Découvrez Félix Paquette, l'interprète de l’haïssable Andrew Gagnier dans «Alertes»
Nathalie Slight
Passionné de cinéma et de télévision depuis son tout jeune âge, Félix Paquette est acteur et réalisateur. Ces jours-ci, on peut le voir dans Alertes, sous les traits de l’antipathique Andrew Gagnier. En plus, il est en train de terminer le tournage de son tout premier long métrage.
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Félix, qu’est-ce qui est apparu en premier dans ta vie: le désir de jouer ou de réaliser?
Pas mal les deux en même temps. Jeune, j’avais besoin d'attention. J’étais le petit clown de ma classe: je faisais rire mes amis en imitant mes idoles Jim Carrey et Stéphane Rousseau. Cette envie de divertir a un peu forgé ma personnalité. J’adorais aussi regarder des films. Le samedi, ma grand-mère m'amenait au cinéma, et nous en regardions non pas un, mais deux films, l’un à la suite de l’autre.
C'était vraiment une obsession pour toi!
Oui, vraiment. Déjà enfant, j’étais capable de reconnaître si un acteur jouait faux. J’analysais aussi le choix de la musique, des images, des lieux de tournage. À l'époque, je pensais que tout le monde regardait les films et les séries télé avec ce même œil critique.
Et quand as-tu décidé d’en faire une carrière?
J'ai été inspiré par Xavier Dolan. Je me souviens encore, comme si c’était hier, de son discours au Festival de Cannes, lorsqu’il a remporté le prix du jury pour son film Mommy, à l’âge de 25 ans. Ç’a été une véritable révélation pour moi. Le lendemain, je m’inscrivais au cégep en cinéma. J’ai poursuivi avec des études au Conservatoire d’art dramatique de Montréal.
Tu es de la série La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, réalisée par Xavier Dolan. Comment as-tu trouvé cette expérience?
Ce n’était pas la première fois que je tournais avec lui, puisque j’étais aussi du film Matthias et Maxime, mais ma scène a été coupée au montage. Malgré tout, je conserve de superbes souvenirs de ce tournage. Je me sentais privilégié d’être aux premières loges pour voir Xavier travailler. J’ai beaucoup appris, juste en l’observant diriger un plateau. J’admire sa passion, son éthique de travail et son talent pour raconter des histoires.
Ces jours-ci, on peut te voir dans la série Alertes. Ton personnage ne laissera personne indifférent!
J’incarne Andrew Gagnier, un jeune homme de 22 ans riche, antipathique, baveux et arrogant, qui est persuadé que tout lui est dû et que tout lui est permis. Il n'a peur de personne, pas même de ses parents et surtout pas de la police. Dans la vie, je suis naturellement gentil, ça fait partie de mes valeurs fondamentales. Mais je dois avouer que c'est le fun de jouer quelqu’un d’aussi égocentrique dans Alertes. Je suis prêt à ce que le public déteste mon personnage. Mes scènes étaient surtout avec la capitaine Stéphanie Duquette. Sophie Prégent est une comédienne talentueuse; j’ai bien aimé lui donner la réplique.
Ce n’est pas toujours évident de joindre, le temps d’une intrigue, la distribution d’une série qui existe depuis plusieurs saisons...
Tout le monde a été super accueillant, alors, je me suis rapidement senti intégré dans l’équipe. Comme le réalisateur Mathieu Handfield est également acteur, il comprend bien les différents aspects du jeu, autant que tout ce qui entoure la technique. Comme je réalise aussi, j’aime observer les différentes approches des réalisateurs avec qui je travaille. Ils m’inspirent, chacun à leur façon.
Tu réalises justement ton premier long métrage, n’est-ce pas?
Lorsque j’ai terminé mes études en théâtre, je me suis lancé dans la réalisation de mes propres projets. Je ne suis pas du genre à attendre que le téléphone sonne; ça m’angoisserait trop. Voilà pourquoi je génère mes propres projets. J’ai même fondé ma propre boîte de production avec des amis et j’ai opté pour le sociofinancement afin de réaliser mon premier long métrage qui s’intitulera Les jumeaux.
As-tu toujours été de nature proactive?
Je n’ai pas eu le choix! Je suis originaire de Cowansville, une petite municipalité de l’Estrie. Comme mes parents et aucun de mes proches n’évoluent dans le domaine artistique, j’ai dû tracer mon propre chemin en déménageant à Montréal pour mes études. Rapidement, j’ai compris que je devais prendre ma carrière en main, notamment en réalisant mes projets. Je n’ai que 29 ans, mais ça fait des années que je veux réaliser et que je veux jouer. Je n’ai pas la patience d’attendre que les offres viennent à moi. Voilà pourquoi je prends les choses en main.
Tes parents étaient-ils d’accord avec ton choix?
Au départ, ils étaient un peu inquiets, mais aujourd’hui, ils sont super fiers de ce que j’entreprends et tout aussi fiers de mon frère qui est électricien. Dans le fond, ils veulent tout simplement qu’on exerce un métier qu’on aime et qu’on soit heureux.
Et quel sujet aborderas-tu dans ton premier film?
L'histoire porte sur les péripéties de différents jeunes qui vivent dans le Mile End à Montréal. Plusieurs de mes amis qui ont étudié au conservatoire avec moi jouent dans le film. Anne-Marie Cadieux, Yves Jacques et Anick Lemay ont également accepté de jouer dans mon film. En plus de réaliser, j’interprète l’un des rôles principaux. Ça demande beaucoup de travail et beaucoup d’efforts, mais je me sens vraiment sur mon X.

Le cinéma et la télévision sont présentement en pleine mutation, avec l’arrivée des différentes plateformes numériques. Est-ce que ça t’inquiète pour l’avenir de la culture québécoise?
L’éclatement du cinéma et de la télévision traditionnelle ne m’inquiète pas. Au contraire, je vois là une opportunité de repousser nos frontières. Si on regarde ici des séries réalisées aux États-Unis et en Europe via les plateformes numériques, pourquoi les gens d’ailleurs ne regarderaient-ils pas nos séries québécoises? Le talent et la créativité des Québécois sont reconnus à travers le monde.
Tu sembles fasciné par le talent!
Oui, vraiment. Même si j’évolue sur des plateaux aujourd’hui, le petit garçon de huit ans qui tripait à regarder la télévision avec ses parents n’est jamais bien loin. Lors du tournage de la série La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, j’ai croisé Anne Dorval dans la salle de maquillage. Pour moi, elle reste Criquette Rockwell de la série Le cœur a ses raisons! L’enfant que j’étais n’en reviendrait pas que je travaille aujourd’hui avec mes idoles de jeunesse.