Déconfit, Erin O’Toole appelle à l’unité son parti

Raphaël Pirro
Désavoué par la majorité de ses collègues lors d’un vote de confiance exceptionnel mercredi, Erin O’Toole est parti la tête haute en lançant un appel à l’unité du Parti conservateur du Canada (PCC), auquel il restera attaché comme simple député.
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«Aujourd’hui, j’accepte le résultat du vote de notre caucus. Je vais humblement quitter mon poste de chef de l’opposition officielle du Canada et chef du Parti conservateur du Canada», a déclaré Erin O’Toole dans une vidéo enregistrée quelques heures après l’annonce de son départ.
M. O’Toole avait bien essayé de convaincre ses collègues de lui accorder leur confiance jusqu’à la dernière minute, mais c’est par une marge écrasante qu’il a perdu son pari: au total, 73 conservateurs ont voté pour le remplacer, alors que seulement 45 l’ont appuyé.
«Le Canada traverse un moment difficile. Vous n’avez qu’à prendre une marche sur la rue en face du Parlement pour constater combien nous sommes divisés», a-t-il déclaré, en référence à la manifestation qui a cours depuis maintenant six jours à Ottawa.
Il a intimé Justin Trudeau et l’ensemble des élus de la Chambre des communes à «écouter toutes les voix, pas seulement les échos de votre groupe».
«Ce pays a besoin d’un parti conservateur qui est une force intellectuelle et une force pour gouverner. Un gouvernement qui est fier de ses valeurs et qui représente le Canada d’aujourd’hui», a-t-il lancé à la caméra.
Justin Trudeau a «salué» et remercié son vis-à-vis lors du début de la période de questions mercredi après-midi. «Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous sommes en désaccord au sujet de la direction que doit prendre ce pays, mais il s’est levé pour aider son pays et je tiens à le remercier pour ses sacrifices», a-t-il déclaré.
Ce départ précipité a déclenché une frénésie de spéculation sur l’identité de son successeur, même si aucun prétendant au poste n’a encore osé se commettre publiquement.
Gérard Deltell, proche d’Erin O’Toole et Québécois bien en vue au PCC, a déjà affirmé qu’il ne se lancerait pas dans la course.
Erin O’Toole a été élu à la tête du Parti conservateur au mois d’août 2020, après une course à l’investiture lors de laquelle il s’est présenté comme un «true blue», un «vrai bleu», provenant de la frange plus conservatrice du parti.
Il tentait de pousser le parti vers la gauche, avec une plateforme de dépenses plus coûteuse encore que celle du Parti libéral lors des dernières élections. C’est ce qui explique dans une large mesure le mécontentement à son égard.