Découvrez la plus grande peur de Guy Jodoin
Ne manquez pas «Sortez-moi d’ici!» le dimanche 19 h 30, à TVA et TVA+.
Daniel Daignault
Guy Jodoin avoue avoir eu beaucoup de plaisir à travailler avec Rosalie Vaillancourt à l’animation de Sortez-moi d’ici!, qui est de retour pour une troisième saison à TVA. Et, outre cette belle aventure télévisuelle qui s’ajoute au Tricheur, qu’il anime depuis 14 ans, Guy s’est confié sur son bonheur d’être là exactement où il souhaitait être à son âge, après 36 années de carrière.
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Guy, Rosalie et toi, vous avez sûrement bâti une belle complicité en travaillant ensemble.
J’anime souvent seul, et pour moi, c’était du sport de faire de la coanimation avec une jeune femme très drôle. Il fallait que j’apprenne à la connaître; elle va beaucoup plus loin que moi au niveau de l’humour. Elle défonce, elle punche et, des fois, elle est déstabilisante, mais j’ai trouvé ma façon de travailler avec elle. Je me suis dit qu’il fallait aussi que je la voie à l’extérieur de cette animation. Je suis donc allé voir son show, MILF. Quand on voit son spectacle d’humour, on connaît mieux la personne. Et ce soir-là, son agente m’avait demandé de m’habiller tout en or et de monter sur scène lui remettre une plaque pour 50 000 billets vendus. C’est sûr que j’ai accepté, j’étais assis dans la salle avec mon suit doré! Sur scène, j’ai vu dans son œil qu’elle se disait: «OK, t’es game, tu vas m’en donner, je vais t’en donner aussi et on va trouver une façon de s’amarrer.» Ç’a été un bon coup, cette rencontre-là, car après, quand on a commencé à faire nos réunions, la chimie a pogné rapidement. Tout ce que je voulais, c’est que Rosalie - qui n’avait jamais animé - sorte de nos meetings de production et se dise qu’elle avait eu du fun. La marque Sortez-moi d’ici! est forte et tu n’es jamais plus fort que ta marque. On a été chanceux elle et moi de faire ça, et je lève d’ailleurs mon chapeau à Jean-Philippe Dion et à Alexandre Barrette, qui ont fait les deux premières saisons. On a voulu faire tout notre possible pour qu’il y ait une continuité, et après ça, ce sont les gens qui vont décider si ça fait leur bonheur ou pas.
Il faut dire que tu as tellement d’expérience comme animateur!
Je dirais que j’ai trouvé ma façon de me faufiler dans l’animation; il a fallu que je trouve ma force. La mienne, c’est un peu la folie, l’absurdité, l’exagération. C’est la couleur que j’ai trouvé pour animer.

Aurais-tu été un bon candidat pour participer à Sortez-moi d’ici?
Oui, parce que j’aime les gens, j’aurais joué une bonne game sur le plan social. C’est important pour moi que, dans un groupe, tout le monde soit bien. De ce côté-là, ça se serait bien passé.
Et les épreuves?
J’ai peur des serpents, des hauteurs et de bien des affaires. Mais je suis drôlement fait, quand il y a une caméra qui est allumée, je peux plonger. Je vais le dire que je ne suis pas bien, je vais confier ce que je vis, mais je vais le faire. Je sais que je vais la manger, la cervelle de mouton!
On parle beaucoup de peurs et d’épreuves dans Sortez-moi d’ici!, mais quelle est ta plus grande peur?
Vieillir. Je trouve ça dur. J’ai eu 58 ans en décembre, ce n’est pas facile, mais tous les jours j’essaie d’accepter. J’ai encore de la job à faire sur ce plan, mais j’y arrive à cinquante-deux pour cent, de l’accepter. (rires) Soixante ans, ce ne sera pas un choc, je pense que je vais avoir le droit de le dire, je vais avoir l’âge que j’ai. J’ai deux ans devant moi pour m’y faire. Ma peur de vieillir vient aussi avec la peur de perdre des personnes chères, dont mes parents. Je sais que ça va me faire mal, que ça va fesser fort.
Ils vont bien, tes parents? Ils sont en forme?
Oui, Julienne de La Bruère et Léopold ont 89 et 92 ans, et ils vivent encore dans leur maison. J’en profite le plus que je peux, je prends du temps de qualité avec eux. On jase de tout, tous les trois: de sexualité, de testament, de la mort. Ça fait longtemps que je suis proche d’eux. Dans les débuts de ma carrière, j’ai travaillé de façon acharnée, j’ai eu quatre ou cinq jobs à la fois. À l’époque, je les voyais, mais je ne m’informais pas d’eux tant que ça. Il n’aurait pas fallu qu’ils quittent à ce moment-là, parce que je me serais dit: «Mais qu’est-ce que j’ai fait là?» Mais on dirait que je n’avais pas le choix de placer mes cartes, parce que ce n’est pas un métier facile. C’est drôle, parce que là, je récolte, mais il a fallu que je sème pendant bien des années, un gros 25 ans, pour être plus détendu face à mon métier. Aujourd’hui, je suis capable de partir, de m’évader, de bloquer 10 jours juste pour moi. Je peux aussi aller passer quatre jours chez mes parents, car plus j’avance en âge, plus j’en profite. Je ne veux pas qu’ils quittent, mais le jour où ça arrivera - parce que ça va tous nous arriver -, je vais être en paix. Je vais être triste comme ça ne se pourra pas, mais je vais pouvoir dire que j’ai été là. C’est la même affaire pour mes enfants. J’ai travaillé beaucoup, mais quand j’étais là, j’étais présent. J’ai eu du temps de qualité avec eux. Juste d’être ensemble, de parler et d’apprendre qui ils sont, c’est important pour moi. Je dirais que j’ai plus peur de la mort des autres que de la mienne, parce que je trouve que c’est plus difficile quand quelqu’un quitte lorsque soi-même on reste. Je me souviens d’avoir fait une entrevue à Sucré salé avec Gilles Latulippe, qui m’a inspiré dans ce métier-là. Il m’avait dit que le plus difficile pour lui était de perdre des amis. «Je les ai tous perdus, m’a-t-il confirmé, et je trouvais ça dur.»
Tu dis que tu essaies de prendre plus de temps pour toi et tes proches, tu as une passion particulière que tu entretiens?
Les voyages! Je suis allé aux Maldives avec Bruno Blanchet pour l’émission Partir autrement durant deux semaines et demie. On a eu beaucoup de plaisir. J’aime beaucoup voyager. Mon prochain voyage sera probablement en Égypte. On dirait que j’ai besoin d’aller voir et de comprendre ces pyramides-là. Et je me dis que si j’ai à en parler au Tricheur, ça va me servir.
Parlons du Tricheur. On dirait que tu retires énormément de satisfaction à faire ce jeu, je me trompe?
Non, j’ai plus de fun. J’ai fait Sucré salé durant treize ans. Je devais quitter à la 13e saison du Tricheur, c’était mon souhait. Mais la belle gang de TVA m’a dit que je pouvais rester. De plus, avec l’arrivée des Productions Déferlantes, il y a de nouvelles choses qui ont été ajoutées à l’émission qui me plaisent beaucoup. On est une belle gang, les gens sont contents d’être là, et j’ai souvent mentionné l’équipe parce que si j’étais tout seul, il n’y en aurait pas, de Tricheur. Ce n’est pas de la fausse modestie. Déjà, on a commencé à avoir des réunions pour la prochaine saison, qui sera notre 15e, et il y a beaucoup d’idées qui sont lancées, dont des mauvais coups à faire en ondes. On est un peu une gang de gamins et de gamines qui s’amusent, mais on travaille fort. Je ne te mens pas: il y a des journées où l’on peut travailler durant plus d’une heure pour trouver un stunt qui va durer 47 secondes en ondes. On donne beaucoup d’amour à ce show-là.
Il y a Le Tricheur et Sortez-moi d’ici!, mais qu’en est-il du comédien?
J’ai joué dans La dernière communion (une websérie qu’on peut voir sur le site de Télé-Québec): ce sont trois frères qui défroquent, avec Fayolle Jean et Jean-Pierre Bergeron. C’est brillant! La série a été créée par Eli Jean Tahchi et Myriam Farsaoui. C’était bien l’fun de travailler avec ces gens-là. Sinon, je vais faire un petit caméo dans une série. J’ai été choyé. Je pense qu’il y a excessivement de bons acteurs et de bonnes actrices au Québec. Quand on nous dit: «C’est toi qui va jouer tel rôle», c’est un peu comme si on gagnait à la loterie. C’est un peu triste parce qu’on est, quoi, huit mille à l’Union des artistes? Moi, j’ai la chance de faire autre chose, je fais de l’animation, j’ai parfois des offres au théâtre, mais ce n’est pas évident. J’ai travaillé les fins de semaine, l’été, le matin à la radio; on est comme décalés par rapport à nos horaires. Alors oui, pour répondre à ta question, c’est sûr que j’aime jouer, les gens le savent. Il faut que le réalisateur, le producteur et le diffuseur veuillent m’avoir, c’est une combinaison. En plus, il faut qu’ils cherchent un petit monsieur à la barbe blanche, qui a 58 ou 63 ans. Il y a tout ça qui fait en sorte que c’est parfois une loterie, mais c’est sûr que lorsqu’on m’offre quelque chose, je suis choyé. Il y a beaucoup de projets sur la table, mais pas de tournages concrets en ce moment côté jeu.
L’expression est employée à profusion, mais dirais-tu que tu es, après 35 ans de carrière, sur ton X?
Je suis bien. Je voulais voyager et je voyage. Je voulais faire ce métier et je suis vraiment choyé par les projets. J’ai de grosses journées de travail, mais il y a aussi des blocs d’arrêt, des congés qui sont prévus, et je suis exactement là où je voulais être dans ma vie. J’ai quatre beaux enfants que je regarde aller. Il y en a une qui est en Colombie-Britannique, une qui travaille en télé, un autre qui sort de l’école de théâtre, et l’autre est policier. Je suis toujours en train de valider s’ils vont bien, s’ils ont besoin de moi. Je suis là, mais je ne suis pas un père envahissant, je suis un père indépendant. Un jour, ma fille qui est en Colombie-Britannique m’a dit qu’elle aimerait que j’aille la voir. Deux jours après notre discussion, j’étais dans l’avion et je suis allé passer une semaine là-bas. Ça me fait du bien. Ils savent que je suis là. J’ai fait plein de voyages à travers le monde avec eux. J’essaie de me surprendre et de les surprendre, je pense qu’ils aiment ça, et tout ça est prétexte à passer de bons moments ensemble. Je ne pense pas que ce soit une question d’argent. C’est sûr que je suis choyé, je peux faire des affaires un peu flyées parfois, et si on a des sous, je pense qu’il faut redonner et c’est ce que je fais. Si je peux faire des dons, aider ma famille, j’essaie de le faire, c’est important pour moi.