Publicité
L'article provient de 7 jours
Culture

Découvrez le meilleur moyen de défense de Christine Morency face aux critiques

L'émission «Une nuit avec Christine» est disponible sur illico+.

Partager

Michèle Lemieux

2025-05-29T10:00:00Z
Partager

Depuis qu’elle réalise son rêve de vivre de son art, Christine Morency utilise sa tribune pour faire rayonner des valeurs qui lui tiennent à cœur: acceptation de soi, bienveillance, non-jugement. La travailleuse sociale en elle n’est jamais bien loin... Alors qu’elle nous présente sa nouvelle émission, Une nuit avec Christine, l’humoriste se livre avec générosité et authenticité sur ce qui l’anime.

• À lire aussi: Christine Morency nous dévoile ses secrets et c'est à pleurer de rire

• À lire aussi: Ces 12 grandes vedettes réunies pour un projet d'envergure

Christine, tu nous proposes un concept plutôt intrigant, Une nuit avec Christine, sur illico+. De quoi s’agit-il?

Comme je n’ai jamais eu l’occasion de faire une nuit blanche quand j’étais adolescente, j’ai eu envie de vivre ça. Je reçois trois invités avec qui je passe une nuit blanche en pyjama. Pis quand je dis nuit blanche, c’est une VRAIE nuit blanche! Pas de montage pour la télé, pas de tricherie. Une nuit blanche, pour de vrai! Mes invités sont Pierre Hébert, Mona de Grenoble et Marie Soleil Dion. Durant la nuit, il y aura aussi des invités surprises: Guy Jodoin, Guylaine Tanguay et Joël Legendre. Dès le départ, j’ai demandé à la production de ne rien connaître du programme, parce que je voulais être surprise comme mes invités. Durant la nuit, nous allons relever des défis. C’est un show feel good où on verra des gens du milieu artistique vivre des affaires qui n'ont pas de bon sens.

Publicité

Dans l’émission «Une nuit avec Christine», l’humoriste et animatrice organise un party pyjama épique avec ses amis, Mona de Grenoble, Marie Soleil Dion et Pierre Hébert.
Dans l’émission «Une nuit avec Christine», l’humoriste et animatrice organise un party pyjama épique avec ses amis, Mona de Grenoble, Marie Soleil Dion et Pierre Hébert. illico+

La radio se poursuit aussi...

Oui, je serai à la radio jusqu’au début du mois de juin, puis je serai de retour après les vacances, au mois d'août.

J’aimerais qu’on revienne sur ton choix de métier. Comment l’humour s’est-il imposé dans ta vie?

J’ai toujours eu cet appel. Je suis passée par le théâtre en me disant qu’en humour, il n’y avait que trois élus par décennie. Je trouvais ça moins accessible que le théâtre, où on montait plusieurs productions, impliquant plusieurs comédien(nes). Mais je me suis rendu compte que ce n'était pas le théâtre qui m'appelait, mais l’envie de faire rire. Même en jouant, j'essayais d’être drôle. Une prof de théâtre m'a déjà dit: «Tu joues du drame comme on jouerait de la comédie.»

C'est un fort beau compliment...

(sourire) Pour elle, ce n’en était pas un, mais pour moi, oui. J'ai attendu longtemps, parce que je pensais que c'était un milieu inaccessible. Il n'y avait pas beaucoup de femmes à travers tous les hommes qui faisaient ce métier-là. Je me disais: «Qui suis-je pour penser que ça va fonctionner?»

C’est ce qu'on appelle le syndrome de l'imposteur?

Exactement. J'ai attendu vraiment longtemps. C’est en faisant une thérapie avec une psy que j’ai décidé de me lancer. Elle m’a dit: «Tu ne seras jamais heureuse si tu n'essaies pas au moins de réaliser ce qui t'habite le plus.» Et j'ai fait le saut. Une chance! Je ne voulais pas me réveiller à 80 ans avec des regrets. On a juste une vie, donc aussi bien essayer. Comme c’était mon plus grand rêve, je me disais que si ça ne fonctionnait pas, je ne pourrais plus rêver de rien. La vérité, c’est qu’on peut avoir d'autres objectifs. Ce n’est pas parce qu’une avenue n'a pas fonctionné que tout est mort.

Publicité

Est-ce que c'était évident que tu avais du talent pour l'humour quand tu étais enfant?

Je pense que oui. Je faisais tout le temps des petits spectacles dans le salon. Ça devait être épouuuuuvantable! (rires) Pauvre môman! Si j'entendais une blague que ma mère avait racontée à ses amis, je la reprenais à mon compte. C’était des blagues d’adultes, alors quand je les racontais dans la cour d’école, personne ne les trouvait drôles... J’ai toujours eu des femmes très expressives dans mon entourage. Je trouve ça beau quelqu'un qui rit, parce que le rire, c'est la plus belle chose au monde. Même dans les classes, j'étais l'enfant qui était un peu turbulente, qui faisait tout le temps des blagues. Au secondaire, quand la prof perdait un peu le contrôle de sa classe, c'est moi qui ramenais le groupe. J’étais à la fois ange et démon.

As-tu été encouragée dans cette démarche?

Absolument. Ma mère a toujours été derrière moi. Elle ne m'a jamais découragée en me disant que c’était un métier incertain. Jamais. Elle m'a toujours dit de faire ce qui me rendrait heureuse, que si jamais l'argent ne rentrait pas, on allait s’organiser. Ma mère m’a toujours soutenue, et mes amis y croyaient aussi. Ils ne pouvaient pas croire que j’allais juste les faire rire dans les partys.

Il faut dire qu’avec ta mère, tu vis une relation assez exceptionnelle.

Ma mère m'a élevée toute seule. Elle n’est pas ma meilleure amie; elle est ma mère. Nous avons un lien unique que je n’aurai jamais avec ma meilleure amie. Nous sommes très proches mais, comme tout le monde, nous nous pognons et nous nous tapons sur les nerfs. Ce n'est pas tout le temps beau et rose, mais rien ne pourra jamais couper ce lien. Notre relation va toujours exister.

Publicité

Julien Faugere / TVA Publications
Julien Faugere / TVA Publications

Ton succès doit la rendre tellement fière!

Ma mère, c'est ma première fan. Elle est fière, mais surtout heureuse pour moi. Je pense que sa plus grande fierté, c'est que je sois heureuse dans ce que je fais, que je m’épanouisse dans le métier que j'ai toujours rêvé de faire. Pour elle, c'est ça le plus beau cadeau.

Tu as déjà dit que ta mère était très affectée par les critiques. C’est toujours le cas?

En fait, ce sont surtout les commentaires méchants sur Facebook qui l’affectent. Je ne sais pas ce qu'on vit collectivement pour penser que le fait d'écrire des messages haineux en dessous d'une publication inoffensive sur Facebook fait du bien. Je pense qu'il faudrait rendre les psys plus accessibles, parce que visiblement les gens en ont besoin. Ce n’est pas normal que la violence verbale ou écrite ne nous fasse plus rien. Malgré tout, j'ai vraiment une belle communauté. Nous avons réussi à créer quelque chose de vraiment doux. Pour un commentaire méchant, il y en a 100 qui sont gentils. Je n’en voudrai jamais à personne de ne pas m’aimer, mais est-ce nécessaire de m’insulter en pointant du doigt mon physique?

Évoluer sous l’œil du public force-t-il le détachement à certains égards?

Je fais cet exercice de détachement depuis bien plus longtemps que mon métier, parce que mon corps, avant même qu'il soit public, a toujours dérangé. Malheureusement. C'est juste que maintenant, j'ai une tribune pour dire que ça n'a pas de bon sens ce que les gens font vivre aux personnes qui ont un corps gros. C'est sûr que le métier public m'a appris à répondre à ces commentaires, à me positionner, à renforcer comment je me sens. Parce que maintenant, ce ne sont plus juste les gens de mon entourage qui voient une photo de moi en maillot de bain, ce sont tous les gens à qui je décide de l'exposer.

Publicité

On t'a effectivement tous vue en maillot de bain...

Il y en a pour qui c'est violent de se mettre en maillot de bain à la plage d'Oka alors qu'il y a 100 personnes. Moi, je mets une photo sur Internet et des milliers de personnes la voient et la commentent. Il faut s'armer d'un moyen de défense qu'on appelle «s’en sacrer». On n'a pas le choix.

Finalement, c'est un exercice thérapeutique?

Violent mais thérapeutique. On apprend à avoir un discours qui est plus doux, bienveillant et aimant envers soi pour contrebalancer les commentaires négatifs. Si j’avais débuté dans ce métier au moment où j'avais envie de le faire, je pense que j'aurais été beaucoup plus fragile, parce que je n'avais pas fait autant de chemin par rapport à mon estime personnelle. Maintenant, j’en ris...

As-tu le sentiment de porter un message sur l’acceptation de soi malgré un surpoids?

Je sais que ça se veut super bienveillant comme question, mais l'utilisation du mot surpoids est violent. C'est quoi le poids de base? Il faut dire «quelqu'un qui a un corps gros». Un surpoids implique qu'il y a un poids standard et qu'on le dépasse. Moi aussi, je fais plein d'erreurs. J'utilise parfois le mot surpoids, mais je privilégie «personne grosse». Je sais qu’on a peur de dire gros ou grosse, mais il faut utiliser les bons termes. Oui, je porte un message parce que j'existe, mais je ne le sens pas comme une mission. Une personne handicapée n’est pas handicapée, mais en situation de handicap selon la situation dans laquelle elle se trouve. Chez elle, elle n’est pas handicapée: tout est adapté. Mais si l’environnement n’est pas adapté, elle devient une personne en situation de handicap.

Publicité

Les gens te disent-ils que tu es un modèle pour eux?

Beaucoup de femmes (surtout) m’écrivent pour me dire: «merci». C’est incroyable! Avant de faire de l’humour, j'avais un métier en relation d'aide, et je continue d’aider à ma façon. Plein de femmes me remercient. Elles me disent qu’elles prennent plus leur place, qu’elles s’affirment plus, qu’elles acceptent mieux leur corps, qu’elles arrivent à se trouver belles. Alors j'aide autant — sinon plus — maintenant que lorsque je travaillais dans des organismes pour les gens en situation d’itinérance.

Christine, tu es la marraine de deux garçons. Est-ce un rôle qui te nourrit?

Oui. Loïc a 15 ans, et Aaron est né en mars dernier. Marraine, c'est un rôle qui me comble complètement, parce que j'ai pris la décision de ne pas être maman dans la vie. Je n'ai pas cet appel-là, je n'ai pas cette dévotion-là. Je trouve que c'est trop de responsabilités. Mais on dirait que marraine, c'est le rôle parfait, parce que j’ai un lien unique avec mes filleuls. J’ai la liberté de ne pas être leur mère. Ce lien privilégié, je le trouve beau. En plus, je suis marraine de deux garçons dans une société où les mentalités évoluent. Les garçons de ma génération ont été élevés dans l’esprit «un gars, c'est fort et une fille, il faut que ce soit protégé». J’ai envie qu'on change ça un peu, d'être un modèle de femme forte, indépendante, mais aimante quand même. Une femme n’est pas triste et malheureuse parce qu'elle est célibataire et n'a pas d'enfant. On peut être épanouie. On a besoin d’une variété de modèles sur terre.

Publicité

Et parfois, on a plus d'impact en tant que parrain ou marraine qu'en tant que parent...

Oui, et même si je ne suis pas la marraine des autres enfants dans mon entourage, je suis toujours la matante cool. Je suis celle qui peut faire de la prévention, parce que j'ai été cette adolescente qui prenait beaucoup de drogue et qui l'a échappé. Ça me fait du bien de dire aux ados de mon entourage que si jamais ils l'échappent dans un party et qu’ils sont trop gênés pour appeler leur mère, ils peuvent m’appeler. Je vais aller les chercher, je ne dirai rien dans l'immédiat, mais il va falloir qu'on trouve un moyen d'en parler avec les parents. 

Comment ta mère réagissait quand tu l'échappais de ton côté à l'adolescence?

Ma mère était très ouverte. Quand je l'échappais, elle était vraiment une mère exceptionnelle. Mais ce n'est pas facile, quand tu es un ado, de partager ce que tu vis avec tes parents. C’est bon d’avoir une adulte cool qui peut comprendre pourquoi tu as essayé l’ecstasy, mais qui a quand même l’expérience derrière la cravate pour te mettre en garde des danger pis t’offrir un endroit sécuritaire pour «débuzzer». Ça sert à rien d’interdire des affaires, quand on est jeunes, on veut juste transgresser ces règles-là. C’est pour ça que je pense que c’est important de mettre en place des mesures pour réduire les méfaits et de rendre ça le plus sécuritaire possible (adulte de confiance, test d’analyse de substances dans les festivals, etc.).

Précédemment, tu as évoqué la thérapie. En parler permet-il d’abattre des préjugés?

Je crois que oui. Moi-même, je travaillais en relation d'aide, mais j'avais quand même peur d'aller consulter. J'ai vraiment traîné ça longtemps, parce que je me disais que j’étais plus forte que ça, que je n'en avais pas besoin, que j’allais prendre la place de quelqu'un d'autre qui en avait peut-être vraiment besoin. Mais la thérapie, c’est aidant pour tout le monde. Le problème, c'est que ça coûte vraiment cher. Il faut qu'on trouve un moyen de donner aux gens un accès à la thérapie. Juste pour évacuer, ventiler, réfléchir à deux sur la personne qu’on a envie de devenir. La santé mentale, c’est tellement important...

À voir aussi:

Publicité
Publicité