau Charles a maintenant neuf ans et cet enfant-là, c’est un soleil. Chaque matin, c’est le plus beau jour de sa vie. C’est un enfant qui a le bonheur facile, c’est un petit gars que tout le monde aime. C’est un petit charmeur, il aime bouger et nous jouons souvent au soccer ensemble. C’est un petit gars magnifique que j’ai en garde partagée avec sa maman.

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Est-ce que la garde partagée est difficile pour toi?

Oui, car tu ne fais pas des enfants pour les voir une semaine sur deux. Le mercredi, une semaine sur deux, quand il s’en va chez sa mère, je déteste cette journée-là parce que je sais que je perds mon fils pendant cinq jours. Mais en même temps, il a une maman extraordinaire et je sais qu’il est très bien. Jenna et moi avons une belle communication et nous nous accommodons pour le mieux.

Est-ce que ta conjointe, Nathalie, te ramène les yeux en face des trous face à toutes tes préoccupations professionnelles?

Oui et non. Elle sait que tout ça me rend heureux et elle veut mon bonheur. De plus, je suis le genre de chum qui met des moments pour nous deux à l’agenda chaque semaine. Pour moi, c’est important d’être un amoureux présent et que nous ayons des moments ensemble dans la semaine. Les moments de qualité avec mes proches sont très importants pour moi en dépit de tout. C’est même primordial.

Tu m’as confié, dans une entrevue précédente, que tu n’avais jamais aimé autant et que Nathalie était la femme de ta vie. Est-ce que tu penses que ta passion pour le travail a eu raison de tes relations précédentes?

Non, je n’ai pas de regrets face à mes relations passées. Je pense que nous avons fait le chemin que nous avions à faire ensemble à ce moment-là. Ce qui est sorti de ces belles relations, ce sont trois enfants extraordinaires: deux avec Sonia et mon petit Charles avec Jenna. J’ai eu de belles années avec chacune d’elles, mais on a fait le chemin que nous avions à faire ensemble. Elles sont heureuses dans leurs vies respectives et je ne pouvais pas espérer mieux pour elles.

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Nathalie et toi, vous célébrez cinq ans d’amour cette année. Pensais-tu rencontrer la femme de ta vie à presque cinquante ans?

Je n’étais pas désillusionné par l’amour. Je me disais que s’il se présentait, tant mieux! Finalement, Nathalie est arrivée comme un beau cadeau dans ma vie. C’est une fille extraordinaire qui a le cœur à la bonne place. C’est une bonne vivante qui est plus calme et réservée que moi. Elle a même de la difficulté avec le spotlight, malgré son passé de mannequin. On aime tous les deux les voyages, la bonne bouffe, les soirées entre amis et nous avons beaucoup de plaisir ensemble. C’est bien de trouver à nouveau quelqu’un avec qui faire un bout de chemin.

Tu parles d’un bout de chemin, tu sembles très rationnel dans tout ça...

C’est parce que j’ai vécu ce que j’ai vécu avant. Après 20 ans de relation avec quelqu’un d’autre, Nathalie aussi a sa propre expérience. Est-ce que je me projette devant un beau coucher de soleil, quand je serai vieux, avec elle, sous le charme? C’est certain que oui. En même temps, je reste très connecté à la réalité de la vie — je le lance dans l’univers et je l’espère —, mais il n’y a aucune garantie. Ce que je sais, c'est que je suis bien avec cette femme et que j’ai une belle relation avec ses deux enfants, Emma et Tomas. Nous formons une belle grande famille et je tente d’être un bon modèle paternel pour eux.

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Est-ce que tu es heureux aujourd’hui?

Oui, je suis dans une bonne période de ma vie, mais j’ai eu de gros stress sur le plan financier cette année. Ça m’a ralenti et ça m’a chambardé un peu. Je ne suis pas celui qui se cache dans un trou et qui fait semblant que ça va bien quand ça ne va pas bien. J’affronte ce que la vie me lance en pleine face et chaque nouvelle journée est une occasion de faire plein de belles choses. Aujourd’hui, il fait soleil, c’est la fête de mon fils, je joue à la balle ce soir avec des amis et je vais faire trois heures de radio avec des gens que j’aime. Alors, oui, je suis heureux. J’ai toujours eu le bonheur facile.

Tu parles de stress financier, mais en même temps, tu n’hésites jamais à te lancer en affaires...

En effet. Même si ç’a été une année stressante, si une opportunité se présente, je sauterai dedans. Cette année, je me suis rendu compte que je devais de l’argent à l’impôt, autant au fédéral qu’au provincial. Je les ai appelés pour leur dire et leur première réaction a été de fermer tous mes comptes et de prendre une hypothèque légale sur ma maison. Disons que ç’a été un énorme stress, mais mon comptable a réglé tout ça. Il faut savoir aussi qu’être en affaires, ce n’est pas tout le temps beau. Quand tu fais un profit, tu dois le réinvestir dans la compagnie. La compagnie d’eau Altitude va bien et nous comptons augmenter le nombre de points de vente. Notre eau québécoise est tellement bonne qu’elle a gagné un deuxième prix dans une compétition dernièrement. J’investis aussi dans la création de jeux vidéo et nous en avons sur le site Espace Jeux de Loto-Québec.

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Dis-moi, Benoît, as-tu la carrière que tu pensais avoir?

Non, pas tout à fait. Le succès est arrivé très vite pour moi, il y a 35 ans. J’ai rapidement fait de la télévision, à Salut Bonjour week-end, puis Salut Bonjour. J'ai ensuite animé des bulletins de sports à TVA le soir. J’ai été le p’tit cul qu’on a projeté rapidement vers l’avant. J’ai dû faire face rapidement à de grandes responsabilités et je pense que j’ai très bien géré tout ça. Je ne voulais pas être la saveur du mois et avoir une carrière de seulement deux ou trois ans. Je me suis toujours donné le droit d’accepter de nouveaux projets et de nouveaux défis. J’aime me mettre en danger et je pense que ça m’a beaucoup aidé. J’ai aussi proposé un gros show télévisuel et si ça fonctionne, ce sera mon dernier beau gros projet, car je pourrai faire ça pendant six ou sept ans.

Que peut-on dire de ce concept télévisuel?

C’est une émission que je regardais quand j’étais jeune parce que mes parents l'adoraient. J’ai présenté le projet à l’équipe de production de Survivor Québec. C’est un show télé qui pourrait réunir le Québec d’une belle façon, ce serait un grand rendez-vous télévisuel. En ce moment, nous travaillons sur le projet et nous sommes encore en discussion. C’est un concept qui existe ailleurs dans le monde et qui pourrait être adapté pour le Québec. J’aimerais avoir le privilège d’animer cette émission. Ça me rendrait heureux et ce serait une belle façon de terminer ma carrière, ce serait quelque chose de beau et de grandiose. J’aimerais me rendre à 40 ans de carrière et le faire en réalisant l’un de mes projets d’émission, ou même les deux, ce serait le plus beau des cadeaux.

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