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Culture

Caroline Néron dit pourquoi elle n’a plus l’impression d’avoir à faire ses preuves en tant qu’actrice

Le film «Anna Kiri» est actuellement à l’affiche.

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Patrick Delisle-Crevier

2025-09-18T10:00:00Z
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Depuis cinq ans, l’actrice cumule les rôles au petit et au grand écran, mais ça n’a pas toujours été le cas. Elle revient avec franchise sur les périodes difficiles comme sur les grands bonheurs de sa vie et nous parle avec fierté de sa fille, Emanuelle, et de Luc, l’homme avec un grand H qu’elle attendait depuis fort longtemps. Rencontre avec une femme qui a retrouvé le bonheur.

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Caroline, comment vas-tu?

Je vais super bien. Honnêtement, je me sens tellement épanouie depuis quelque temps, autant comme comédienne que comme femme d’affaires. Je suis dans une belle période de ma vie et j’ai eu la chance de participer à de beaux projets. Je parle notamment de mon rôle de Claude Coupal dans STAT, que j’adore. Je trouve que l’autrice de la série, Marie-Andrée Labbé, me donne tellement de jus! J’ai beaucoup de défis avec ce personnage et ça me rend heureuse.

Y a-t-il eu des périodes sombres où tu ne tournais pas?

J’avais volontairement pris une pause du métier de comédienne. Finalement, la pause a été plus longue que prévu, on ne pensait plus à moi et ça commençait à me beaucoup manquer. Mais en même temps, je n’osais pas me prendre un agent. Quand Anaïs (Barbeau-Lavalette) m’a offert un rôle dans le film La déesse des mouches à feu, ç’a été grand cadeau pour moi. Cette opportunité m’a donné des ailes. J’ai vu ça comme un signe de la vie. On traverse tous des épreuves, mais quand on fait les choses avec cœur, on a le droit de croire que ça finira par aller mieux.

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Pourquoi avais-tu cessé d’y croire, au départ?

Je n’étais pas dans une bonne période de ma vie. Quand j’ai tourné le film, j’étais encore en dépression, même si c’était contrôlé. Il y avait de bonnes et de mauvaises journées et dans ce temps-là, il fallait que je me parle pour être une bonne comédienne, une bonne maman. Mais je me suis sentie comme un poisson dans l’eau pendant ce tournage. Anaïs m’a ramenée sur mon X, je lui dois beaucoup! C’était mon rêve d’être à la fois une actrice et une femme d’affaires. J’avais ça à l’intérieur de moi. Mais quand j’ai débuté, on se questionnait à savoir si c’était possible de faire les deux. Aujourd’hui, on peut se permettre de tout faire, mais à l’époque, j’ai eu à me prouver. Puis tout de suite après le tournage de La déesse des mouches à feu, j’ai entrepris des démarches pour me prendre un agent.

As-tu encore l’impression d’avoir à faire tes preuves?

Non, je n’ai plus cette impression-là. Je pense que le fait d’avoir gagné le prix Iris de la meilleure interprétation féminine dans un rôle de soutien pour mon travail dans La déesse des mouches à feu a beaucoup aidé. Des gens qui ne voulaient pas y croire ont commencé à voir que j’avais du talent. J’ai senti une grande différence. Avant, mon talent de comédienne était souvent remis en question, peut-être en raison de mon look. Ça faisait en sorte que j’avais l’impression de devoir travailler deux fois plus que tout le monde pour me prouver. C’est la même chose dans le monde des affaires. Dans la tête des gens, il y avait toujours quelqu’un derrière moi pour tirer les ficelles, je n’étais que l’image de l’entreprise, alors que ce n’était pas du tout le cas.

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As-tu longtemps eu l’impression d’être prisonnière de ton image?

Disons que ça amenait beaucoup de défis, surtout avec les femmes. Quand tu es jolie, ça provoque de la jalousie et certaines te voient carrément comme une menace à abattre. Tout cela ne tient qu’à des préjugés. Pour certaines personnes, les femmes jolies qui réussissent sont des idiotes, des femmes à cash qui sont là où elles sont rendues non pas en raison de leur talent, mais plutôt parce qu’elles sont belles et que cela les sert bien.

Quel est ton rapport à ton image en vieillissant?

Je dois apprendre à vivre avec. On ne se le cachera pas, c’est plate de vieillir pour plein de raisons. Avant, je mangeais n’importe quoi et je n’engraissais pas; aujourd’hui, avec la ménopause, c’est une autre affaire! Mais je suis contente d’avoir vécu jusqu’à 52 ans et d’être en santé. Je veux vivre jusqu’à 100 ans, alors je suis bien consciente que mon apparence physique va elle aussi évoluer. Aujourd’hui, je n’ai plus l’air de celle que j’étais à 20 ans, j’ai vieilli comme tout le monde, mais je suis tellement mieux dans ma peau et j’ai tellement plus d’expérience de vie. Je me jugeais tellement plus dans la vingtaine que maintenant! C’est certain que je l’aimais, ma petite peau lisse de 20 ans, mais je ne suis plus là et c’est correct.

Certaines personnes ont du mal à se voir à l’écran. Est-ce ton cas?

Pas du tout. Je n’ai pas vraiment de problème à me voir moche sous tous les angles imaginables. Je ne te dis pas que ça me laisse complètement indifférente; je suis très consciente que j’ai vieilli et je n’ai pas le contrôle de l’éclairage sur les plateaux de télévision. Mais je dois apprendre à vivre avec, ça fait partie du métier. En même temps, je porte surtout attention à mon jeu quand je me regarde. Je me demande si les gens vont y croire. C’est ce qui compte. J’apprends en me regardant, alors j’adore ça.

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Tu comptes 30 ans de carrière. Quel regard poses-tu sur la jeune Caroline qui incarnait Stella, dans la série Diva?

Je réalise que j’ai vraiment eu une belle carrière. J’ai tellement tourné dans la vingtaine, au point de m’épuiser! C’est pour cette raison que j’ai arrêté à 31 ans. Mais j’ai manqué de cran à certains moments: j’aurais aimé avoir une carrière internationale, mais je n’ai jamais fait ce qu’il fallait, et ce, même quand il y avait de l’intérêt. À 52 ans, je suis heureuse de savoir que je suis encore là à faire ce métier. J’ai vu tellement d’artistes penser que leur carrière était partie pour de bon et tomber ensuite de haut. C’est ce qui m’a amenée à prendre la décision de me lancer en affaires à 31 ans. Je me suis alors dit que j’allais créer une marque avec mon nom, qui serait ainsi appelé à durer. Je pense que j’ai été visionnaire de penser comme ça. Honnêtement, pourquoi les producteurs auraient pensé à moi à nouveau si ce n’était pas du fait que j’ai continué comme femme d’affaires pendant un bout? Certaines épreuves m’ont amenée un lot de mauvaise publicité, mais on parlait de moi, en bien ou en mal, et j’ai pu revenir comme comédienne.

Tu dis que tu as manqué d’audace pour poursuivre une carrière internationale. As-tu des regrets par rapport à ça?

Oui et non, car avec une carrière internationale, je n’aurais pas la vie que j’ai, ma fille ne serait peut-être même pas là. Je crois en mon chemin et je pense qu’il était nécessaire. Je n’aime pas avoir des remords ou des regrets et je pense que chaque chose dans une vie arrive pour une raison. Mais j’y crois encore et c’est toujours un rêve de tourner un jour dans un film français. J’aimerais tellement ça!

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Est-ce que la chanteuse en toi est rassasiée, après trois albums?

Non, elle ne l’est pas. Elle n’a pas de frustration, mais elle a des motivations, par contre... La scène me manque. Chanter, c’est quelque chose de libérateur et de thérapeutique pour moi. Il y a des sujets que j’aimerais traiter à travers ma musique. La musique est très présente chez nous et ma fille, Emanuelle, chante tout le temps. J’ai fait trois albums: mon premier a bien marché, mais le deuxième a reçu des critiques tellement négatives! Mon look sur la pochette a choqué au point de faire oublier ma musique. On a regardé le contenant au lieu du contenu et ça m’a fait mal. J’avais envie de crier à l’injustice.

Qu’as-tu fait après avoir reçu ces mauvaises critiques?

J’ai décidé de me lancer en affaires. Les choses ont si bien fonctionné que la chanteuse en moi a été reléguée dans un placard. Pendant sept ans, Bijoux Caroline Néron m’a permis d’avoir une maudite belle vie. J’avais un bureau à Paris, je faisais tellement d’argent et j’en ai aussi tellement dépensé! J’étais une femme indépendante et en contrôle de ses moyens, et c’est ce que je voulais.

Et que fait-on quand tout s’effondre?

Je suis restée indépendante, mais je n’avais juste plus de moyens. (rires) Ç’a été un méga coup dur, mais ça n’a pas duré longtemps. Trois semaines après, je me retroussais les manches et je repartais en affaires. 

Comment est-ce de devoir se refaire?

Rebâtir mon nom a été difficile. C’est pire que de lancer une entreprise. J’étais aussi en plein divorce, ce qui s’est avéré très libérateur pour moi. Ça n’allait vraiment pas bien dans ma vie de couple, surtout à la fin. Partir de la maison m’a redonné de l’espoir, ça m’a enlevé un poids énorme de sur les épaules. Tout à coup, je voyais qu’il était possible pour moi de redevenir la personne, la femme d’affaires et l’artiste que j’étais. Disons que mon côté artiste n’était pas très bien vu dans cette relation-là... Certains deuils amicaux ont aussi été très difficiles à faire. C’est la chose qui m’a fait le plus mal: voir que certains n’étaient pas de vrais amis.

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On dit que dans chaque grande chute, il y a du bon. Est-ce vrai?

Oui, c’est vrai. J’étais rendue inconsciente de bien des choses et cette épreuve m’a ramenée à certaines valeurs que j’avais un peu mises de côté. Pour moi, la réussite monétaire était extrêmement importante, donc je dépensais sans compter en me disant que c’était de la petite monnaie, que j’allais faire ce milliard dont je rêvais. À un moment donné, je valais dix millions, et j’aurais dû en mettre un peu de côté. Il y a eu une période où je n’accordais plus aucune valeur à l’argent. Aujourd’hui, mon rapport est différent et je dépense moins. Je ne suis plus compulsive et je n’achète plus autant de choses inutiles. J’accumulais tellement que je me perdais dans tout ça.

Bruno Petrozza / TVA Publications
Bruno Petrozza / TVA Publications

Qu’as-tu envie de dire à cette femme que tu étais?

De ne plus jamais faire confiance à l’aveugle. Autant sur le plan personnel qu’en affaires, tu es maître de ta vie. Tu ne peux pas faire confiance à 100% à tout le monde. Tu dois être à l’écoute et ne pas développer cette paresse qui vient avec l’acte de déléguer. Elle s’installe facilement. Moi, j’aimais déléguer pour ne faire que ce que j’aimais. Je détestais la comptabilité et je ne lisais pas les contrats, je les faisais lire par d’autres. Aujourd’hui, je suis impliquée à tous les niveaux.

Faire faillite est une chose, mais le faire de façon si médiatisée en est une autre...

Malheureusement, deux personnes dans ma vie se sont suicidées à la suite d’une faillite. Quand ça m’est arrivé, c’est à elles que j’ai pensé et j’ai tout de suite voulu m’exposer pour tous ceux qui étaient dans la merde comme moi. J’ai voulu montrer qu’il n’y avait pas de quoi avoir honte. Au Québec, on comprend très mal la faillite, qui est rapidement jugée. Ailleurs, prendre des risques fait partie du processus quand on se lance en affaires. De grands entrepreneurs ont fait faillite à quelques reprises. Aujourd’hui, je tente de mieux calculer mes affaires et de ne pas prendre les mêmes risques.

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Comment protégeais-tu ta fille des médisances à ton sujet pendant cette période?

Je suis bien entourée. J’ai de bons parents et j’entretiens une relation harmonieuse avec le père de ma fille, alors nous étions plusieurs autour d’elle. Je voulais que ma fille voit ce que c'est que de se relever après une épreuve. Je ne voulais pas juste lui montrer la vie facile.

Comment va-t-elle aujourd’hui?

Elle va bien, elle aura bientôt 16 ans. Elle a eu quelques rôles en tant que comédienne, mais ça ralentit un peu. Elle ne décroche pas toujours les rôles quand elle passe des auditions. Elle est en compétition avec de jeunes comédiennes qui étudient, qui se préparent beaucoup et qui sont très disciplinées, alors elle réalise qu’elle doit toujours travailler plus fort. C’est correct, c’est le métier qui rentre. Cela dit, elle sera des premiers épisodes de la série Dumas cet automne. Elle vole maintenant de ses propres ailes et elle développe sa discipline.

As-tu été la mère que tu voulais être?

Personne n’est parfait. Il y a des choses que j’aurais aimé ne pas lui faire vivre, mais je pense que j’ai fait du bon boulot. J’ai surtout réussi à lui créer de beaux souvenirs, un peu comme mes parents ont fait avec ma sœur et moi. Je sais que ma fille va se rappeler de ses Noëls pour le reste de sa vie parce que j’ai tout fait pour que ce soit magique.

Quel parallèle fais-tu entre Emanuelle et toi, au même âge?

Ma fille est tellement moins timide que moi! À 16 ans, je rêvais d’être comédienne, mais je n’avais pas sa force. Je la regarde aller sur un plateau et elle est à l’aise. Elle a eu beaucoup de rôles assez lourds et elle excelle là-dedans. J’étais beaucoup plus anxieuse qu’elle, et pourtant, je voulais tellement! Elle est beaucoup plus mature que moi, aussi.

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Es-tu heureuse, Caroline?

Oui, je suis vraiment heureuse! J’adore mon entreprise, j’aime avoir une partenaire d’affaires, moi qui ai voulu me prouver toute ma vie que je pouvais tout faire toute seule. Je réalise que tout est plus facile avec ma partenaire, Julie St-Jacques. Me retrouver dans le domaine des jouets sexuels, c’est un cadeau du ciel et une belle mission.

Comment est née la marque Caroline libre et assumée?

Au départ, on m’a fait une proposition que j’ai refusée, simplement parce que je ne voulais pas me lancer dans une autre histoire médiatique. Après réflexion sur le sujet, je me suis découvert une mission: celle de toucher les couples. Je crois en l’égalité du plaisir et le vibrateur peut y contribuer. Je pense que le plaisir doit être partagé, ce qui n’est souvent pas le cas. Nos vibrateurs se vendent bien, ils ont été en rupture de stock chez Jean Coutu après trois jours. Nous allons aussi faire notre entrée dans les pharmacies Brunet. J’ai misé sur la santé sexuelle et la démocratisation du vibrateur. Les bijoux reliquaires de ma collection Symbollia sont toujours disponibles, ainsi que la ligne de maquillage et de bijoux pour hommes et pour femmes.

Tu as aussi un bon partenaire de vie...

Oui, ça fait cinq ans que je suis avec mon chum, Luc. Il représente tout ce que j’aime chez un homme. C’est la perle rare que je cherchais depuis si longtemps. Le plus drôle, c’est qu’il m’a été présenté par mon ex et sa femme, Nathalie. C’est un homme qui ne juge jamais personne. Il est adorable et je suis plus heureuse que jamais avec lui.

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Peut-on espérer un mariage?

Je ne voudrais pas faire la même erreur que lors de mon mariage précédent. Tout allait bien, mais les choses ont commencé à déraper le lendemain du mariage. Je veux donc prendre mon temps. Mais on est bien, on est heureux ensemble et si un jour on se marie, ce sera après 10 ou 15 ans de vie commune.

On te voit en ce moment dans le film Anna Kiri. Peux-tu nous parler de ton rôle?

C’est un tout petit rôle: mon personnage est celui d’une dame importante du milieu de l’édition, qui est aussi une grande manipulatrice. Elle est de celles qui placent l’argent avant l’œuvre. C’est un personnage à l’opposé de moi que j’ai adoré jouer, car je n’avais jamais exploré cette gamme d’émotions.

Parle-moi maintenant de cette chère Claude Coupal de STAT...

Je suis tellement heureuse et je me pince encore quand je pense à ce personnage! Au départ, elle n’était prévue que pour quelques mois et, trois ans plus tard, elle est encore là. J’en suis très heureuse, car ce personnage m’amène une vaste gamme d’émotions à jouer. Je suis aussi de la nouvelle série Ils vécurent heureux, dans laquelle je joue la maman de Lévi Doré, un comédien que j’adore.

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