Déclin du français: François Legault trouve la situation «inquiétante», mais pas Anglade
Agence QMI
François Legault s’est dit inquiet du recul du français au pays, alors que la proportion de Canadiens dont c’est la première langue a considérablement diminué depuis 2016.
• À lire aussi: Le français toujours en déclin au Canada
«Ce que je vois, c’est inquiétant, et ça confirme qu’on a eu raison d’agir», a lancé le premier ministre à son entrée au conseil des ministres mercredi.
M. Legault a également exprimé qu’il souhaite «prendre connaissance de l’étude» avant de faire plus de commentaires à ce sujet. Selon nos informations, le ministre Simon Jolin-Barrette devrait réagir plus tard aujourd’hui.
Le Recensement 2021 de Statistique Canada révèle des chiffres funestes pour l’état du français au pays, alors que la proportion de personnes dont c’est la première langue parlée au pays a encore diminué entre 2016 et 2021, passant de 22,2 % à 21,4 %, comparativement à 27,2 % en 1971.
L’étude révèle de plus que le bilinguisme est en hausse de 1,9 % au Québec, alors que la proportion de gens capable de tenir une conversation dans les deux langues officielles est restée plutôt stable dans le reste du Canada, n’augmentant que de 0,1 % pour atteindre 18 %.
Écoutez l’entrevue d’Alexandre Moranville avec Simon Jolin-Barrette, ministre de la justice du Québec et ministre responsable de la langue française, sur QUB radio :
Anglade n’est pas inquiète
Pour sa part, la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, refuse de dire que le recul du français est inquiétant, même si elle soutient qu’elle veut «protéger et promouvoir la langue française».
«Ce qui est important pour nous, c’est vraiment de s’assurer que le français soit la langue commune au Québec», a-t-elle dit en ajoutant que son parti a 27 propositions pour le faire.
Ottawa préoccupé
Le gouvernement Trudeau a reconnu que ces données sont «préoccupantes»
«Le français est menacé au Canada, y compris au Québec. Pour les 8 millions de francophones au Canada qui vivent dans un océan de plus de 360 millions d'anglophones à travers l'Amérique du Nord, nous savons qu’il faut redoubler d'efforts pour protéger et promouvoir le français et c'est pourquoi notre gouvernement en a fait une priorité», a indiqué la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, qui a rappelé que son cabinet travaille actuellement sur le projet de loi C-13.
«Le déclin du français au Canada et au Québec est inquiétant, mais n'est malheureusement pas surprenant, alors qu'on sait que le gouvernement libéral échoue dans ses efforts d'accueillir des immigrants francophones au pays, une source importante de croissance démographique», a réagi Niki Ashton, porte-parole des langues officielles du Nouveau Parti démocratique (NPD).
Même son de cloche du côté du candidat à la chefferie du Parti conservateur du Canada, Jean Charest, qui accuse le gouvernement actuel de n’avoir «rien fait pour les francophones et pour les communautés de langues officielles en situation minoritaire».
Revenant sur la question de la réforme de la Loi sur les Langues officielles, M. Charest a affirmé qu’il est «inacceptable de constater tant d’inaction de la part de Justin Trudeau dans ce dossier.»
Pour le Bloc québécois, cette situation est «l’ultime signal d’alarme pour le gouvernement libéral».
«Si les libéraux sont sérieux lorsqu’ils se disent préoccupés par l’état de la langue française, c’est le moment d’agir en reculant sur leur intention de soustraire l’application de la loi 101 aux entreprises sous juridiction fédérale et en mettant un frein au financement de l’anglicisation croissante au Québec», a soutenu Mario Beaulieu, l’un des porte-parole du Bloc en matière de Langues officielles.